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- vous avez .... quoi ?

- vous avez bien entendue, je vais descendre et continuer seule

- non restez

Assia n'eu pas le temps de répondre que Zohra démarra

- c'est pour ça que vous voulez mourir ? Vous vous en voulez ?

- il n'y a pas de mots assez fort pour décrire à quel point j'aimerais retourner en arrière

- vous n'avez sûrement pas eu le choix

- si ... mais j'étais dans un état psychologique lamentable. J'avais qu'une envie, en finir ! Quand vous vous faites frapper, violer et battre tous les jours vous n'arrivez plus à résonnez correctement

Zohra ne répondit pas et se gara devant une rivière, toutes les deux fixaient l'eaux bleus sans parler.

Zohra souffla et pris la parole

- je vous comprends

- ah bon ?

- mon ex mari me battait au point où il m'a fait tomber des escaliers. J'étais enceinte, et en plus d'avoir perdue le bébé mon utérus a été détruit. depuis je suis stérile

Oh jamais Assia n'aurait cru entendre ça de la part de la belle Zohra. A prime abord, elle dégageait une assurance, une aisance et une classe qu'elle n'avait encore jamais vu.

Ses vêtements impeccables, distingués, son visage qui n'avait aucune rides malgré ses 52 ans, son teint parfait, ses pommettes hautes, ses dents blanches et droite. Sans compter sa bonté, oh non jamais Assia n'aurait imaginé que derrière cette image parfaite se cachait un tel secret.

- vous êtes surprise hein ?

- oui vous avez l'air tellement heureuse

- c'est parce que je le suis, après avoir divorcé j'ai sombré dans une grosse dépression. Apprendre qu'on est stérile à 22 ans à cause d'un homme est traumatisant. Pendant deux ans, j'étais un zombie. J'ai ensuite vu une psychiatre qui m'a conseillé d'aller voir un groupe de personne stérile qui se réunissait tous les vendredis soirs au restaurant. On était six, 4 femmes et deux hommes. On discutait, rigolait, on pleurait également. On était très soudé, on se soutenait dans cette épreuve. Je ne sais pas ce que j'aurais fais sans eux. Et puis c'est là que j'ai rencontré mon mari

- il faisait partie du groupe ?

- oui, lui non plus ne peut pas avoir d'enfants. J'avais 24 ans et lui 30 ans. On a décidé de se marier et plus tard on a adopté deux enfants

- Mashallah au moins votre histoire se termine bien

- oui mais on a énormément souffert, adopter en Belgique n'était vraiment chose aisée. On a dû remplir tout un tas de documents, de soumettre à pleins de tests. Ça a duré 7 ans avant d'avoir notre fils.

- il avait quel âge quand vous l'avez adopté ?

- 5 mois

- waouh, vous le considérez vraiment comme votre fils

- oui je l'ai eu si petit, ma fille aînée a rejoint notre famille, elle avait 7 ans et pourtant je la considère autant que mon fils

- comment ils s'appels ?

- Rayan et Sabrina. Je voulais des prénoms mixtes qui ne fasse pas que arabe car ils ne sont pas marocains

- belge ?

- oui, ma fille est blonde aux yeux bleus

- du coup vous les avez élevés dans les deux cultures

- c'est ça, ils parlent le néerlandais, français, rif et arabes. Et Sabrina a épousé un turque

- oh c'est multiculturel

- ouiiii, j'adore ça! Elle est enceinte. Je vais être grand-mère moi qui suis stérile

Une larme coula sur sa joue, Assia posa sa main sur la sienne touché que cette grande dame se livre à elle.

- vous avez de la chance Zohra, moi quand j'ai abandonnée ma fille personne n'était la pour moi. Tout le monde m'a renié. Je n'ai pas eu la chance de rencontrer un homme qui aurait pu me relever

- pourquoi vous avez fait ça ?

- j'ai rencontré mon ex mari Moustapha j'étais très jeune, je vivais ici à quelques maison de cette rivière. j'étais amoureuse de mon voisin mais mes parents ont insisté pour que j'épouse moustapha. Il était en Europe, avait un job contrairement à mon voisin. Bref j'ai accepté, je n'avais pas trop le choix. Dès le début j'ai vécu l'enfer, il s'est avéré qu'il était alcoolique et drogué. Dès qu'il n'avait pas sa dose, il passait ses nerfs sur moi. J'ai perdu des dents dans la bataille, il me tirait par les cheveux et quand il rentrait soule... Il... il me violait... tout son argent y passait ... du coup on mangeait très peu surtout moi. Je n'avais pas d'argent pour acheter de pilules contraceptives. J'ai essayé de m'en fuir mais il me menaçait

- pourquoi vous en avez pas parlé à votre famille ?

- oh je l'ai fais. Et puis je n'aurais pas pu le cacher. Mes bleus en témoignaient et mes séjours à l'hôpital aussi mais mes parents et mes frères me menaçaient de me renier si je divorçais. Dans les années nonantes, avec une famille qui vient de la montagne ... c'était très mal vu... ils disaient que je deviendrais une honte pour la famille ... mais un soir alors que ma fille avait 4 ans j'ai décidé de partir. J'ai été à la police porter plainte, ils ont arrêter Moustapha. Quand ils ont enquêté sur lui, ils ont vu qu'ils traficotaient dans le milieu du deal. Alors il a écopé d'une peine de 5 ans

- et votre famille vous a quand même renié ?

- au début oui, mais quand il est entré en prison, ils sont revenus vers moi car ils pouvaient justifier mon divorce auprès des gens avec ça. Mais bon ils n'étaient pas très présents. Et puis moi psychologiquement c'était le chaos. J'ai fais des tentatives de suicides car je me sentais tellement sale, souillé... je ne pouvais même plus m'occuper de ma fille alors j'ai préféré la faire adopter en renonçant à tous mes droits

- vous avez pensé à son bien

- oui mais je l'ai regretté. Je me dis que j'aurais pu me soigner puis la récupérer

- mais à ce moment là vous vouliez en finir

- j'ai essayé de la récupérer deux ans après en vain alors je suis venue m'installer ici car des prisonniers, des codétenues de Moustapha me disait qu'il me retrouverait et qui me tuerait de l'avoir dénoncé

- vous n'avez vraiment pas une vie facile, mais vous savez quoi ?

- quoi ?

- je vais vous aider

Face à nos sentiments Où les histoires vivent. Découvrez maintenant