Chapitre 8 - Chaleur

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Mon coeur s'emballe quand j'entend la porte de la chambre se refermer. Je me tourne alors vers lui, et je crois que j'arrête de respirer quand je découvre qu'il ne porte qu'une simple serviette autour des hanches. Je déglutis difficilement et me redresse dans le lit. Il m'observe un instant avant de disparaître dans le dressing attenant à la chambre. Je ne sais plus quoi faire, et je ne sais pas ce qu'il pense et ce qu'il compte faire. Je sors de mes pensées quand il revient, et je me pétrifie quand il se glisse à son tour sous les draps à mes côtés. Je ne sais pas comment je vais faire cette nuit, car j'ai l'habitude mettre le chauffage pour monter la température de la chambre, les injections m'ont rendue non seulement fragile aux chocs mais elles m'ont aussi rendue beaucoup plus frileuse. Seul le clair de lune illumine la pièce de sa lueur bleutée, mais je ne vois aucun chauffage. J'espère alors que je ne tremblerait pas cette nuit, au risque de le réveiller.

- Pourquoi est ce que tu m'a violement projeté tout à l'heure ? Je lui demande alors.

Un court silence se fait entendre avant qu'il me donne sa réponse.

- Ce n'était pas prévu.

J'ouvre les yeux, mais ne dis rien.

- Je suis désolé de t'avoir blessé.

J'arrête de respirer un instant avant de me retourner, il est sur le dos, les yeux braqués sur moi. J'ai du mal à croire qu'il me présente ses excuses, à vrai dire j'avais perdu espoir de les entendre un jour. Je lui sourit légèrement "Tu es pardonné". Il sourit en coin avant de regarder le plafond, mais je ne bouge pas et continu de le regarder, mes yeux s'étant adaptés à la faible luminosité, je peux voir chaque traits de son visage, ses cheveux bruns sont ébouriffés, la ligne de sa mâchoire est parfaite et je donnerai cher pour pouvoir le toucher... Oups, non non non, hors de question je peux pas penser ça !!

- Pourquoi je n'arrive pas à lire en toi ?

La question est sortie toute seule, sans que je la contrôle. Mais sa réponse m'intéresse. Je le vois se tourner de nouveau vers moi, ses yeux sont devenus rouge, je me demande alors pourquoi.

- Parce que j'ai appris à contrôler ce que je voulais que tu vois de moi, tu te souviens de tes rêves quand tu étais chez Ultra, tu ne t'ai jamais demandé d'où ils venaient ? Me dit il.

Tout est clair maintenant, il contrôlait les rêves de mon enfance, je me disait bien qu'une enfant de mon âge dans la même situation ne ferait que des cauchemars avec tous ces tests et ces piqures.

-Pourquoi faisai tu cela ? Il y avait pourtant tellement d'autres enfants qui avaient besoin de rêves dans ce cauchemar.

Cette phrase est lourde de sens pour moi, tout ce que j'ai vu là bas...

- Tu avais besoin d'espoir, je le voyais dans ton regard quand tu me regardais.

Je me laisse aller dans mes souvenirs, chaque fois que je le regardais, les autres voyaient un homme sûr de lui, froid, arrogant et sans pitié mais je l'ai jamais vu comme cela, je le voyais rassurant, bienveillant, et si doux avec moi. Les autres enfants avaient une peur effroyable de lui, mais moi... Je voulais passer tout mon temps à ses côtés. Mais j'ai changé, j'ai appris à me méfier des gens qui m'entourent pour pouvoir survivre et quand je le vois aujourd'hui... Je n'ai pas peur, je suis juste très curieuse et je suis attirée par ce que je ne comprend pas, et il fait parti des choses que je ne comprend pas.

- Je n'arrive pas à te comprendre. Dis je soudainement.

Il faut vraiment que je contrôle ce qui sort de ma bouche, ça va me causer des ennuis. Son regard me scrute, je n'y perçoit aucune émotion et cela me perturbe. Je baisse la tête face à lui, je ne pense pas qu'il le sache mais il a du charisme, et il dégage quelque chose qui force les autres à le respecter, je ne sais pas d'où cela vient, de toute façon tout ce qui le concerne est un mystère pour moi. Je le vois approcher sa main de moi, je recule légèrement jusqu'au bord du lit. Je le vois s'approcher encore de moi, mais juste avant qu'il ne me touche il s'arrête.

- Pourquoi rejettes-tu les gens autour de toi en laissant cette distance ? Me demande-t-il.

Je suis prise de court par sa question, je ne m'y attendais pas qu'il comprenne aussi vite mes réactions. Je regarde ses doigts, à quelques centimètres de ma peau, au niveau de ma clavicule. Je secoue la tête.

- Les gens qui me touchent, même sans le vouloir me font voir tout d'eux et c'est parfois dur à supporter, certains ont vécu des décès de leur proches et je le vis comme si ça m'était arrivé. Mais ce n'est pas le pire, ça me demande de l'énergie et je suis fatiguée de voir des choses que je ne veux pas voir ni ressentir, alors j'ai mis cette limite. Dis je doucement.

Je sens mes yeux devenir humides. Non, pas maintenant. Toutes les choses que j'ai vu à travers les gens qui m'ont touchés me reviennent en mémoire, c'est trop dur. "J'ai l'impression d'avoir vécu vingt ans de plus avec toutes ces choses" Je ne voulait pas le dire non plus mais je lui ai dis quand même. Quand je croise son regard, je ne peux plus me détourner. Il me regarde avec ce regard protecteur qu'il avait dans mon enfance, mais cette fois il y a autre chose de plus beau encore. Comme s'il me faisait une promesse en me regardant, je n'entend rien mais je le ressens. Je cligne des yeux et je regarde de nouveau sa main toute proche de ma peau. Puis, délicatement, il s'approche encore et sa peau entre en contact avec la mienne. Mes yeux s'illuminent mais je ne vois rien. C'est tout ce dont j'ai toujours voulu, juste ressentir sa peau contre la mienne, juste profiter de son contact.

Sans quitter ce contact des yeux, je recouvre sa main de la mienne et pour garder ce contact puis je ferme les yeux. Ma respiration se calme, mon coeur aussi.

- Comment fais tu cela... Je murmure.

- Je t'ai observé, et j'ai compris ce que tu ressentais alors j'ai appris à tout contrôler, tes rêves, tes capacités quand je te touche, pour que tu n'es plus à ressentir trop d'émotion en même temps. Je sais transmettre des émotions.

Je commence doucement à m'endormir, lâchant petit à petit sa main, je sens mon corps se détendre peu à peu, je me sens bien, dans une agréable chaleur protectrice... Je me tourne alors dos à lui, mais je commence à trembler de froid, sentant cette fabuleuse chaleur me quitter. C'est alors que je sens ses bras entourer ma taille pour me rapprocher de lui, mes tremblement cessent peu à peu, quand sa chaleur corporelle s'empare de moi, me réchauffant la peau et le cur. Son contact me fait du bien, je sens son torse contre mon dos, sa respiration calme et son coeur battre. Je sens son odeur, je glisse alors mes mains sur ses avants bras qui m'entourent, je crois sentir des frissons sur mes doigts et ses muscles se contracter légèrement... Je laisse ses émotions me parcourir, sa chaleur me réchauffer et pour la première fois depuis longtemps, je me sens protégée.

Gamma [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant