Toujours l'un contre l'autre, aucun de nous ne sait comment réagir. Il a le regard perdu dans le paysage marin, dans le lointain. Son menton calé sur le haut de mon crâne, ses bras entourant mes épaules et les serrant de toutes ses forces, il respire calmement. Sa mâchoire carrée ressort légèrement, la fossette sur son menton tressaille quelques fois, ses longs cils vibrent lorsqu'il ferme sa paupière une demi-seconde. Pour attirer son attention, j'entoure sa taille de mes bras et lève ma tête, installant mon menton sur son torse. Il rentre alors le sien pour que sa bouche puisse atteindre la mienne et y dépose un petit bisou, quelque peu ridicule comparé au précédent, mais je l'accepte sans me faire prier. J'ose d'un ton hésitant.
"-On. . . est censés faire quoi maintenant ?"
Il laisse tomber sa tête en arrière en répondant.
"-Ca dépend, que veux tu faire toi ?"
Je hausse mes épaules en plaisantant.
"-Peu importe, tant que je suis avec toi."
Sur le coup, je me sens stupide d'avoir dit ça. C'est sorti d'un air amoureux, béat, ça sonne presque faux. Ce n'est pas moi. Je ne me reconnais pas. Plus. Il se penche légèrement, collant mon front contre sa joue, le visage tourné vers l'océan.
"-Je t'aurais bien proposé de te baigner, mais le temps ne s'y prête pas tellement. Je t'aurais bien proposé un cinéma, mais je ne suis pas sûre qu'il reste beaucoup de séances qui ne sont pas complètes. Je t'aurais bien proposé d'aller chez moi mais. . ."
Il marque une pause.
"-Mais ?"
Il soupire puis lance en souriant.
"-Rien en fait. Allons-y."
Il s'empare de ma main et s'apprête à affronter la pluie, puis il s'arrête net.
"-Enfin, seulement si tu veux. . ."
J'acquiesce avec énergie, ce qui le fait rire.
"-Wouaw, devant autant d'entrain, je ne peux que me plier à tes ordres. En avant princesse !"
Sans prendre le temps de m'avertir, il m'attrape par les cuisses pour m'installer sur son dos. J'émets un petit cri de surprise avant de rabattre la capuche de mon sweat-shirt sur ma tête. J'enroule mes bras autour de son cou tandis qu'il court à travers la pluie pour regagner son bungalow. Je devine un sourire sur son visage. Il semble heureux. J'espère qu'il l'est autant que moi, bien que ça sera difficile à faire car personne n'est aussi euphorique que moi à cet instant précis. L'excitation me gagne : c'est la première fois que je pénètrerai dans sa maison de vacances. Je pense que la sienne et la mienne doivent se ressembler, comme toutes les habitations du camping, mais je verrai peut être sa chambre, avec tous ses effets personnels, sa cuisine, avec son alimentation quotidienne, sa salle de bain, avec ses cosmétiques. La hâte s'emballe. Il grimpe les escaliers du patio et me pose à terre. Là, il me plaque contre la porte et s'embrasse sauvagement. Il n'a plus aucune retenue. Il mordille mes lèvres tout en cherchant la clé de l'habitation dans sa poche. Une fois trouvée, il cherche la serrure à tâtons, sans séparer nos bouches. Je sens désormais dans la mienne sa langue s'y enfoncer. J'entends un "clic", qui me signale que la porte est ouverte. Pour ne pas que je tombe à la renverse, Enzo me colle contre lui. Il me porte légèrement afin qu'il puisse refermer la porte derrière nous. Sentant que son désir s'accroît au fil des secondes et que j'allais fini par faire une nouvelle bêtise, je place une main sur son torse pour l'éloigner de quelques millimètres. Ne comprenant pas, il fronce les sourcils, je m'explique alors haletante.
"-Doucement. . ."
Il presse une nouvelle fois nos lèvres l'une contre l'autre, plus lentement, langoureusement, avec moins de férocité. Il aspire ma lèvre inférieure à plusieurs reprises puis la passe entre ses dents. Nous nous séparons une nouvelle fois, à bout de souffle. Haletants, aucun de nous ne peut aligner deux mots. Nous nous contentons de sourire d'un air béat. Je caresse sa joue de mon pouce et déclare, une fois ma respiration retrouvée.
"-Je suis contente que tu m'aies accepté."
Un air incrédule s'installe sur son visage. Il écarte une mèche de cheveux rebelle de mon visage puis la glisse derrière mon oreille.
"-Ne le sois pas, c'est moi qui devrait me sentir satisfait que tu ne me dénigres pas."
Je le prends par la taille et le serre contre moi. Il enlace mes épaules et fait des aller-retours dans mon dos avec une main.
"-Je ne veux pas que ça aille trop vite.
-On fera tout ce que tu voudras. Si le rythme s'accélère, dis-le moi simplement on ralentira. Il ne doit pas y avoir de problèmes entre nous, tout ce qui doit arriver arrivera."
Je décerne un sous-entendu dans sa phrase. J'ai soudain terriblement peur. Je ne l'ai jamais fait. J'ai même honte de m'imaginer le faire, d'en imaginer d'autres, si bien que, dans les livres, je saute les passages érotiques que tout le monde lit avec une certaine attention. Je ne pourrais jamais le faire, je ne serais jamais prête. Et s'il me quittais pour cela ? Parce que je ne suis qu'une pauvre fille vierge effarée à la simple entente du mon "sexy", d'une fillette trop pure pour lui. Il doit sentir mon mal aise car il propose aussitôt.
"-On peut regarder un film."
J'accepte avec soulagement.
"-Ok. Titanic !"
Il hausse un sourcil en levant les yeux au ciel et en soupirant.
"-Mais qu'est ce que vous avez toutes à idolâtrer ce film ? Tout le monde sait que Jack meurt à la fin mais vous continuez à pleurer comme des tapettes."
Je fais la moue en lui adressant des yeux de biche pour qu'il cède. Seulement, sans-coeur comme il est, il ne réagit pas. J'opte donc pour la ruse. Et oui car, je n'en ai pas l'air, mais je peux être douce comme manipulatrice.
"-Si on regarde Titanic, je te fais des cookies pour les manger devant."
Il se mord la lèvre. Il hésite. Je pense peut être faire des études de commerce, en ce qui concerne mon don pour amadouer les gens, je m'active pour le développer. Sûre qu'il va accepter, je me dirige vers la cuisine et lui lance.
"-Bon aller, lance le film !"
Je sors les ustensiles de cuisine et les ingrédients pour faire les gâteaux. Je commence ensuite par tamiser la farine, casser les ufs, rajouter le sucre. Je découvre que la cuisine est équipé d'un batteur. Une révolution culinaire ! Alors que je le branche pour mélanger la préparation, j'entends la musique du générique retentir dans la pièce. Le seul problème, c'est que je ne la reconnais pas. Je me retourne alors pour regarder l'écran et constate qu'il ne m'a ABSOLUMENT pas écouté. En effet, je peux lire "Ca" sur l'écran.
"-Coupe ça tout de suite ! ordonné-je."
Il place ses bras derrière sa tête contre le canapé et siffle pour ne pas entendre mes protestations. Pire, il s'empare de la télécommande pour augmenter le son.
Je sens mes membres trembler d'effroi et de colère. Tout ce qu'il voudra, sauf un film d'horreur. Tout sauf ça ! La dernière fois que j'en ai vu un, je n'ai plus dormi pendant une quinzaine de jours. Je revois encore la poupée monter sur mon lit avec sa petite voix fluette et terrifiante qui ne cessait de répéter "Joue avec moi". Je retente ma chance.
"-Enzo, tu peux en mettre un autre s'il te plaît ?"
Toujours aucune réponse. Je lâche de batteur, le débranche calmement puis réajuste mon sweat. Tu veux jouer au con avec moi ? Pas de soucis, on va jouer. Presque sur la pointe des pieds, je me dirige vers la porte. Je tends ma main pour attraper la poignée.
Continue de faire le sourd, bientôt tu n'auras plus à me supporter.
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Tout ça pour lui (Terminé)
Novela JuvenilDes lors où ses yeux se sont posés sur moi, j'ai su que quelque chose avait changé en moi. Mais je ne pensais pas être capable d'agir comme tel par amour. J'ai fait tout ça par amour. Tout ça pour lui.