Jusqu'aux étoiles

IV ► Les Ailes de Liberté

Avant de sortir de la pièce, Link prit ses précautions. Il rabattit un vantail de la fenêtre, assit Herenya contre la vitre et relia un morceau de rideau entre la poignée et les mains de la princesse. Si elle se débattait, elle ouvrirait la fenêtre et pendrait au-dessus du vide.

Si elle tombait, elle ne mourrait pas, cependant ; ils n'étaient qu'au rez-de-chaussée, après tout.

« Le contrat de mariage est soit dans la chambre d'Elfy, soit dans celle d'Herenya, décréta-t-il. Je pense que notre chère princesse en a pour un moment avant de pouvoir se libérer... Donc, je vais dans la chambre d'Elfy. Toi, tu fouilles dans celle d'Herenya. Ce sera moins risqué pour toi. Quand on aura trouvé ce fichu contrat, on pourra se prévenir via notre lien de cœur. »

Link s'était donné un mot d'ordre : suivre l'énergie de détermination qui l'animait. Il empêcha ses mains de trembler. Tout était arrivé si vite... La mission de Zelda, la prophétie, la vision de l'Araignée, l'attaque au réfectoire, le contrat de mariage, le combat contre Cassandre, leur détention au Levant...

Son cœur ne demandait que de prendre Zelda dans ses bras, que le monde disparaisse autour d'eux, que tout ceci n'existe plus... que tout ceci n'ait été qu'une vaste plaisanterie. Oh, oui, qu'est-ce qu'il aurait aimé que tout soit plus simple.

Mais non... !

Tout se compliquait, encore et toujours...

A croire que la vie s'amusait à leur barrer la route...

Quand ils croyaient avoir fait un pas en avant, ils en faisaient deux en arrière.

Link avait la sensation d'être coincé sur une marche du long escalier de sa vie. Il essayait d'agripper la marche suivante... mais c'était dur. Il ne voulait pas avoir affaire aux manigances du Levant ! Il aspirait juste à être tranquille... C'était trop demander ? 

Mais c'était comme apprendre à marcher.

On se dresse, on essaie, on tombe.

Pas grave. On se relève.

Encore.

Allez, encore.

Jusqu'au jour où...

Ça y est.

On tient debout.

On tient debout tout seul.

N'était-ce pas merveilleux, de tenir debout ? De pouvoir marcher seul, après tant d'efforts, tant de chutes ?

Quel immense défi, pour un tout petit enfant, d'apprendre à marcher. Un défi qu'on oubliait si facilement.

En pensant à cet apprentissage, Link se rendit compte que le plus dur de sa vie était passé depuis longtemps.

Et la réalité de la situation devait être affrontée.

Herenya avait développé une personnalité déviante, qui la poussait à se nourrir de la souffrance des autres, et ne pensait qu'à son propre profit. Elfy n'était que sa marionnette. Enfin, qui sait ? Sans doute étaient-elles la marionnette de l'autre.

Ils devaient s'enfuir à tout prix... maintenant.

Quand la tempête l'emportait, lutter ne servait à rien, et Link l'apprenait, une fois encore. Il fallait simplement aller dans le courant, jusqu'à ce que la vie ramène au rivage.

La vie ramène toujours au bercail. Quoi qu'il arrive.

Zelda, qui l'observait sans rien dire, finit par déclarer :