Food Porn Lover

27 - Jouer avec le feu

— Elle est vraiment belle cette femme ! Tu ne trouves pas Floover ?

— Ça c'est sûr qu'elle doit manger un grain de riz par repas pour être comme ça...

— Floover ! C'est raciste !

— Xénophobe. Pas « raciste ». Et puis c'est juste envers elle en particulier.

— Pourquoi ?

— Parce que son corps de rêve me fait rager...

Andréa Simon finit de photographier un des plats de nos camarades, toujours accompagné de sa COPINE asiatique qui se contente de sourire derrière lui.

« Floover, c'est à vous ! » s'exclame le chef cuisinier en emmenant mon plat avec lui. Lorsqu'il le pose devant Andréa, ce dernier ne peut s'empêcher de le regarder avec dégoût. Pas parce qu'il est moche mais parce qu'il est de moi et qu'il est conscient que je l'observe.

J'arrive devant lui, mes yeux le foudroyant mais caché derrière mes lunettes, les bras croisés et les poings serrés.

Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même Flo, tu lui as demandé de jouer selon tes règles ou de prendre quelqu'un d'autre. Il a fait son choix. Et maintenant tu le déteste et tu te détestes.

« Est-ce que vous voulez que je vous apprenne comment faire une photo, Floover ? »

Cette provocation... Je te hais Andréa Simon !

— Non merci. Vous savez que l'appareil photo de ce genre de smartphone vaut presque la qualité du votre ? Bien moins cher et plus utile.

— « Presque ». C'est tout le rhum que vous avez mis dans votre pâte à crêpe qui vous donne de l'humour ? Même si la technologie se rapproche, voire égal, la qualité photo d'un appareil professionnel, il manque quelque chose que vous n'avez pas.

— Et qui est ?

— L'œil de l'artiste. Le regard du photographe. Cette maitrise de la technique, la connaissance du média.

— Est-ce que vous avez déjà regardé mes photos, monsieur Simon ? Même juste une fois ?

Andréa lève enfin les yeux vers moi tout en redressant ses lunettes.

Et son regard me fait mal.

Il n'a jamais regardé... Pas même une fois... Alors que moi j'ai parcouru son book, certes surtout pour le travail, mais quand même. Je savais qu'il avait un problème avec mes photos instagram mais à ce point...

« C'est bien ce que je me disais. Vous n'allez pas vous abaisser à mon niveau. Votre monde vous suffit amplement monsieur Simon. » dis-je amèrement avant d'enlever mon tablier et de signaler rapidement que je reviens à une des organisatrices.

Je m'éclipse dans les toilettes pour femmes et appuie mes mains sur le lavabo avant de retirer mes lunettes de soleil et mon béret. Je passe de l'eau sur mon visage, une main dans mes cheveux que je rattache en chignon négligé avant de les re-coincer sous mon couvre-chef.

Il m'énerve... J'ai bien insisté sur « votre monde » en regardant sa copine asiatique et j'espère qu'il a compris le message. Même si le sexe est bon avec lui, je ne veux pas de ça. Il me fait autant de bien que de mal et en plus j'apprends qu'il a une copine. Je suis en train de me mettre dans la même situation que Nina... C'est trop. Je n'ai pas le temps ni l'envie de gérer ça.

Las et en plein soupir, je m'apprête à remettre mes lunettes lorsque la porte des toilettes s'ouvre sur Andréa, visiblement en colère. Il ferme la porte derrière lui et croise les bras devant moi.