Food Porn Lover

42 - La mauvaise blague

« Bon week-end les filles ! »

Nina et moi répondons en cœur en levant la main alors que nous sommes assises dans le canapé de la salle de pause à regarder son ordinateur portable avec les résultats des retombées de notre dernière campagne publicitaire.

J'étire mes bras lorsque nous terminons quand soudain je croise Patrick pour la première fois de la journée, l'air ailleurs.

Sa tenue est toujours impeccable et pourtant je vois dans ses yeux une certaine tristesse accentuée par ses cernes. Il joue avec ses boutons de manchette et me salut de la main, se prenant un vent magistral de Nina qui ne lève pas la tête de son ordinateur alors qu'il tousse pour signaler une nouvelle fois sa présence.

Mon patron, déprimé surement à cause de la blonde, soupire et repart vers la sortie.

Un week-end très joyeux en perspective pour lui...

— C'était violent.

— Oui et bien ce n'est pas avec une cinquantaine de roses que je vais retomber dans ses bras.

—Une cinquantaine ?! m'exclamé-je. Il aurait mieux fait de les offrir à sa femme alors...

—C'est clair...

Nous nous interrompant en entendant des pas et je suis surprise de voir Tristan arriver le même air que notre patron.

Comme quoi, les infidèles se ressemblent parfois.

— Salut Tristan ! s'exclame Nina avec trop d'entrain à mon goût. Tu vas faire quoi ce week-end ?

—Hm... Chercher un nouvel appartement. Jouer aux jeux vidéo. Supporter ma famille et amener ma petite furie rousse au parc d'attractions.

—Week-end chargé alors ! Bon courage !

—Merci. Salut... Floriane.

Le rouquin me regarde à peine de ses yeux vert éteint et quitte l'étage sans un mot de plus. Je triture mes doigts, toujours nerveuse par la tension glaciale entre nous qui commence à être de plus en plus visible pour mes autres collègues dont Nina.

— Tu sais ce que j'ai appris il n'y a pas longtemps ? me dit-elle soudainement. Qu'une de mes anciennes camarades de promotion est sa belle-sœur ! C'est fou comme le monde est petit !

— Ouais... réponds-je sans grand enthousiasme.

— On en a reparlé hier à la machine à café et c'est dingue comment les yeux de Tristan s'illuminent quand il parle de sa nièce, sa « furie rousse ». C'est trop mignon ! Un oncle gâteau !

— Ouais... Attends, quoi ?

Ai-je bien entendu ? Est-ce que c'est le son de la mauvaise blague qui résonne à mes oreilles ?

— Sa nièce ?

— Oui, la fille de son frère et de la fille avec qui j'étais en cours de marketing, Sarah.

—Q-Quoi ?

— Tu fais exprès ou bien, Flo ? La furie rousse c'est la nièce de Tristan, la fille de Sarah. Elle et sa fille vivent chez Tristan depuis quelques semaines en attendant que son grand-frère, le mari de Sarah, revienne de sa mission d'ingénieur réseau à Dubaï. Franchement cette Sarah était une crème, il faudrait que je la revoie p-... Flo ça va ? Tu es un peu pâle.

Oh bordel de merde, je crois que ma vie est une comédie. Je ne vois pas d'autres options à une pareille méprise, excepté ma débilité et ma façon tordue de faire des liens entre les gens sans leur poser directement la question.