Chapitre 11

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Bizarrement, ce fut sur le quai du Poudlard Express que Rose et Scorpius atterrirent. A première vue, le décor ne semblait guère différent de ce qu'ils avaient eux-mêmes côtoyé à leur époque. Rose commença même à se demander s'ils ne s'étaient pas trompé quand un individu la bouscula, s'excusant au passage. Elle remarqua immédiatement le bout de journal qui dépassait de la poche de son manteau, la date attendue étant particulièrement visible.

Elle soupira de soulagement. Fermant les yeux pour apprécier sa petite victoire, l'image d'un Ryan enragé s'imprima sur sa rétine. Elle ne l'en chassa pas. Il était loin désormais, ce Ryan-là. Il ne pouvait plus l'atteindre. Maintenant que la précipitation ne l'aveuglait plus, elle dénota quelques changements dans son apparence ; ses cheveux, auparavant si sombre qu'on aurait dit qu'ils avaient avalé l'obscurité d'une nuit, renvoyaient des reflets clairs, certainement dû à la luminosité du couloir. Elle s'attarda sur son visage crispé par la colère, son front plissé, sa bouche ouverte dans un hurlement de frustration. Voilà une représentation qui avait le don de la réjouir, maintenant qu'elle s'était éloignée de lui, hors d'atteinte.

- Rose ? L'interpella son compagnon, la ramenant à la réalité.

- Rosalie, rectifia rapidement la jeune femme, ouvrant les yeux pour les poser sur un Scorpius inquiet.

Ladite inquiétude laissa d'ailleurs place à de la surprise.

- Rosalie ? Répéta-t-il, abasourdi.

- Oui, je ne suis plus Rose ici. Ne me demande pas pourquoi, je n'en ai absolument aucune idée.

- D'accord. (La mine circonspecte du garçon s'atténua et il lui désigna le wagon qui leur faisait face.) On ferait mieux d'y aller avant qu'il ne parte sans nous.

La désormais prénommée Rosalie acquiesça, suivant le mouvement des étudiants qui s'engouffraient dans le train, adressant à leurs proches de derniers « au revoir ». Ils ne se lâchèrent pas la main jusqu'à avoir trouvé une cabine de libre. Alors que Rose fermait le battant derrière elle, Scorpius écarquilla les yeux, poussant un hoquet de surprise.

- Ros... alie, (il s'était reprit juste à temps) Regarde !

Il désigna les valises qui se trouvaient dans les filets au-dessus de leur tête. Rose s'approcha, perplexe. Cela signifiait seulement que le wagon était déjà occupé, il n'y avait pas de quoi être étonné. Elle comprit soudainement pourquoi leur présence avait causé pareille réaction : elles portaient leurs noms...

Aussitôt, Rose se hissa sur la pointe de ses pieds pour se saisir de la sienne, l'éventrant sur la banquette rouge du Poudlard Express. Tout y était ; le cadre où souriait sa mère, quelques coupures de journaux la concernant qu'elle avait précieusement gardé, une boite où elle conservait de nombres babioles sans valeur... Et même le Carnet. Il lui transmit une douce chaleur à travers sa couverture de cuir comme s'il était content de la retrouver quand elle le caressa délicatement, rassurée.

Le train s'ébranla subitement, envoyant certains objets valser à terre. Scorpius poussa un juron, se rattrapant d'une main au cadre de la fenêtre. Rosalie, elle, vacilla et atterrit sur la banquette, pile au moment où la porte coulissait.

- Attention au démarrage ! S'exclama une voix entrainante.

La rousse releva le nez pour découvrir un garçon penché sur le joyeux bazar. Il arborait un magnifique sourire qui illuminait son visage enfantin et creusait des pommettes rebondies. Il paraissait avoir 15 ans, pas plus, jugea la jeune femme en se relevant. Ses cheveux couleur miel étaient coupés courts, rehaussant ses prunelles grises.

- Tiens, vous êtes à Serdaigle tous les deux ? Les interrogea-t-il en haussant un sourcil intrigué.

- Pardon ? Articula Rose, interloquée.

La Malédiction & The Last TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant