Chapitre 40

10 4 0
                                    

"-Non, j'aime pas."

Je soupire une énième fois en levant les yeux au ciel. La robe noire sur le cintre me donne vraiment envie, mais tous les commentaires d'Enzo sont négatifs. Note à moi-même pour l'avenir : ne plus jamais faire de shopping avec lui. Never and ever, comme dirait Sam. Soit son manque de goût lui fait détester toutes les tenues que je lui propose, soit JE n'ai pas de goûts et heureusement qu'il est là pour ne pas me faire regretter mes éventuels achats.

"-Qu'est ce qui ne te plaît pas dans cette robe ? demandé-je."

Il hausse les épaules.

"-Je ne sais pas. . . Elle est un peu trop décolletée. Trop moulante, flashy et quelques peu. . .

-OK, j'ai compris. Je laisse tomber."

Je fais le tour du magasin, à la recherche de l'habit dont je vais tomber amoureuse. Chaque virée shopping, j'ai toujours un article préféré. J'attends de tomber sur lui. . . Cela ne fait qu'une heure que nous sillonnons le centre commercial, seulement j'espère que je ne vais pas repartir les mains vides.
Hier, nous avons passé la soirée allongés dans le sable à regarder les étoiles. Nous avons ensuite préféré nous séparer pour la nuit. Nous ne sortions ensemble que depuis quelques heures, nous ne voulions pas aller trop vite. Nous n'aurions fait que dormir, bien entendu, mais Enzo semble prendre coeur à s'impliquer dans ma volonté de prendre un rythme lent. Je lui en suis d'ailleurs très reconnaissante.
Je cherche surtout une tenue de soirée car, mis à part mon fameux top noir à bretelles avec mon short, je n'ai rien, ne serait ce que pour simplement aller au restaurant.

"-Rappelle-moi, pourquoi j'ai accepté de faire les boutiques avec toi ? me provoque Enzo."

Je me retourne pour le prendre par le col en répliquant tout sourire.

"-Parce que tu m'aimes."

Puis dépose un bisou rapide et insolent sur ses lèvres. Il grogne mais je n'en tiens pas compte et continue d'arpenter les rayons du magasin. Des pantalons aux chemises, des chaussures aux chaussettes et des shorts aux maillots, je suis au paradis. Je touche toutes les étoffes, malgré les protestations d'Enzo, je cite, "Ne le touche pas si tu ne comptes pas l'acheter", sous prétexte que ce "n'est pas hygiénique". Comme d'habitude, je ne l'écoute pas et n'en fais qu'à ma tête. Je continue donc de tripoter les textures des vêtements qui se présentent devant moi.

"-Hé Bébé, regarde ce que j'ai trouvé."

Je me tourne vers lui. Il me désigne un haut de pyjama avec l'inscription "Râleuse et fière de l'être". Je ris tout en commentant.

"-Je ne suis pas si chiante que ça. . ."

Il met sa bouche en cul-de-poule en me lançant un regard signifiant "Mouais, je n'en serais pas aussi sûre à ta place". Ma mère n'accepterait jamais que je possède un tel haut. Je lui indique alors de le reposer.

"-Ne touche pas quelque chose que tu ne prends pas, cinglé-je."

Il écarquille ses yeux en entendant ses paroles.

"-Hey, mais ce sont mes mots. Petite voleuse. . ."

Je lui tire la langue avant de me diriger vers la sortie. Je l'entends m'ordonner de l'attendre, mais je continue de tracer mon chemin. Il me rattrape en quelques enjambées.

"-On va où maintenant ?"

Je hausse les épaules.

"-Je ne sais pas. . . Tu veux aller quelque part en particulier pour te trouver des trucs ? Je t'impose mes boutiques depuis tout à l'heure, à toi de faire de même. Je te conseillerais."

J'esquisse un clin d'oeil en émettant un rictus compatissant. Je le vois pouffer.

"-J'ai une idée pour rendre cette virée plus. . . caliente, annonce-t-il."

Je hausse un sourcil en le priant de continuer, prête à mettre fin à mes jours à tout instant.

"-On va dans un magasin mixte. Je te choisis des habits, tu m'en choisis et on est obligés de les essayer. OK ?

-Je suis partante. Je sens que l'on va bien rire.

