Tout ça pour lui (Terminé)

Chapitre 21

Je me laisse tomber sur mon lit, épuisée. Je suis venue en vacances pour me reposer après cette année intense à travailler et qu'est ce que j'y trouve ? Des problèmes, des problèmes et encore des problèmes. Je n'en peux plus !

Papa et maman n'auraient jamais dû me réserver un bungalow pour Evy et moi. J'estime que nous ne sommes pas assez mature pour cela. Ce n'est qu'avec du recul que j'ai pris cette décision. Mais à qui en parler ?

A Evy ? Non, elle me supplierait de ne pas faire ça pour pouvoir sortir quand ça lui chante avec Dylan.

A mes parents ? Non, ils prendraient la décision de ne plus m'envoyer en vacances avec Evy.

A Dylan ? Non, sa réponse serait plutôt "Mhh, je m'en fous."

A Enzo ? Non, voilà deux jours qu'il me fait (encore) la tête.

A Samuel ? Non, son copain vient de débarquer au camping et je ne veux surtout pas accaparer l'attention.

A personne ? Cela me semble être la meilleure idée possible.

Seule. Comme toujours.

Je m'empare d'un livre pour chasser ces pensées négatives. Je dois arrêter de broyer du noir. De plus, Les oiseaux se cachent pour mourir est beaucoup plus intéressant que ma vie amoureuse, qui, je le rappelle, est aussi vide qu'un gouffre. Il y avait Enzo, jusqu'à ce qu'il me mette un râteau. Je n'ai plus rien.

Il est 22h et je n'arrive toujours pas à dormir. Je décide de lire sur la terrasse pour prendre l'air. Je m'y installe et continue ma lecture, non sans boule au ventre.

Depuis l'épisode John, je ne me sens plus en sécurité. Je m'imagine qu'il me force à l'embrasser ou autre connerie du genre, et qu'Enzo regarde la scène sans sourciller. Cauchemar qui se répète d'une nuit sur l'autre. J'espère ne pas refaire ce rêve une troisième fois.

Je me concentre tellement sur l'histoire de Meggie et de Ralph de Bricassard que je n'entends pas Samuel s'approcher.

"-Hey, fait-il."

Je tends mon cou pour le saluer d'un bisou sur la joue. Il s'assoit à côté de moi sur le banc en osier.

"-Toi non plus tu n'arrives pas à dormir ?"

Je secoue la tête en refermant mon livre. Je pose ma tête sur son épaule et il pose la sienne dessus. Je me blottis contre lui. Je me sens en sécurité auprès de lui, je n'ai pas besoin d'Enzo.

"-Tu veux en parler ? lui demandé-je."

Il soupire et, d'une voix tremblante, il raconte.

"-Louis a été invité à une soirée, à quelques rues du camping. Il n'a pas voulu que je vienne avec lui pour que personne ne se moque de lui.

-Pourquoi rirait-on de lui ?

-Il n'assume pas tellement son homosexualité. Pas comme moi quoi."

Je prends sa main.

"-Il faut que vous en parliez, que tu lui dises ce que tu as sur le coeur. Même si, je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire, il en en discuter pour pouvoir avancer. Après il y a deux options de sorties : ça passe ou ça casse.

-Mais si ça casse ?

-Tant pis. Je serai là pour te faire des gâteaux-anti-dépression et d'apporter des boîtes de mouchoirs. Puis tu en trouveras un autre qui te méritera vraiment et peut être qu'un jour vous vous marierez en me prenant pour demoiselle d'honneur."

J'offre à Sam mon sourire le plus angélique.

"-Tu ne serais pas en train de profiter de la situation pour. . . ?

-Moi ? fais-je. Absolument pas voyons ! J'ai trop de principes pour ça."

Il rit devant mon ironie à deux balles.

"-Il n'y a que toi pour me faire rire même dans le plus grand désespoir !

-C'est pour ça que tu m'aimes non ?"

Il sourit.

"-En partie oui."

Je frotte son dos de ma main.

"-Pour Louis, ne t'en fais pas. Je serai toujours là pour toi et je te soutiendrai, quoi qu'il arrive.

-Merci, c'est vraiment ce que j'avais besoin d'entendre.

-Mwooo viens mon Samounet."

Je le prends dans mes bras. Il caresse mes cheveux en demandant subitement.

"-Tu m'apprendras à danser dis ! Je ne sais rien faire, à part la macarena, et encore. . . Je ne sais jamais de quel côté de la main commencer !

-Naaan ! Cela devient grave !

-Alors ?"

Il papillonne des cils.

"-Bon ok. . . Tu pourras assister au répétitions pour le concours et je t'apprendrai juste après. Ca te va ?

-Tout me va, tant que je deviens Patrick Swayze !

-Si ça avait été le cas, tu serais déjà mort imbécile !

-Tant mieux ! Comme ça je n'aurais pas à écouter tes problèmes aussi compliqué que le sujet de maths au Brevet."

J'affiche une mine choquée.

"-Pardon ? On en parle de Louis et toi ?! Je pense qu'il ne vaut mieux pas sinon on serait encore là demain.

-Moi au moins, il se passe un truc."

Blessée, je lui tire la langue et m'installe à l'autre bout du banc, les bras croisés sur ma poitrine. Immédiatement, il s'excuse.

"-Pardon. Ecoute, tu es une fille formidable, vraiment. Je ne comprends pas qu'un garçon puisse te repousser. C'est un aveugle et Dieu sait que les aveugles ne constituent même pas un demi dixième de la société. Alors relève toi ! Je ne peux pas croire que la Ele que j'ai rencontré il y a quelques jours en soit arrivée là.

-Moi non plus. Mais je vais me rattraper. Avec l'amour, j'ai oublié les liaisons qui comptent vraiment : l'amitié.

-Bien dit !"

Parler avec Samuel me fait beaucoup de bien. Je me livre tout en sachant que ce qui se dit entre nous restera entre nous. Pour une fois, j'ai une confiance aveugle envers quelqu'un. Et pas aveugle comme Enzo, plutôt comme une personne malvoyante qui se laisse guider uniquement par la voix de son ou sa conjointe.

Je me lève.

"-Je pense que je devrais aller dormir. Tu veux rentrer ? proposé-je.

-Non merci, je vais attendre Louis. Nous avons besoin de parler."

Je le prends dans mes bras en lui souhaitant bonne nuit et m'exécute en rejoignant ma chambre. Je me couche et enfouis mes mains sous mon oreiller, enfin celui qui appartenait à Enzo. Mon doigt heurte quelque chose de dur. Je me redresse et enfourne ma main entre l'oreiller et la taie d'oreiller. J'en sors une petite boîte avec une inscription.

"Petit cadeau d'excuses.

Ce n'est pas très poétique mais Victor Hugo ou Jacques Prévert ce n'est pas trop mon truc. . .

En espérant que lorsque tu écouteras de la musique (tout sauf Despacito stp) tu penseras à moi.

Kiss Kiss

(Tu sais qui je suis mais je vais quand même préciser pour éviter les confusions) Enzo."