Food Porn Lover

43 - Émois d'adolescente

« Vous pouvez embrasser la mariée »

Tout le monde applaudit à ces mots et, même si je ne connais pas le couple devant l'hôtel, les voir déborder d'amour me comble de joie. Contrairement à l'homme qui les photographie dans des positions que je ne soupçonnais pas être possible en portant un pantalon chic.

J'entends encore Andréa se plaindre une partie du trajet en train en disant qu'il n'aimait pas faire le photographe de mariage... Avant de me suggérer de faire l'amour dans les toilettes toute l'autre partie.

À part les réflexions habituelles, il m'a surpris par quelques preuves d'affections dont un fameux « voici ma petite-amie » qui m'a fait planer.

Et pourtant, j'ai toujours des doutes sur les sentiments d'Andréa.

Ou alors c'est moi qui débloque à cause de...

Je secoue la tête avant de me pincer les joues, observant les gens peu à peu quitter l'église, lorsque je remarque une jeune fille assise à mon opposé qui semble réfléchir intensément.

Une adolescente, brune, avec des formes. C'est exactement moi il y a des années de cela, l'air perdu également.

Je me lève, prête à quitter le lieu et à l'emmener avec moi quand je remarque Adam, le cousin d'Andréa, s'avancer vers elle et lui parler. Je les entends se disputer puis rire et je suis soulagé que cette adolescente ne soit pas seule devant le débordement d'amour d'aujourd'hui.

Je quitte l'église, faisait un signe de la main à Adam m'ayant remarqué et à qui je parlerais plus tard, et me faufile discrètement pour éviter la photo de groupe entre la famille et les mariés.

Et je comprends l'agacement d'Andréa à prendre cette photo qui doit être parfaite, son faux sourire et une ride d'irritation entre ses deux yeux pendant qu'il guide chaque personne à la bonne place.

Mon enfoiré de photographe avait raison, il n'a pas une minute à me consacrer, même pour me parler. Il doit suivre à la trace les mariés mais également les invités type famille et amis proches. Une séance photo est même prévue dans un parc et d'après ce qu'il m'avait raconté sur ce genre d'événement, ça allait lui prendre deux bonnes heures si le temps était clément.

Deux heures à regarder des gens que je ne connais pas en jalousant leur bonheur ? J'ai refusé l'invitation et suis directement allée à la grande salle réservée à la fête mais surtout dans le parc en face pour être tranquille en répondant à mes messages Instagram.

Je like, scroll et réponds à tous mes commentaires avant de fermement m'ennuyer et de faire mon instagrameuse à prendre en photo des fleurs du parc lorsque je retombe sur l'adolescente un peu paumé de l'église, assise sur un banc en pierre.

Je remarque qu'elle a sorti ses pieds de ses chaussures à talon, les agitant un peu, et je devine tout de suite pourquoi : elle n'a pas l'habitude de ses chaussures et à tous les coups elle s'est fait mal en haut du talon. Un classique.

Je fouille dans mon sac à main, contente d'avoir pris tout le nécessaire pour chaque situation et me dirige vers elle malgré ma timidité à aborder les gens.

« Salut. Euh...Tu... Tu as mal aux pieds ? J'ai des pansements si tu veux. »

La jeune fille, surprise qu'une étrangère lui accorde la parole, hoche la tête pour approuver et me souffle un petit « merci » gêné. Je lui tends la boite de pansement et m'assois à ses côtés.

Un silence s'installe entre nous, silence que je brise en essayant de faire preuve de sociabilité comme me l'a rappelé mon patron.

— Je t'ai vu parler avec Adam tout à l'heure, vous êtes amis ?