Mon visage décomposé le fait immédiatement réagir. Il cesse de se marrer et enlace rapidement ma taille, sentant que j'allais m'en aller.
"-Ce n'est pas ce que je voulais dire. . . tu le sais hein ?"
Bien sûr que non je ne le sais pas ! Je le connais autant que mes cours de maths (c'est-à-dire pas du tout). Je le repousse mollement en répétant.
"-Sors. S'il - te - plaît."
J'insiste sur les derniers mots pour que cela rentre dans sa petite tête de linotte. Il gémit en resserrant sa prise.
"-On se dispute encore ? Bébé, steu plaît. . ."
Je serre les poings pour ne pas lui résister après avoir entendu son surnom. Nous sortons ensemble depuis quelques dizaines de minutes, nous en sommes déjà à deux disputes. Je n'en peux plus, je suis déjà à bout de forces. Avant tout cela, je n'avais aucun problèmes, tout allait bien. Cela m'allait. Du moins, c'est ce que je croyais après avoir goûté aux lèvres d'Enzo. Je ne veux pas, ne peux pas le quitter.
"-Tu m'épuises. J'en ai marre qu'on se dispute tout le temps.
-Moi aussi. . ."
Il s'approche pour m'embrasser, mais je l'arrête en plaçant mon index sur sa bouche. Je viens d'avoir une idée.
"-Tu sais pourquoi je voulais devenir femme de loi ?"
Il fronce les sourcils en souriant.
"-Je savais même pas que tu voulais faire du droit. Je ne vois même pas le rapport, mais je vais répondre non pour te laisser dire ta tirade."
Je le remercie en souriant.
"-Comme ça, quoi que l'on fasse, lorsque l'on fait une bêtise, on est puni justement. J'aime les règles. J'aime quand tout est ordonné, tout fonctionne sur des roulettes. . .
-Minute, tu veux instaurer des lois entre nous ?
-Non, enfin, disons des règles. . . pour que cela fonctionne mieux. Mais si tu ne veux pas. . ."
Il se mord la lèvre en abaissant le regard. Il déclare alors.
"-Ce n'est pas de règles dont nous avons besoin. Ne te voile pas la face : tu ne t'aimes pas. Et lorsque l'on ne s'aime pas, on ne peut pas aimer les autres. Tu veux instaurer tes règles pour m'empêcher d'aller ailleurs. Tu es terrifiée à l'idée que j'aille voire d'autres filles soit disant plus belles que toi, parce que tu dénigres l'attirance que tu dégages. Je suis tombé amoureux de toi, et de personne d'autre. Mais toi, de qui es-tu tombée amoureuse ? De l'image que tu te faisais de moi, celle que tu t'es inventée pour pouvoir diriger ton amour sur quelqu'un d'autre que toi ?"
Je sens des larmes couler sur mes joues. Ses mots me font mal, seulement j'avais besoin de les entendre. Il est vrai que je ne me suis jamais portée dans mon coeur. Je n'ai jamais su le faire. Les autres d'abord, toujours, quoi qu'il arrive. Si bien que la petite Ele a été écrasée par les autres, qui ne se gênaient pas pour la critiquer, lui faire des crasses sans retenue malgré les nombreuses situation où elle avait pu les sortir d'affaires. La petite conne d'Ele qui a plus de générosité que d'intelligence, qui se laisse marcher sur les pieds, tant que cela ne blesse pas ses camarades. Elle qui se laissait maltraiter sans oser insulter les autres, qui se faisait traiter de "baleine" ou d'autres noms d'oiseaux sans rendre la pareille de peur de faire du mal aux agresseurs. Même Evy. Elle en a profité. Elle profite toujours de mon don de moi pour faire ce qui l'arrange. Elle ne s'était pas gênée elle non plus pour dire ce qu'elle pensait de mon corps ou de ma manière d'être. Comme une imbécile je croyais que c'était pour mon bien, que l'honnêteté valait toujours mieux que le mensonge. . .
