Chapitre 2

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Chapitre 2 : Envie

Rose ramena ses cheveux indomptables en une queue de cheval disciplinée à coup de baguette. Elle se contempla dans le miroir en se demandant si elle ressemblait, rien qu'un peu, à sa mère. Peut-être son nez, lorsqu'elle le fronçait... Elle soupira et se détourna de son reflet. Inutile de se poser plus de questions et de s'embrouiller encore plus l'esprit au sujet d'Hermione.

Elle sortit de la pièce – « sa » chambre – et ferma soigneusement la porte derrière elle en faisant le moins de bruit possible. Regardant aux alentours, comme une voleuse, elle marcha à pas de loups jusqu'aux escaliers, qu'elle descendit presque en courant. Elle glissa sur une marche de marbre et se rattrapa de peu à la rambarde, retenant un petit cri de surprise. Elle maudit sa maladresse puis reprit son chemin jusqu'à la cuisine.

Ah, la solitude. Presque impossible dans ce manoir, malgré son immensité. Les Elfes de Maison étaient toujours sur son dos – elle détestait devoir donner des ordres à ces créatures, son père l'ayant toujours élevé dans l'idée qu'ils n'étaient pas des esclaves. Même Drago Malefoy leur adressait le moins possible la parole, sauf si c'était pour les remercier, très rarement, du repas. Rose se demandait parfois si sa mère n'avait pas, d'une certaine façon, déteint sur l'homme. Mais sachant que ces deux-là se haïssaient, c'était hautement improbable.

La solitude était l'une des choses que préféraient Rose. Elle étouffait, entourée de tout ce monde. Daphné Smith, la sœur d'Astoria, passait quasiment tous les jours, accompagnée de ses jumeaux incroyablement agaçants. Si ce n'était pas elle, c'était des amis de Malefoy, un certain Blaise, si elle avait bonne mémoire, et sa femme. Non pas qu'elle détestait tout ce beau monde de Sang-Pur – elle se sentait comme une intrus – mais quelques fois, elle avait besoin de respirer.

Le matin était donc le meilleur moyen d'être seule.

Elle arriva dans la plus petite des cuisines du rez-de-chaussée, toujours inutilisée. Rose l'avait dépoussiérée à l'aide de sortilèges à son arrivée. Elle se souvenait des araignées qui se plaisaient au plafond et sourit légèrement. Elle espérait néanmoins qu'on ne la trouve pas ici, car elle n'était pas certaine d'être autorisée à manger dans la pièce. Peut-être que son abandon avait une raison...

Lorsqu'elle tira les lourds rideaux, elle fut surprise par l'azur. Pas de nuages. La veille encore, une masse grise couvrait pourtant la voûte céleste. Le ciel avait aujourd'hui une couleur délavée, éclairci par les nombreux nuages qui étaient passés.

Un rayon passa par la fenêtre sale. C'était les seules choses que Rose n'avait pas réussi à totalement clarifier, les vitres.

Elle sortit à manger et petit déjeuna tranquillement, en observant le paysage flou à travers le verre.

Soudain, un bruit de porte claquée la fit sursauter brusquement et elle se tourna vers la source, tombant sur Drago Malefoy qui la fixait, les yeux grands ouverts. Passée la surprise, elle voulut dire quelque chose, s'excuser, mais il l'arrêta d'un regard. Il serra son poing tremblant dans sa poche, incapable de comprendre pourquoi il était si touché par la présence de la jeune fille dans cette cuisine. Elle ne lui avait aucune utilité, après tout... Il s'y rendait le plus souvent pour être seul. Etre dans cette pièce l'empêchait de penser, le retirait du cours du temps, lui permettait de s'échapper à son quotidien pesant.

Et il n'avait jamais compris pourquoi.

— Que fais-tu ici ? Demanda-t-il en maitrisant sa voix.

Elle baissa les yeux sur une tartine à demi-entamée et il soupira.

— Je suis désolée, bredouilla-t-elle, terriblement gênée, en se levant de sa chaise. Je vais m'en aller.

Il la stoppa en posant une main sur son épaule.

La Malédiction & The Last TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant