Les anciens dieux

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Link n'avait rien compris à ce qu'il venait de se passer. Mais lorsque Zelda tomba vers l'avant, il ne tergiversa pas. Il la rattrapa fermement par les épaules.

La tablette fut plus sournoise. Elle glissa des mains de la jeune femme et heurta lourdement les mollets de Link, en plein sur les muscles. La douleur explosa d'un seul coup, comme s'il s'était brûlé. Il pesta vivement.

Votre Grâce, faites des tablettes en mousse la prochaine fois !

Ignorant la douleur qui pulsait le long de ses jambes, il réfléchit à toute vitesse.

C'est peut-être grave. Elle n'a pas l'air de reprendre connaissance.

Il eut un serrement de cœur inquiet. Il écouta attentivement la respiration de Zelda... rien d'anormal. Mais il ne pouvait pas l'emmener jusqu'au Service Infirmier de Célesbourg. En secourisme, on ne déplace jamais les victimes, cela peut être trop dangereux.

Link serra les dents. Il ne pouvait pas la laisser ainsi sans rien faire ! Il la stabilisa contre le mur de roche en face de lui, pour éviter qu'elle ne glisse. Il se mordit la lèvre.

Je n'ai pas tellement le choix. Je vais devoir la déplacer, je ne peux pas risquer qu'elle s'étouffe. Il lui faut de l'air.

Le jeune Maître retira sa veste et l'étendit dehors, sur un sol meuble. Il posa la tablette à plat un peu plus loin pour éviter d'être gêné dans ses déplacements. Il revint dans la cavité et saisit Zelda sous les aisselles. Link grimaça sous l'effort. Porter quelqu'un à bout de bras était loin d'être facile. Une fois qu'il parvint à soulever Zelda, il la maintint contre lui en entourant ses hanches de ses bras, veillant à ce que sa tête soit sur son épaule gauche.

Ses jambes le faisaient souffrir sous ce nouveau poids, et Zelda n'était plus un poids-plume depuis longtemps. Il l'assit précautionneusement sur le drap improvisé, et l'allongea en accompagnant sa tête.

Pas de mouvement brusque. Voilà.

Elle était toujours inconsciente.

Ce n'était pas normal.

OK... Pas de panique. Position latérale de sécurité.

Link mit en application ce qu'on lui avait appris. Il positionna le bras gauche de Zelda à angle droit à côté de sa tête, paume ouverte vers le ciel, et le dos de sa main droite contre sa joue – cela soutiendrait sa tête quand son corps basculerait. Tout en gardant sa propre main sur la sienne, il saisit sa jambe droite et la plia. Link se recula un peu, mais ne lâcha pas sa main. Il tira la jambe ainsi pliée pour faire pivoter Zelda vers la droite, jusqu'à ce que son genou touche terre. Il dégagea sa main en maintenant le coude de Zelda, pour éviter que sa tête suive.

Il vérifia que tout était en ordre, puis lui ouvrit la bouche avec le pouce et l'index. Voilà. Comme ça, elle pourrait bien respirer.

Bon, et maintenant ? Je cours jusqu'à l'École et je risque que son état s'aggrave entretemps ? Il faut que quelqu'un la surveille...

Comme par une bénédiction d'Hylia, il aperçut une silhouette émerger des bois.

« Hé ! Par ici ! cria-t-il en se redressant. S'il vous plaît ! J'ai besoin d'aide ! »

L'autre l'entendit et hâta le pas dans sa direction. En fait, les autres. Car derrière la première silhouette trottinait... Orbo. Link reconnut ensuite la première : c'était un des chevaliers qui accompagnait Zelda pendant sa mission – Numéa, avec ses boucles brunes qui rebondissaient le long de son visage cuivré.

L'espace d'un court instant, Link se demanda pourquoi Orbo et Numéa se retrouvaient ici. Orbo était toujours avec Latruche, dans les jupes – enfin, façon de parler – d'Hergo.

Jusqu'aux étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant