Chapitre 52

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"-Je suis désolé, avoue-t-il enfin."

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel avant de commenter :

"-Comme toujours."

Il tourne sa tête vers moi, les sourcils froncés.

"-Quoi ? Tu t'attends à ce que je me mette à genoux pour te présenter mes excuses ? Je te signale que c'est toi qui a mis le sujet sur le tapis !"

Je soupire en me levant et en papotant mes fesses pour y retirer le sable.

"-Dans ce cas, je m'en vais, déclaré-je simplement."

Je fais volte face et parcours quelques mètres. Mes pieds s'enfoncent dans le sable, laissant des empreintes derrière moi. Une brise souffle et élève mes cheveux, suivant la direction du vent.
Il ne vient pas.
Cela tourne en boucle dans ma tête. Il y a encore quelques minutes, je tentais de repousser la date fatale, celle des adieux, et désormais je crains qu'elle ne soit arrivée. Mon ventre me fait mal, ma gorge me brûle. Je me demande si la relation que j'entretiens avec Enzo n'est pas toxique. Je me détruis, pour rien au final. En fait, je ne veux même pas répondre à cette question. Je ne veux pas me confronter à la réalité. Je ne veux pas me résoudre à devoir le quitter pour de bon.

"-Tu sais que tu es chiante ?! se plaint-il."

Sa remarque me fait sourire malgré moi et toutes mes inquiétudes s'envolent aussitôt. Il me rejoins en quelques enjambées pour entrecroiser nos doigts. Il dépose un bisou sur ma main en décrétant.

"-Si tu tiens à tant en savoir sur ma famille, tu ne seras pas déçue."

Je mets quelques secondes avant de comprendre le sous-entendu de sa phrase. Je fronce les sourcils en demandant.

"-Je vais rencontrer tes parents ?"

Il acquiesce tout sourire. Quel imbécile ! Il aurait pu me le dire plus tôt ! J'aurais mis un t-shirt moins court, je me serais mieux coiffée, j'aurais apporté un bouquet de fleur ou un dessert. . . En voyant mon air contrarié, il s'inquiète.

"-Cela ne te fait pas plaisir ? fait-il en faisant une moue tout à fait adorable.

-Si, seulement je vais passer pour une malpolie. Tu aurais pu me le dire plus tôt, j'aurais apporté quelque chose. . ."

Il roule des yeux en soupirant.

"-Mademoiselle Parfaite devrait lâcher prise car nous sommes en vacances. En plus mes parents sont super cool. Enfin, avec les invités. . . Faut dire qu'ils en ont vu défiler, ricane-t-il."

Je hausse un sourcil. Mon coeur se serre. Il ne peut pas juste être normal des fois ? Pourquoi faut-il toujours que quelque chose, une parole ou un acte, vienne tout gâcher ? Il s'en rend tout de suite compte en voyant mon visage se décomposer.

"-Oh purée non, pardon, je suis désolé. C'est sorti tout seul. Je suis beaucoup trop con."

Je me mords la lèvre en rétorquant.

"-Je confirme."

Il rit avant de m'installer sur son épaule en sac à patates, me retrouvant ainsi la tête à l'envers. Je crie en donnant des coups de poings dans son dos, en vain.

"-Enzooo redescends-moi tout de suite ! vociféré-je.

-Seulement si tu arrêtes de te moquer de moi car, on ne dirait pas, mais mon petit ego souffre à chacune de tes insultes et cela me rend vraiment triste. . ., gémit-il avec ironie."

C'était une blague, cependant je ne la prends pas très bien. Il ose se plaindre ? Sait-il ce que je ressens quand il me rejette ? Remontée à bloc, je rétorque d'un ton acide.

"-Et tu crois que je ne suis pas heurtée de toutes les crasses que tu me fais ? Que je ne suis pas ravagée d'être sans arrêt comparée à tes autres expériences ? Que je ne suis pas affectée par tes coups de gueule qui nous séparent à chaque fois ?"

Ses muscles se décontractent légèrement mais ne me lâchent pas pour autant. Sa respiration s'accélère.

"-Je t'ai déjà dit que t'es la seule qui compte vraiment pour moi, que j'aime réellement. Ele, je t'aime alors, même si je suis le plus gros imbécile du monde et que je dis souvent des méchancetés, ne l'oublie pas. Je t'en prie. Il faut juste que tu apprennes à me faire confiance. Je suis vraiment désolé."

Je soupire puis le tapote légèrement pour qu'il me lâche. Je glisse lentement la tête en avant. Je tends mes bras afin de m'appuyer sur eux pour amortir ma chute. Je reste muette en m'asseyant sur le sable. Enzo pointe alors du doigt la mer, où les reflets orangés du ciel se reflètent.

"-On se baigne ? propose-t-il."

Je secoue négativement la tête en ricanant.

"-C'est ça, va te laver de tes péchés !"

Il joint son rire au mien en secouant ses cheveux de sa main. Je me mords la lèvre en souriant. Je sais que lui pardonner ne fera qu'empirer les choses. Mais, pour l'instant, je m'en fiche.

"-On ne va pas être en retard pour manger chez tes parents ? demandé-je en regardant par réflexe mon poignet gauche, avant de réaliser que ma montre n'y est pas.

-Tu as raison, commençons à rentrer. . ."

Il me présente son bras, comme dans les anciens films. Je pouffe en enroulant le mien autour du sien. Nous traversons la plage, l'un appuyé contre l'autre, comme un vrai couple heureux. Je profite de mes quelques heures de vies car, demain, quand je viendrai au cours de Zumba, Tiff va me tuer de n'avoir assisté à son cours aujourd'hui.
Nous rejoignons rapidement le camping. Il a d'ailleurs la courtoisie de passer par mon bungalow, pour que je puisse me changer. Je monte vite enfiler une petite robe noire toute neuve, me mets du mascara à la va-vite puis ressors. Je retrouve Enzo adossé contre la porte d'entrée, me regardant arriver en se mordant la langue avec un air terriblement sexy. Je lui souris en retour avant de tourner sur moi-même.

"-Comment tu me trouves ? demandé-je."

Il se redresse en cherchant ses mots.

"-Tu es resplendissante. Tout simplement parfaite."

Il s'approche de moi, sans me quitter des yeux, avant d'entourer ma taille d'un bras et de poser délicatement ses lèvres contre les miennes. Il colle ensuite nos fronts et me dévisage ainsi. Je fais de même en me perdant dans ses iris profondément splendides.

"-Je t'aime, fait-il spontanément."

Je ne peux résister à cet aveu et lui offre un de mes plus beaux rictus. Je presse une dernière fois sa bouche contre la mienne avant de lancer.

"-On devrait y aller."

Il me suit d'un air béat, sans réellement savoir où il va, simplement en m'emboitant le pas. Je ferme la porte derrière nous, avant d'entrecroiser nos doigts. Durant tout le trajet, il ne cesse de me taquiner en me tirant les cheveux de ma queue de cheval ou encore de me chatouiller les côtes. Tout va bien, jusqu'à ce que nous soryons devant la maison de ses parents. Je sens alors mon coeur s'accélérer, cogner si fort que je parierai tout l'argent du monde que les battements se voient de l'extérieur. Mes mains se mettent à trembler et mes jambes à flageoler. Je ne peux m'empêcher d'avoir peur. Du rejet, peut être. Enzo le perçoit sûrement, car il place sa main contre mon bassin et me murmure, en embrassant ma tempe.

"-Tout va bien se passer. Je suis là."

Après un dernier bisou sur mes doigts, il frappe à la porte. Celle-ci s'ouvre et nous entrons.

Tout ça pour lui (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant