Chapitre 18 : Tartarus

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Je savais que le bonheur ne durait pas l'éternité. Cette fois, je rentre chez mes parents et pour de bon. Je ne veux pas les revoir. Je vais éviter de faire le coup à chaque fois, cest-à-dire de m'évanouir devant leur porte et me faire recueillir par Ludo. Et si mes parents décidaient de déménager suite au procès, si ils me changeaient d'école, qu'est-ce que je ferai de ma vie ? J'ai peur de franchir cette porte et que ce soit la dernière. J'ai peur de ne plus pouvoir sortir de cette maison, ni de ne plus pouvoir sortir cet Enfer. Personne ne pourra plus m'aider. On a joué toutes nos cartes et on a perdu. Rien que de penser à eux me donne envie de vomir. Comment vais-je faire lorsqu'ils se tiendront devant moi en bons samaritains. Mes parents m'interdiront sûrement de fréquenter les personnes qui ont failli les emprisonner, mais sans eux je n'ai plus rien. Ils m'ont déjà volé la seule sur que j'avais, ils ne peuvent pas non plus me retirer ce qui me faire vivre. C'est un peu comme si ils me débranchaient, mes amis sont mon oxygène. Je ne peux pas franchir le seuil de cette porte mais je ne peux pas me cacher éternellement. Je dois les affronter. C'est pour toi ma Colombe. Je n'ai pas la force de me battre. Je pose ma main sur la clenche. J'ouvre la porte et j'entre. Je ne sais plus quoi faire. Comment me défendre fasse à eux ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Je tremble. J'ai peur. J'observe les alentours, personne n'est présent. Je m'avance un peu plus, toujours rien. Peut-être sont-ils sortis ? Peut-être sont-ils à l'étage ? Je n'ose pas monter l'escalier. Je préfère m'asseoir dans le canapé. Le canapé c'est une mauvaise idée ! Si ils rentrent, ils me voient directement. Mieux vaut monter dans ma chambre discrètement. Je m'approche des escaliers puis commence à monter les marches, le plus discrètement possible. Toujours pas de reproches. Je suis sauvée (pour l'instant).

J'entends la clef dans la serrure. Que faire ? Je commence à paniquer. Je massois sur mon siège et commence à « travailler ». J'entends du bruit dans les escaliers. Pitié, non ! Le seul moyen de m'échapper est de sauter par la fenêtre. J'ouvre ma fenêtre et commence à escalader le balcon. Je m'assois sur la barrière. Je ne peux pas les laisser gagner aussi facilement mais j'en peux plus de me battre pour rien. A quoi cela sert de vivre, si c'est pour souffrir toute sa vie ? Mon cur bat de plus en plus vite et mes parents se rapprochent de plus en plus. Je ne peux pas sauter, je ne peux pas être lâche comme Colombe. Désolé si tu entends ça mais le suicide est un acte de lâcheté. Je n'ai pas osé montrer ta lettre comme preuve. J'ai refusé de t'impliquer là dedans mais Julian l'a fait. Il m'a mis ton suicide sur le dos. Peut-être que si j'avais montré ta lettre au juge, je n'en serais pas là. Je ne serais assise sur le balcon à me décider de sauter ou non. J'ai peur d'eux, encore plus qu'avant. Je ne les ai pas affrontés depuis le procès. Je suis faible. Tu étais ma force, mon espoir. Maintenant que tu n'es plus là, j'ai du mal. Les faux sourires, les mensonges, les fausses émotions. J'ai envie de te rejoindre mais je ne peux pas. Pas maintenant. Mon travail n'est pas encore terminé. Quand ils ne feront plus de mal à personne, je pourrais envisager cette possibilité. Tant que justice n'est pas rendue, je ne sauterai pas. Du moins, pas aujourd'hui. J'ai encore une lueur d'espoir. Colombe, tu es mon espoir. Je sais qu'il y aura la paix entre mes parents et moi grâce à toi. Seulement si j'avais eu le courage de leur montrer le papier. Ils auraient pu prouver ton écriture et ils seraient derrière les barreaux ou en tout cas, ils seront loin de moi, de nous.

Je sens une présence dans mon dos

J'entends des bip bip. J'ouvre difficilement les yeux et tourne la tête. Il me semble être à l'hôpital mais comment cela se fait. Comment suis-je arrivée ici ? J'ouvre en grand mes yeux et aperçoit mes parents discuter avec un médecin. Ils se comportent encore comme de bons samaritains alors qu'ils ne sont que de vulgaires imposteurs. Les souvenirs me reviennent en mémoire, moi sur le balcon. J'ai donc décidé de sauter. Désolé Colombe, j'ai raté mon coup. Mes parents sortent de ma chambre. Une autre personne y rentre.

