Chapitre 56

7 4 0
                                    

Le regard chocolat de Dylan s'arrête sur nous avec une lueur absolument pas rassurante, presque démoniaque. Enzo, à ses côtés, nous aperçoit également et fonce directement vers nous.

"-Tout va bien, dis-je les dents serrées à Evy pour la rassurer.

-Je l'espère, souffle-t-elle en guise de réponse."

Malgré le différent avec Dylan, je ne peux m'empêcher de faire descendre mon regard sur son torse musclé scindé d'abdominaux parfaitement bien dessinés. Je contracte ma mâchoire en baissant la tête. Il n'empêche que ceux d'Enzo sont beaucoup plus bronzés et plus saillants. Ses yeux sont également plus perçants et plus rassurants que ceux de l'ex d'Evy.
Enzo vient se planter devant moi, me cachant le soleil. Je râle alors.

"-Pousse-toi ! Tu me gâches mon chauffage naturel !"

Il affiche une mine boudeuse. Je remets ainsi mes lunettes sur mes yeux, faisant mine de bronzer malgré le fait qu'il soit devant le disque de chaleur. Je profite des quelques secondes de répit pour fermer mes paupières et me détendre. Soudain, une masse m'écrase violemment contre moi. J'étouffe un cri de surprise, qui fait marrer mon copain.

"-Bébé, ronchonné-je, lève-toi, t'es lourd !"

Il ricane en jouant avec mes lèvres. Je continue de gémir d'exaspération en tentant de le repousser. Je suis certaine d'avoir les joues rouges. Cela me rend mal à l'aise vis-à-vis d'Evy et, cela me coûte de l'admettre, de Dylan. Je les sens se dévisager, ma meilleure amie le regardant avec nostalgie.
En mettant un peu plus de force dans mes gestes, j'arrive à le décaler de mon corps. Il roule dans le sable et se couvre de grains. Il rejette sa tête en arrière pour rire à gorge déployée. A chaque éclat, sa pomme d'Adam fait des aller-retours. D'adorables fossettes se creusent dans ses joues. Je cligne des yeux pour reprendre mes esprits et me glisse contre lui pour lui murmurer à l'oreille.

"-Ce n'était pas une très bonne idée de venir avec lui. Vous devriez partir, on se retrouve ce soir."

Il émet un râle en affichant une moue déçue et triste. Je dépose un bref bisou sur ses lèvres avant de me relever pour me replacer sur ma serviette. En lançant une oeillade à Dylan, je constate qu'il ne cesse de fixer Evy en se mordant la lèvres inférieure. Il la détaille comme si c'était la première fois qu'il la remarquait, comme si leur histoire n'avait pas existé et que le début de celle-ci commençait. Que l'émoi des premiers jours était encore présent.
J'ai un pincement au coeur en me mettant à la place de ma meilleure amie. Comment peut-elle tenir aussi longtemps sans lui parler ? Remarque-t-elle le regard qu'il lui lance ? Si oui, comment tient-elle le coup après qu'il lui ait dit qu'il ne l'aimait plus ? S'il l'aimait toujours, pourquoi a-t-il fait une chose pareille ?
Comme par provocation, ils s'installent juste à côté de nous, bien que je leur aie répéter de le faire ailleurs. Nous continuons donc notre conversation à voix basse.

"-Tu comptes revenir danser au cours avec moi ce soir ? lui demandé-je."

Elle hausse les épaules.

"-Sûrement, oui. Ca me permettra de penser à autre chose et on passera du temps ensemble."

Nous finissons par parler de lecture. Quels sont nos livres du moment, de quoi parlent-ils, s'ils valent la peine d'être lus, nos bouquins en communs, nos souvenirs de ceux que nous avons lu et étudié en classe en français, nos auteurs favoris et détestés. . . Une discussion toute à fait lambda.
Même en débitant je ne sais combien de mots par minute, je sens la présence des garçons près de nous, nous observant bavarder. Je remarque aussi que mon amie les a cramés, en voyant ses joues cramoisies et son regard dériver vers eux chaque seconde.
Je ne tiens alors plus et déclare.

"-Vous devriez parler. Maintenant."

Ses yeux bruns s'écarquillent et sa bouche se fait grande ouverte de surprise.

"-Hors de question ! s'exclame-t-elle catastrophée."

Je lève les yeux au ciel.

"-Voyons, ça crève les yeux qu'il est toujours un peu amoureux de toi. Vous devez mettre les choses au clair. Tu as peut être une chance de sauver ton couple. S'il refuse, tu auras essayé. Mais au moins, tu n'auras pas de remord."

Je la vois hésiter. Elle pèse sans doute le pour et le contre. Selon moi, elle aura plus à gagner qu'à perdre car, de toutes façons, il n'y a déjà rien à parier. Elle est gagnante sur tous les terrains. C'est là où je prends conscience que ma relation avec Enzo n'est probablement pas parfaite, mais elle est belle à sa manière. De part nos taquineries, nos dialogues, nos disputes, nos baisers et nos sorties. Nous n'étions certainement pas sans défauts l'un comme l'autre, mais les mathématiques nous prouvent bien que la multiplication d'un nombre négatif par un autre donne un résultat positif.
Contre toute attente, elle cède et se dirige vers lui. Je dois avouer qu'elle est tellement belle en bikini que je pardonne la goutte de bave sortant de la commissure des lèvres de Dylan. Ils s'éloignent ensuite tous les deux, côte à côte.
Mon copain, ne perdant pas le Nord, prend la place d'Evy et me fixe avec un sourire trop angélique pour ne pas cacher d'intentions, sa main soutenant son menton. Il cligne plusieurs fois des yeux, sans quitter son air intéressé.

"-Qu'est ce que tu veux ? soupiré-je."

Il répond très simplement.

"-Me baigner avec toi."

Je refuse catégoriquement.

"-Mais pourquoi ?!

-Pour une raison identique à celle d'hier."

Je le laisse cogiter quelques secondes, le temps qu'il comprenne que les problèmes périodiques des filles ne durent jamais un seul jour. Ayant capté le problème, il fronce les sourcils.

"-Et alors ?

-Et bien ce n'est pas possible. Désolée. . .

-Mais moi j'ai envie d'aller dans l'eau avec toi !"

Il pose sa tête contre mon avant-bras et me caresse le dos de la main. Il est si mignon dans cette position, on dirait un enfant encore innocent. Ses yeux fermés entourés de longs cils, sa bouche contre ma peau, son souffle chaud la heurtant. Il est magnifique. Ses cheveux ébouriffés chatouillent mon bras.
Je me rends compte que j'ai bien fait de me battre pour l'avoir. Malgré ses rejets, j'ai continué de foncer dans le mur et l'ai enfin détruit pour passer au travers. Il avait beau me répéter qu'il était dangereux, têtue comme je suis, je n'en avais pas tenu compte. Seulement je n'ai pas oublié ses paroles, elles sont toujours là, quelque part dans ma mémoire. Un jour, elles ressortiront et je découvrirai enfin la vérité de ses secrets.

Tout ça pour lui (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant