Zhayar cligna lentement des paupières avant de plisser les yeux pour mieux la détailler. Il attendait avait impatience qu'elle daigne enfin se retourner subjugué par la longueur de ses cheveux blonds comme le blé légèrement nuancé par des reflets vénitien. Il fit un pas dans sa direction cherchant un moyen d'attirer son attention alors que l'excitation qui courrait dans ses veines palpitait à mesure que son corps pivotait lentement dans sa direction. Mince et petite, la jeune femme semblait trop frêle mais alors que ses yeux parcouraient sa silhouette, enfin, son visage lui apparut dissimulé par ses cheveux. Zhayar rompit tout geste, tout mouvement et ses doigts se refermèrent contre sa paume. Désarçonné à nouveau, Zhayar retint sa respiration quand enfin elle se retourna complètement et leva sa paire d'yeux vers lui. À cet instant, alors qu'il s'était longuement préparé à faire face au pire Zhayar serra convulsivement les mâchoires alors qu'un maelstrom d'émotions se propageait en lui. Deux grands yeux de couleur aigue marine se plongèrent dans les siens.
Banale ? Lui avait-on dit ?
Une furieuse colère envahissait tout son être alors qu'il poursuivait son observation. Elle n'avait aucune imperfection, rien ! Pas même un défaut susceptible de l'empêcher d'étrangler Hassan pour lui avoir délibérément menti !
Sa peau d'albâtre semblait aussi lisse que de la soie. Ses traits étaient proche de la perfection si on retirait les cernes sous ses yeux brodés de longs cils. Quant à sa bouche, pulpeuse et aussi rouge qu'un fruit défendu...elle était dessinée pour être embrassée.
Conscient de la dévisager comme un fou furieux Zhayar tenta de détendre ses traits pour ne rien laisser paraître de son tumulte intérieur. Malheureusement il ne parvenait pas à détourner son regard de cette petite poupée sortie tout droit d'un roman historique qui portait un manteau dix fois trop long pour elle, dissimulant une robe nacrée. L'avait-elle démasqué ?
Zhayar observa son expression et nota une légère frayeur dans ses yeux. Elle semblait très timide, les yeux perdus dans la pièce, évitant soigneusement son regard.
- Bonjour, votre majesté...
Oui, c'était bien elle.
Pendant un court instant il avait songé à une fausse blague de la part d'Hassan. Hélas sa voix douce était bien celle qui le hantait depuis plus d'un mois. Des souvenirs désagréables lui revinrent à l'esprit.
Voilà à quoi ressemblait la jeune femme qui avait supporté ses colères, ses rages, sa méprise, cette table qu'il avait renversée afin de lui faire peur ?
Maintenant qu'il pouvait voir son visage fin, il imaginait très clairement les expressions horrifiées qu'elle avait pu esquisser tout au long de son séjour au palais.
Puis d'autres souvenirs se mirent à l'envahir.
C'était cette jeune femme qui lui avait porté secours cette fameuse nuit de douleurs insupportables. C'était cette jeune femme qui chaque jour lui avait prodigué tous ses soins...
Zhayar dévia son regard, le visage crispé. Une pointe de culpabilité lui serra le cœur.
- Bonjour Liya, parvint-il à dire d'une voix grave.
Les mains liées contre son vente Liya sentit un courant d'air froid dans son dos. Une étrange émotion lui comprima la poitrine. Il n'avait pas changé. Un mètre quatre-vingt-dix de puissance et de virilité. Des cheveux noir de jais, un nez busqué, des traits menaçants et des cicatrices toujours aussi intimidantes sillonnaient son visage hâlé. Ses puissantes mâchoires volontaires et d'acier étaient contractées quant à son regard, Liya avait l'impression que la pièce tournait autour d'elle. Elle avait l'impression d'être observée différemment. Bien des fois il était parvenu à plonger son regard dans le sien sans s'en rendre compte. Cette fois-ci tout semblait différent.
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Dans les yeux du cheikh Tome 2
RomansaDans la bataille menée contre son ennemi Mustapha, un miracle inespéré s'est produit. Zhayar recouvre la vue après une chute qui aurait pu lui coûter la vie. Un mois plus tard, alors que peu à peu Zhayar tente d'accepter son apparence et de retrouve...