Authentique - Dramione

Chapitre VIII - Un air de piano

Avec discrétion, je m'engouffre dans la salle sur demande en me faisant envelopper par un air de piano.

A la fois rapide et énervé, ce morceau est joué à la perfection. Dans ces notes je sens un trouble, comme une indécision pendant qu'on dégringole d'un escalier sans fin. Concentré autour d'une certaine obscurité, un pianiste joue au centre de la salle. Seul l'instrument à queue est éclairé par la dernière fenêtre non barricadée. Cette pièce est clairement une merveille de la magie. Je m'approche discrètement, impatiente de voir qui se cache derrière ces doigts agiles. Un verre est posé sur un pan de l'instrument, à moitié vide d'un liquide jaunâtre. Soudainement la musique s'arrête sur un soupire, reprenant par une mélodie plus calme qui s'arrête brutalement lorsque je suis assez proche pour deviner qui est assis devant moi.

- Malefoy?

Je questionne avec timidité pour ne pas lui faire peur. Je ne savais pas que le serpent jouait du piano, en réalité, je croyais qu'il fallait une certaine sensibilité pour pouvoir pratiquer un instrument. Celui-ci se tourne au son de ma voix, se renfrognant à ma présence.

- Comment t'es rentrée? Demande-t-il avec cette nonchalance si particulière.

- Euh.. Par la porte? Enfin, elle est apparue devant moi et je sais pas trop pourquoi vu que la salle est occupée. C'est la première fois que tu viens jouer ici? Je ne savais pas que tu avais un don.

- Il y a tellement de choses que tu ne sais pas sur moi Granger, tu devrais arrêter de faire l'étonnée.

Ses bras se croisent sur son torse et son regard, toujours aussi mauvais ne rencontre jamais le mien. Je ne comprends pourquoi la salle s'est ouverte à mon passage alors que Drago était déjà occupé dedans. Celle-ci ne se trompe jamais pourtant, il est même difficile de la trouver en temps normal. Je me rappelle parfaitement l'énervement qu'éprouvaient Rusard et Dolores Ombrage qui n'arrivaient pas à accéder à nos entraînements en cinquième année, malgré la brigade inquisitoriale.

- Je.. J'ai lu quelque part que l'art décorait l'espace et que la musique décorait le temps. C'était beau ce que tu jouais.

Son silence est absolu. Bon. J'ai essayé de faire la discussion mais maintenant que j'ai son attention, c'est peut-être que c'est le moment d'éclairer les choses, notamment par rapport à Pansy Parkinson qui ne m'a miraculeusement pas encore égorgée.

- Pourquoi t'as rien dit à Pansy?

Son regard change légèrement et il attrape du bout des doigts son verre qui se remplit par magie. Son silence devient presque gênant alors je tente une autre question.

- Pourquoi tu n'es pas venu t'excuser?

D'une traite il termine son verre que je devine être du whisky pur feu, sa boisson semble identique à celle de la soirée qu'il avait passé en notre compagnie. Je le vois chercher du regard la porte qui, étrangement, a disparu. Il est comme prit au piège et plus le silence se poursuit plus je le vois reproduire ces tics qu'il a lorsqu'il s'énerve ou stresse. Les doigts et la mâchoire crispés, les yeux cherchant rapidement une échappatoire.

- Pourquoi tu ne me regardes pas dans les yeux?

Je finis par demander, excédée de ses enfantillages qu'il ne cesse jamais. Je ne sais pas comment font Blaise et Pansy pour supporter d'être avec un petit garçon en permanence effrayé de perdre le pouvoir. Car à cet instant, il est entre mes mains, et je ne compte pas le lâcher. J'hausse la voix.