Gamma [Tome 2]

Chapitre 17 - Chamboulement

Je marche sans vraiment savoir où je vais, j'ai l'impression d'être vidée de toutes mes forces. Je ne sais même pas si je vais réussir à rentrer chez moi. C'est la première fois que cela m'arrivait, je ne sais pas encore ce que c'est. Les lampadaires de la nuit m'éclairent quand je marche sur les trottoirs humides, il n'y a personne dehors. La ville est très vivante la journée mais il n'y a personne la nuit, je serais d'ailleurs curieuse de savoir pourquoi. Je m'arrête, soudainement, je ne bouge plus et lève la tête, un appartement est éclairé de l'intérieur, son appartement, je ne sais pas ce que je fais là. Je me maudit intérieurement quand je sens une fraicheur nocturne me piquer la peau. Je serais incapable de marcher jusque chez moi. Je râle et entre dans l'immeuble, espérant trouver quelqu'un qui puisse m'aider. Il doit être très tard, surement 3h du matin, je ne croise personne dans le hall et dans les couloirs. Je dois regarder la vérité en face, je ne vais pas dormir dans la rue, j'en mourrait de froid. Je dois monter pour aller le voir. Ma colère est passée et la fatigue commence à fermer mes yeux. Je prend l'ascenseur et monte au dernier étage.

Je soupire une fois devant sa porte, mais qu'est ce que je suis en train de faire en plein milieu de la nuit à aller le voir. Je dois être folle, ou en manque de lui. Je secoue la tête et frappe doucement à la porte... Personne. Je refait le même geste mais toujours rien. J'hésite un instant avant de saisir la poignée et de pousser la porte. Bizarrement cette dernière s'ouvre, je fronce alors les sourcils et entre en silence. Le séjour est désert, tout comme la cuisine quand soudainement, j'entend du bruit qui provient de la chambre, sa chambre. Je m'approche, je m'arrête net dans l'encadrement. Ce que je vois me pétrifie sur place. Il a le dos collé au mur, sa blonde contre lui en petite tenue rose en dentelle. Son regard croise le mien une fraction de seconde, je ne les laisse pas réagir et cours vers la porte d'entrée que je plaque derrière moi. Je prend tout de suite les escaliers et descend les marches deux par deux. Des larmes commencent à apparaitrent aux coins de mes yeux et une douleur grandissante me serre le coeur, je ne dois pas ressentir cela. Sur la dernière volée de marche, je sens ma force me quitter un instant alors je m'écrase contre la rembarde et une puissante douleur me prend le poignet, je jure avant de voir que je n'ai rien d'autre, autrement dit je peux rentrer chez moi en courant. Je ne perd pas une seconde de plus ici et sors en trombe de l'immeuble, malheureusement je l'entend me rattraper. Je serre les dents en maintenant mon poignet contre moi, je ne veux plus jamais le voir.

Je longe l'immeuble et déboule dans le parc attenant, je cours aussi vite que mes jambes me le permettent. Je saute par dessus les petits grillages et fonce vers mon appartement. "Lila arrête toi." Le ton qu'il emploi dans ma tête est sévère, comme si j'avais fait une bêtise. Un souvenir me perce alors le coeur. Je lui ai désobéit une fois, une seule fois dans mon enfance. J'ai eu une issue de secours et j'en ai profité, en échappant à la surveillance des agents, mais je n'ai pas échappé à sa surveillance à lui. J'ai couru aussi vite que je le pouvais, alors il m'a dit exactement ces mêmes mots. Et ce jour là je me suis arrêté de courir, alors il m'a repris et je suis retourné dans ma cellule qui me servait de chambre. Mais cette nuit je ne m'arrêterai pas, je ne ferais pas la même erreur. Je l'ignore et continu ma route en courant. Je ne veux plus jamais le voir, plus jamais. Mon coeur bat la chamade dans ma poitrine et mes souffle est court, j'arrive bientôt chez moi mais je dois faire vite, mes forces me quittent de nouveau. Si je m'arrête il arrivera à me retrouver et il se téléportera à mes côtés et il est hors de question que cela arrive, alors je coirs pour ne pas qu'il me repère, ma vitesse l'en empêche, je dois être rapide pour lui échapper. Je monte à nouveau les escaliers de mon immeuble et arrive rapidement à mon appartement. J'ouvre la porte et la referme à clef derrière moi avant de me laisser glisser contre cette dernière. Je sais qu'il est là, derrière la porte. Il sait que je suis là, mais il a des principes et il n'entrera pas dans cette situation. "Lila laisse moi t'expliquer" Je sens que sa pensées est suppliante, cela me fend le coeur. Les larmes coulent en silence, je ferme les yeux, laissant les émotions me traverser, c'est si douloureux...