Face à nos sentiments

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23 juillet 1999

Audition de madame Benjila Assia

Madame Benjila parlant très peu français est accompagnée par madame Msalak Fatima Zohra, traductrice/interprète.

Madame Benjila se présente à nos bureaux à ce jour, à 10h30 du matin avec sa jeune enfant qui vient de fêter ses cinq ans.

Elle dit vouloir renoncer à ses droits parentaux pour protéger sa fille de son père, et vouloir être interné en psychiatrie afin de ne pas faire une erreur monumentale : Le suicide.

Elle dit faire confiance à l'état belge pour s'occuper de sa fille et que de toute manière à ce jour elle n'a plus aucune issue ou autre solution.

Moi, monsieur Deleens, reçoit cette dame de 34 ans maigre, cerné, paniqué et en larmes.
Je pose les questions à madame Msalak, la traductrice, qui les transmets à madame Benjila qui répond.

Début d'audition :

Moi: madame vous rendez-vous compte que vous souhaitez renoncer à vos droits parentaux?

Benjila : oui monsieur, je n'ai pas le choix. Je veux que ma fille perde son identité pour qu'elle ne puisse jamais être retrouvé

Moi: mais madame votre ex mari est désormais en prison pour une bonne durée. Si il continue de vous menacer, vous pourrez à nouveau porter plainte sans devoir vous séparer de votre fille

Benjila: non vous ne le connaissez pas. Cet homme est complètement fou. Il m'a détruite, je ne veux pas qu'il fasse de même avec ma fille.
Je dois la protéger c'est mon rôle de mère

Moi: vous pouvez être consulter en psychiatrie, vous faire soignez puis reprendre votre fille. Elle sera en attendant en maison d'accueil

Benjila : NOOOOOOOOOON

Elle se lève, faut les quatre cents pas, et pleure très fort. La traductrice essaye de la calmer et lui donne des sortes de médicaments

Moi: que lui avez-vous donné ?

Traductrice : ses calmants prescrits par son médecin. Elle se calme après ça mais le problème c'est qu'elle dort des heures quand elle les boit

Moi: alors nous allons accélérer. Donc vous déposez votre fille aux services sociaux en renonçant à vos droits parentaux car vous avez des problèmes de santé et que vous avez peur de votre ex mari?

Benjila: je... je suis malade. Je me drogue à ces médocs pour survivre. Mais quand je suis shooté à ça je ne sais pas m'occuper de ma fille. Hier... hier j'ai... dormi plus de huit heures, Manel fut confronté à elle même durant toutes ces heures. Elle n'a rien mangé, elle a juste attendue que je me réveil. Quand je l'ai fais je n'avais plus de force pour la nourrir elle pleurait toute la nuit. Alors j'ai toqué chez la voisine à minuit pour qu'elle nourrisse ma fille

Moi : c'était déjà arrivé ?

Benjila : très souvent, y'a quelques jours elle a voulu aller au parc. Elle jouait sur le toboggan, j'en ai eu marre car j'ai des migraines abominables, le soleil me brûlait les yeux alors je suis rentrée seule

Moi : vous avez oublié votre fille au parc ?

Benjila : oui, c'est une voisine qui l'a trouvé en train de pleurer quelques heures plus tard et qui me l'a amené. Monsieur ça ne sert à rien de vous dire en détail toutes les fois où j'ai oublié ma fille dehors, ou je ne l'ai pas nourrit. Elle est en danger avec moi mais elle l'est encore plus avec son père. Je dois la protéger, je veux qu'elle vive une vie avec une autre identité, une autre famille pour que son père ne l'a trouve jamais

Moi, monsieur Deleens, assistant social au service de la protection de l'enfance, déclare que madame Benjila renonce à ses droits parentaux, l'article de loi lui a bien été lu, ainsi que toutes les conditions. Madame Benjila, déclare ne plus vouloir reprendre sa fille et ne plus avoir de ses nouvelles.

La petite Manel Nila, sera placé à l'orphelinat dès ce jour, de Bruxelles villes.

Les papiers ont tous été traduit à madame Benjila par la traductrice.

Les papiers signés, je les laisse se dire aurevoir, ce après quoi, madame Verijt Veronique, directrice de l'orphelinat de Bruxelles villes se charge de placer la petite.

Audition terminé à 12h30.