Un hoquet me sort de mes pensées. Je sanglote, mes mains dans la bouche, laissant mes dents ronger mes ongles. J'essuie les nombreuses gouttes qui tombent sur mes joues.
"-Je suis désolé mon amour, je ne voulais pas te faire pleurer mais. . ."
Il s'approche et me prend dans ses bras, ne cessant de me demander pardon.
"-Ne t'excuse pas. J'avais besoin d'entendre ça pour ouvrir les yeux. C'est juste que durant toute ma vie les gens n'ont pas été très honnêtes, ou alors beaucoup trop, enfin. . ."
Je commence à lui confier les moqueries que je recevais. Dans ses bras, le front contre son torse, je me remémore ces instants cruels qui ont hanté mon collège. Je les revois rire, me regarder comme une intruse, me pousser, me frapper. Je revois leurs visages hargneux, leurs sourires malsains, leurs remarques hautaines fuser. A chaque mot, je sens mon coeur se libérer de poids, se faire plus léger. Plus je parle, plus je le sens se crisper, me serrer contre lui. Comme s'il souffrait avec moi, comme s'il regrettait de ne pas avoir pu être là pour me protéger.
"-J'ai été intéressée par les lois depuis qu'elle m'ont appris qu'une peine de prison est encourue pour le harcèlement scolaire. Je me suis alors raccrochée à l'espoir que ces connards payent, qui qu'ils soient. Il faut qu'ils purgent leur peine, qu'ils réparent leur faute.
-Arrête. . ."
Je le regarde de travers. Il continue en gémissant.
"-Sinon je te suivrai jusqu'à Marseille pour leur casser la gueule. Ils n'ont aucun droit de faire ce qu'ils faisaient."
Je le calme en lui assurant.
"-C'est du passé maintenant, la plupart des harceleurs ont quitté l'établissement et les autres ont oublié. Je sais que j'aurais dû prévenir quelqu'un, mais c'est trop tard maintenant. Je sais que j'ai jusqu'à 6 ans pour dénoncer les provocateurs, seulement je ne souhaite plus le faire, tout est passé et je suis en vie malgré tout. Ce qui est sûr, c'est que je ne ferai pas la même connerie avec ma fille ou mon fils, si j'en ai. . .
-Bien sûr que tu en auras ! Nous en aurons autant que tu voudras. Je suis content que tu te sois confiée. Je suis désolé de m'être emporté comme ça, d'avoir ri. Je suis trop con."
Je l'embrasse du bout des lèvres en murmurant.
"-C'est pas grave. On oublie.
-Non, je ne veux pas oublier. Nous devons nous servir des obstacles pour progresser et avancer.
-Tu as raison. C'est pourquoi je vais me servir de l'obstacle de tout à l'heure pour te demander de changer de film."
Je bats des cils en lui offrant mon sourire le plus angélique possible. Il me donne une pichenette sur le nez en commentant.
"-Tu perds pas le nord dis donc ! Ok, on change, mais on met tout sauf Titanic.
-Okay. 3 mètres au dessus du ciel ça te va ?
-Je connais pas."
Toute heureuse, je descends dans le salon pour mettre le film sur Netflix. Il s'affale sur le canapé et je love ma tête contre son torse. Il passe un bras autour de mes épaules. De là où je suis, j'entends son coeur battre. Il bat fort et vite. Peut être un peu trop vite que la normale. . . J'entends aussi sa respiration régulière, son estomac digérer, sa gorge déglutir. J'écoute son corps durant un long moment, pendant presque tout le film en fait. Je savoure sa présence avec la mienne, tente de garder autant de souvenir que possible au cas où. Dans le cas où il partirait, malgré sa promesse. Car elles sont faites pour être brisées, comme mon coeur.
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Tout ça pour lui (Terminé)
Подростковая литератураDes lors où ses yeux se sont posés sur moi, j'ai su que quelque chose avait changé en moi. Mais je ne pensais pas être capable d'agir comme tel par amour. J'ai fait tout ça par amour. Tout ça pour lui.