– Salut ma belle, comment tu te sens ? Me demande Ludovic.

– Il me semble aller bien. Mes parents t'ont prévenu ?

– Non, je t'ai vu tomber du balcon. Ensuite j'ai vu ta mère juste derrière le balcon. J'ai vite compris.

– Je suis désolé, réponds-je en commençant à pleurer.

– Ne le sois pas, ce n'est en aucun cas de ta faute.

– J'ai voulu vous abandonner.

– Non, de ce que j'ai vu, tu ne nous as pas abandonnés volontairement.

– J'ai voulu sauter. J'y ai réfléchi pendant de longues minutes. Vu que je suis à l'hôpital, je pense que j'ai sauté.

– Et tu ne penses pas qu'on t'a aidée ?

– Tu penses qu'ils ont voulu me pousser ?

– J'en suis même persuadé mais avec tout ce que tu as enduré, je ne veux pas te faire de l'espoir pour rien.

– J'ai besoin d'aller la voir. Tu pourras m'y accompagner quand je sortirai de ce trou ?

– Tout ce que tu veux. Juste une dernière chose, j'ai prévu Oliver que tu étais à l'hôpital et que tu n'iras pas en cours demain.

– Mais t'es malade ? Il va débouler et mes parents vont... je ne sais pas quoi lui faire mais ils savent qu'il était au procès.

– Il faut bien qu'il soit au courant. De toute manière, il t'aurait harcelée pour savoir pourquoi tu étais absente à son cours.

– Espérons qu'il ne débarque pas lorsque mes parents reviendront me chercher.

On toque à la porte. Ludo va ouvrir. Quand on parle du loup.

– On avait fini. Je vais vous laisser, annonce mon voisin.

Je lui fais les gros yeux. Il ne peut pas me faire ça. Je le déteste quand il joue à ce jeu là. M. Williams se rapproche de moi. Il prend une chaise puis s'assoit. Il n'utilise pas la chaise « normalement », il a mis le dossier devant et il a posé ses deux avant-bras dessus. Une façon comme une autre de s'asseoir, j'aime bien cette manière. A vrai dire c'est plus pratique lorsque la chaise n'a pas d'accoudoirs. Bref, pensons à autre chose !

– Je suis venu voir comment tu allais, commence-t-il. Je me disais que si tu voulais tu pouvais venir rattraper les cours de demain, un de ces jours.

– Vous êtes venus juste pour ça. Vous pouviez pas juste me le dire par message.

– D'accord, je plaide coupable. Je m'inquiétais pour toi. Je te rappelle juste que la porte de chez moi sera toujours ouverte pour toi. A n'importe quelle heure et si je ne t'ouvre pas, tu m'appelles, m'avoue-t-il en rougissant légèrement mais assez pour que je le vois et en se frottant l'arrière de sa nuque.

– C'est vraiment gentil. Merci pour tout. Je peux vous demander quelque chose ? En vrai j'ai pleins de trucs à vous dire mais juste une question.

– Je t'en prie.

– Est-ce que je peux avoir un câlin ? Demandé-je en rougissant deux fois plus que lui.

Il ne répond pas à la question mais je le vois qu'il se lève. Deux options. Soit il s'en va, soit il s'exécute. Il se rapproche de moi. Il a donc choisi la deuxième option. Il me prend dans ses bras. Je me sens mieux comme protégée. Je lui serai éternellement reconnaissante d'avoir fait tout ce qu'il a fait. Je me pose une seule et unique question. Pourquoi fait-il tout ça pour moi ? Le fait-t-il pour tous ses élèves ou juste moi ?

Une semaine est passée, je suis sortie de l'hôpital deux jours après y avoir été admise. Ludovic est avec moi. Il a tenu sa promesse, il m'emmène la voir. J'espère avoir le courage de le faire. Nous arrivons devant le cimetière, je me sens pas très bien. Je ne peux pas, je ne suis pas encore prête. Je pensais pouvoir le faire mais je me suis trompée. La réalité est trop forte. Je ne suis pas encore assez forte pour y aller.

– Ludo ? Tu peux me ramener chez moi. Je ne peux pas, pas maintenant. C'est encore trop tôt.

– Bien sûr. Rentrons. Allons nous réchauffer avec un bon chocolat chaud chez moi.

TOME  1 - Chemical RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant