Aucun de nous ne dort. Allongés l'un à côté de l'autre dans ma chambre où Enzo m'a emmenée, dans le lit, nous nous observons sans rien dire, sans oser fermer les paupières de peur de se réveiller seul. De peur que tout cela ne soit qu'un rêve. Un merveilleux songe. Tout a été si parfait. . . Enzo a été plus doux que n'importe qui. Il tremblait même, soucieux de ne pas me faire mal ni me brusquer. Il a été magistral.
Sa main posée sur mon avant-bras, tous deux installés sur le ventre, choie ma peau. Pour rien au monde je n'aurais voulu que ce moment ne s'arrête. Je me rends finalement compte que je n'avais pas à avoir autant d'appréhension."-Après ça, je ne te quitte plus d'une semelle, plaisante-t-il en me rapprochant de lui pour coller nos corps encore nus."
Je ris doucement en enfouissant mon visage dans son cou. Il place ma main sur son torse, à l'endroit où son coeur se trouve.
"-Sens comme je t'aime, susurre-t-il."
Je le perçois très clairement, son rythme est anormalement rapide et fort.
"-Tout ça ? feins-je m'étonner en embrassant sa mâchoire.
-Ce "tout ça" n'est encore pas assez pour te faire comprendre à quel point je t'aime. Dès l'instant où je t'ai vue, mon Dieu, tu étais tellement belle. . . Maladroite, mais magnifique.
-Arrête ! C'est à cause de toi que j'ai cassé mes écouteurs ! protesté-je."
Il part en fou rire tout en caressant mon dos.
"-La première fois que je t'ai vu danser, j'ai eu un choc. T'avais l'air d'être une autre personne, juste. . . wouaw. T'as intérêt à continuer, me conseille-t-il sérieusement.
-Promis !
-Il faudra qu'on voit pour se revoir l'été prochain, ou même à Noël. Tes grand-parents vivent presque à côté des miens, ça devrait pouvoir être possible, non ?"
Il paraît tellement innocent avec cet air d'espoir. Je ne peux retenir un rictus en passant une main dans ses cheveux.
"-Monsieur devient accro, le taquiné-je.
-Juste amoureux."
J'appose mes lèvres aux siennes. Moi aussi, sincèrement. Il le comprend. Il le sait. Je le vois heureux, plus que jamais. Il sourit. Il rit. Cette lueur éprise dans son regard ne le quitte plus, chaque fois qu'il me dévisage c'est pour me montrer à quel point il me trouve incroyable. Je me sens tellement spéciale à ses côtés.
"-Au début c'était mon rôle de penser à "après".
-J'ai été con de m'être moqué, parce que c'est tout ce que je veux désormais. Chaque instant, je le vis comme si c'était le dernier que l'on passe ensemble. J'ai tellement peur que tu me quittes. . ."
Je le serre contre moi.
"-Jamais. Je t'ai fait une promesse, celle de ne pas te laisser tomber, et tu m'en as fait une, celle de ne pas partir une nouvelle fois en vrille si je venais à faillir à mon serment. Tant que tu ne vas pas voir ailleurs, je pense être capable de tolérer encore pas mal de bêtises et de te les pardonner. . ."
Nous ricanons en pensant à tout ce qu'il m'a fait endurer. Cela a renforcé les sentiments que j'ai pour lui.
"-Après s'être vus tous les jours, ça va être dur de ne plus se voir, dis-je avec une pointe de mélancolie.
-Je vais t'appeler toutes les heures, même si tu es en cours je m'en fiche. Je t'enverrai un message par minute. Tu ne m'oublieras pas si facilement, rit-il en me gratifiant d'un court bisou sur les lèvres."
Je l'espère bien, je n'ai aucune envie de ne plus me souvenir de lui. Il hantera chacune de mes pensées, chaque seconde. Il est comme mon oxygène, on a pas conscience de respirer seulement cela nous est vital pour vivre. Même si je ne pense pas à Enzo, cela ne veut pas dire que nous ne nous aimons pas.
Je n'ai jamais aimé les au-revoir, car on ne sait jamais si on va revoir la personne. Cela nous teste, teste notre aptitude à attendre, à manquer. Plus les séparations sont difficiles, plus les retrouvailles sont belles. Puis viendra le temps d'autres ruptures, et ainsi de suite. La vie est faite d'allers et venues entre êtres humains, cependant nous finissons toujours avec quelqu'un, que ce soit en amour ou en amitié."-Je n'ai pas envie de dormir, pas envie que ce moment se finisse, gémit-il en serrant sa prise.
-Moi non plus."
Ma vie était plate, sans rien. Je vivais à peine, je survivais. J'encaissais les remarques de mes proches, toutes négatives. Je lisais ou écoutais de la musique pour m'échapper. Mes amis se comptaient sur les doigts d'une main. Quand bien même j'en avais, je ne leur confiais presque rien. En rencontrant Enzo, je suis sortie de ma zone de confort, toutefois la récompense n'en est que meilleure. Il faut se sacrifier quelques fois pour obtenir quelque chose de mieux encore. Il m'a apporté cet élément perturbateur qui me fait exister et cette ancre qui me maintient sur Terre. Je serais perdue. En si peu de temps, il s'est octroyé tant d'importance que ce serait tellement dur de reprendre l'équilibre sans lui.
Bien que ma volonté soit sans faille, le sommeil me domine et je tombe dans les bras de Morphée.*
Un souffle chaud me chatouille la nuque. J'ouvre délicatement les yeux avant de croiser deux prunelles fixées sur moi.
"-Coucou, chuchote Enzo."
Je lui réponds par un bisou sur le nez. A en juger de ses cernes, il n'a pas beaucoup dormi.
"-Tout va bien ? demandé-je inquiète."
Il prend ma main dans la sienne avant de l'embrasser.
"-Je ne voulais pas m'endormir. Je ne veux plus perdre de temps."
Son sourire niais me pousse à l'imiter. Il a beaucoup changé pendant cet été, dans le bon sens. Il a véritablement fait un effort sur lui-même pour se maîtriser, pour s'ouvrir, pour s'accepter et accepter les autres. Il a gardé son fort caractère, qu'il utilise à bon escient et non à tout va en envoyant tout valser à chaque saut d'humeur. Il a su prendre ses responsabilités, sans pour autant abandonner l'enfant en lui qui ressort le plus souvent possible.
"-J'aimerais tellement l'arrêter d'un claquement de doigts. Ou bien, pouvoir me télétransporter sans avoir à faire des heures de trajet pour se voir en dehors des vacances, rêvé-je éveillée en passant une main sur son bras."
Ma tante Géraldine disait toujours que les bonnes choses avaient une fin. Je réalise malheureusement qu'elle a raison. Quand nous serons séparés, tout redeviendra comme avant. Je serais à nouveau transparente aux yeux du monde. Je n'aurais plus confiance en moi. Je serais seule. Comme à mon usuel.
Nous nous rhabillons vite fait, lui reste torse nu tandis que je lui emprunte son t-shirt, pour descendre. Nous cuisinons ensemble. Du moins, nous essayons."-Bébé, stop il n'y en aura plus ! râlé-je les poings sur les hanches."
Il ne cesse de tremper son doigt dans la pâte à gâteau et de la goûter ! Il ricane en embrassant ma pommette, avant de prendre encore de la préparation sur son index et de l'approcher de ma bouche. Il y enfourre sa phalange. Je me souviens que je faisais tout le temps cela, petite. Maman avait du me faire sortir de la cuisine le temps qu'elle le mette au four sinon je finissais tout.
Evy nous a surpris en nous prenant en photo. Je dois dire que le cliché est réussi, même si j'ai feint ne pas avoir aimé être prise avec mon homme.
Nous avons déjeuné la pâtisserie. Bien qu'il n'y ait plus banal, le moment était divin. On aurait dit que nous étions une famille heureuse, Evy jouant le rôle de la tata. Je donnerais tout, absolument tout, pour passer ne serait-ce qu'une deuxième matinée comme celle-là.
Je croyais que j'allais exploser de bonheur. Mes lèvres n'avaient pas cessé de sourire. Mes yeux n'avaient pas quitté Enzo. Mon coeur ne cessait de battre d'amour.
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Tout ça pour lui (Terminé)
Novela JuvenilDes lors où ses yeux se sont posés sur moi, j'ai su que quelque chose avait changé en moi. Mais je ne pensais pas être capable d'agir comme tel par amour. J'ai fait tout ça par amour. Tout ça pour lui.