Je forme un cul-de-poule avec ma bouche et me rapproche du miroir pour mieux appliquer mon gloss. J'ai essayé de faire un effort vestimentaire pour la soirée à la plage, histoire d'être passable pour une des dernières fêtes de l'été. Petit haut marine avec les bretelles à dentelles, jean noir, tenue simple mais très jolie pour paraître plus habillée que d'habitude. J'ai également du maquillage et - petite chose qui fait la différence - du parfum. Je remercie Evy de m'avoir prêté le sien, car il sent divinement bon ! Enzo s'est préparé chez lui, toutes ses affaires étant à son bungalow, et m'a promis que l'on se retrouverait dans le mien. Je perfectionne mon visage avec un peu de blush, avant de contempler le résultat. J'ai l'air. . . différente. Je ne suis plus la même Eléonore qui a passé l'entrée de ce camping, au début des vacances. Je suis impressionnée d'avoir autant changé en si peu de temps. J'ai retrouvé goût à la vie, trouvé une raison de vivre, ai été aimée, ai pris confiance en moi, me suis découvert une passion. . . Qui aurait cru pouvoir se transformer ainsi ?
Un détail attire mon attention. Les coins de ma bouche, étirés vers le haut, affichent d'adorables fossettes sur mes joues fardées. Ce ne sont ni les fossettes, ni mes lèvres colorées que j'admire, mais le bonheur qui déteint sur moi. Une seule ombre, causée par la peur, vient gâcher le spectacle : celle de savoir que cette joie ne dépend que d'une seule personne et, si elle venait à s'en aller, tout cela serait anéanti. C'est toujours comme ça, quand je suis heureuse, je sais que cela ne durera pas, donc cela gâche l'instant."-Bouh !"
Je sursaute en lâchant un petit cri de surprise. Deux grandes mains, que je reconnaîtrais entre mille, viennent cacher mes yeux.
"-Qu'est ce qu'il y a ? demandé-je, curieuse de ma cécité.
-Si j'enlève mes mains, tu gardes les yeux fermés, d'accord ?"
J'acquiesce et obéis, malgré la tentation de voir. Un cliquetis retentit tandis que, ce que je devine être du métal, quelque chose de frais glisse sur mes clavicules. Je ne contiens un sourire, que j'étouffe en me mordant la lèvre.
"-Qu'est ce que c'est ? m'enquis-je, sachant qu'il ne répondra pas."
Il s'empare de mes épaules et me susurre.
"-Tu peux regarder."
Une chaîne dorée trône autour de mon cou, à laquelle pend un coquillage, ressemblant à un porcelaine arctique, doré, lui aussi, pas plus gros que mon pouce. Il est magnifique. . .
"-T'as perdu ta langue ? rit-il en caressant ma pommette."
Je pouffe en effleurant le bijou.
"-Il est sublime. . . tu es fou ! Mais en quelle occasion ? Enfin. . .
-Il n'y a pas besoin d'occasion pour te dire que je t'aime."
Ses lèvres se posent brièvement contre les miennes, son bras s'enroulant autour de ma taille. Il porte un polo blanc, faisant ressortir à merveille son bronzage de l'été malgré les coups de soleil qu'il a pu prendre, avec un jean noir.
"-Tu es superbe, lui dis-je en m'emparant d'une brosse pour dompter ma crinière."
Il me la vole et commence à coiffer mes cheveux. Je me laisse faire. Quand il croise un noeud, il ralentis, comme s'il avait peur de me faire mal. Ses mains caressent mes mèches avec une tendresse infinie. Il repose la brosse lorsqu'il a fini. Machinalement, je passe une main sur ma coupe pour me rendre compte du résultat. Ils n'ont jamais été aussi démêlés.
"-Contente ?
-Ravie, réponds-je en embrassant sa joue.
-Tant mieux. On y va ?"
Il me tend sa main et je la prends, avant de sortir de la salle de bain.
"-Tu te souviens quand tu t'étais maquillé ?"
Il rougit avant de pouffer et de cacher son visage avec sa main libre. Je fais basculer ma tête en arrière pour rire à gorge déployée.
"-C'était hilarant ! commenté-je.
-Arrête ! C'était une période difficile de ma vie d'accord, pendant laquelle j'ai tout remis en cause, plaisante-t-il en mimant fondre en larmes."
Je m'esclaffe, tandis qu'un ricanement se joint au mien.
"-Pauvre garçon, se moque Evy, un sourire aux lèvres. Tu te plaindras plus tard, il est temps d'y aller."
Je ne peux m'empêcher de ressentir un petit agacement du côté du coeur. Une petite réticence vient m'ôter l'excitation de la fête. Une voix dans ma tête me répète de ne pas y aller. Je me rassure en me disant que je vais passer un bon moment, entourée des gens que j'apprécie et de mon homme. Enzo me prend la main, et l'embrasse.
"-Tu vas me trouver idiote, mais j'ai un mauvais pressentiment, déclaré-je."
Il fronce les sourcils.
"-Sotte ? Pas du tout ! En vérité, moi non plus je n'ai pas tellement envie d'y aller."
Bizarrement, le fait qu'il m'ait dit cela me réconforte. Je me sentais seule dans mon angoisse.
"-On aura qu'à partir plus tôt ensemble, d'accord ? proposé-je."
Un rictus coquin vient d'afficher sur ses lèvres.
"-Il me tarde d'y être. . .
-Oh ! Enzo !"
Je m'offusque en le tapant gentiment avant de pouffer de sa bêtise. Bras dessus-dessous, nous sommes sur les talons de ma meilleure amie, d'un pas mal assuré bien que nous nous soutenions chacun l'un l'autre. Mon coeur bat à la chamade, je ne savais si c'était l'anxiété ou la proximité d'Enzo. Celui-là alors, je n'arrive pas à rester calme à ses côtés ! Soit je rougis, ou bien j'agis comme une gourde, je pouffe comme une hyène en chaleur. . . La liste est longue. Seulement, en passant du temps avec lui, toutes ces manies s'émoussent, voire à disparaître. Et puis, je n'étais pas la seule à être gênée quelques fois, mon copain pouvait l'être aussi, cela me rendait moins stupide. Tout paraît mieux à deux, quand on s'aime.
De la musique se fait entendre. Nous nous rapprochons à chaque pas de la plage. Plus nous avançons, plus mon estomac se serre. Il n'y a aucune raison de paniquer, calme-toi Ele ! Un petit feu a été installé, autour sont assis en cercle Dylan, Estéban et Samuel."-Ah ! Les derniers arrivés ! s'exclame Dylan."
Samuel se lève, les bras à demi-étendus vers l'extérieur et les poignets cassés vers le bas, et se précipite pour m'embrasser sur les deux joues.
"-Ma chérie ! Mon Dieu ! Ca fait tellement longtemps ! s'écrit-il tout sourire.
-Je suis désolée, je t'ai totalement laissé tomber. Quelle amie j'ai été. . ."
Il s'empare de mon menton pour le relever et planter ses prunelles dans les miennes.
"-Aucun soucis, tu étais avec ton amoureux et je peux absolument le comprendre. Tu me dois juste un karaoké, une journée shopping. . . je continue ?"
Je secoue la tête en riant.
"-Tu m'as manqué, dis-je simplement en le prenant dans mes bras."
Je le serre fort contre moi. Je me sens tellement cruelle de n'avoir pensé qu'à moi, qu'à mon couple et de l'avoir délaissé, même s'il m'assure que cela n'importe peu. Enzo se râcle la gorge. Quel jaloux. . . Je me sépare de Sam pour l'embrasser sur le bout des lèvres. Je salue Estéban et me rapproche de Dylan pour lui faire la bise, lorsqu'il m'agrippe le bras.
"-Ele, je peux te parler ? Seul à seule ?"
Je fronce les sourcils d'incompréhension. La dernière fois que l'on s'est vus, il me semble qu'il a tenté de m'embrasser et de menacer de briser notre relation. La curiosité emporte néanmoins le dessus. Que me veut-il ? J'acquiesce doucement, ignorant le regard noir de mon petit ami, et le suis à l'écart. Il me présente un lopin de sable, signe que je dois m'asseoir. Je m'exécute, les genoux pliés contre ma poitrine encerclés de mes bras. Il prend place également, puis s'éclaire la voix en toussotant.
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Tout ça pour lui (Terminé)
Fiksi RemajaDes lors où ses yeux se sont posés sur moi, j'ai su que quelque chose avait changé en moi. Mais je ne pensais pas être capable d'agir comme tel par amour. J'ai fait tout ça par amour. Tout ça pour lui.