-Ca, tu peux le dire !"

Nous prenons la direction d'une enseigne qui combine le style des deux sexes et entrons. Nous nous séparons ensuite, lui du côté féminin, moi du côté masculin. Je ne peux m'empêcher de ricaner devant certains habits en m'imaginant Enzo en train de les porter. Comme je suis super gentille et que je suis la meilleure petite copine du monde, je décide de lui prendre des tenues ridicules - of course - mais également des vêtements mettables, au cas où il les aimerait et qu'il en achèterait un. Je lui choisis même un magnifique caleçon qui porte l'écriture "My girfriend is perfect". A vrai dire, j'ai longtemps hésité avec un autre où il était inscrit "Excuse-moi d'être beau" seulement je me suis dit que cela risquait de faire exploser son ego. De toute manière, le premier ne dit que la vérité, pourquoi s'en priver ?
Une fois ma sélection d'articles terminée, je me dirige vers lui. Le voyant de dos et blagueuse que je suis, je m'approche discrètement et crie en posant brusquement mes mains sur son dos.

"-Bouh !"

Il sursaute avant de se détendre et de se retourner en mettant sa main pleine derrière son dos, hors de ma vue. Nous nous dirigeons ensuite vers les cabines d'essayages. Une fois devant elles, je déclare.

"-OK, à trois on échange. Un. . .

-Deux. . .

-Trois !"

Je lui tends les cintres des habits que j'ai choisi, il fait de même. Rien qu'à voir la couleur de certaines de tenues, je commence à croire que son idée soit disant marrante était en effet une très mauvaise réflexion. Pour lui, comme pour moi. Surtout pour moi je pense. . .
Je prends place dans ma cabine et commence à me déshabiller pour enfiler le premier ensemble. C'est une robe moulante - trop moulante - jaune canari décolletée et courte comme tout. J'ai tellement honte quand je sors, à la vue de tous les regards. Il ne tarde pas à me rejoindre, vêtu d'une chemise à motif d'hibiscus rose fuchsia avec un fond jaune. Je me mords la lèvre pour ne pas pouffer devant ses habits, disons tropicaux.

"-Sexy, commente-t-il en me lorgnant avec moquerie."

Je lui adresse une grimace avant de tirer sur ma robe pour tenter de la descendre un peu, en vain. Elle est tellement ras les fesses que j'ai peur qu'elle se remonte jusqu'à ma taille si je ne tiens pas l'extrémité basse. Je choisis donc de regagner la cabine rapidement, de peur d'attraper froid si peu vêtue. J'enfile d'autres habits, je sens Enzo s'appuyer sur le mur qui nous sépare, je devine alors qu'il m'imite à toute allure.
Je ne peux retenir mon sourire quand je m'aperçois que sur mon t-shirt est imprimé l'affiche du film, dont la chanson est celle sur laquelle nous avons dansé au bal du camping. Ce fameux jour où j'ai su que, peut être, je ne lui étais pas si indifférente.

"-Bébé ? Tu t'es endormie ? ironie-t-il."

Je lève les yeux au ciel avant de pousser le rideau vers la droite. Son regard s'agrandit et un rictus mélancolique naît sur ses lèvres lorsqu'il voit le poster du film. Il tend le bras pour l'effleurer de son index. Il se souvient, lui-aussi, de cette nuit-là. Je me sentais tellement seule. Je savais que, dès l'instant où j'allais mettre un pas hors du bal, j'allais faire une connerie que j'allais regretter.

"-Je pense que je vais prendre le haut. Je le mettrai en pyjama, annoncé-je."

Il me répond pas. Au lieu de cela, il me prend dans ses bras et me serre fort contre lui. Je lui frotte le dos tandis qu'il gémit.

"-Si je t'avais laissé t'en aller. . . j'aurais jamais pu me le pardonner, putain !"

Je pose mes mains sur ses joues et caresse ses lèvres de mes pouces pour le faire taire.

"-Je vais bien. Ne te tracasse plus, d'accord ?"

Il agrippe mes poignets, le regard inquiet.

"-Promets-moi de toujours me dire lorsque tu ne vas pas bien ? Je veux t'aider.

-Je vais bien. Je te le jure."

Tout ça pour lui (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant