Chapitre 29

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"-Ele, je t'aime. Je t'en supplie ne me quitte plus, embrasse-moi.

-Oui Enzo, tout ce que tu voudras. . ."

Je me mets sur la pointe des pieds et dépose délicatement mes lèvres sur les siennes. Je les embrasse avec avidité, craignant que cela n'ait jamais existé. J'agrippe ses cheveux et les tire légèrement.

"-Ele, gémit-il.

-Enzo, imité-je."

"-HEIN ?!"

Je fronce les sourcils et me mets sur le ventre pour cacher mes yeux des rayons du soleil.

"-Ele, tu vas tout de suite m'expliquer pourquoi tu dis "Enzo" très sensuellement pendant ton sommeil."

Les yeux encore fermés, je lance mon bras en arrière pour la taper. Je ronchonne avant d'enfin ouvrir les paupières. Je tombe sur une Evy, assise à califourchon sur moi, les coudes posés sur le lit, soutenant sa tête.

"-Et toi tu vas m'expliquer pourquoi tu me fixes comme une psychopathe quand je dors."

Elle rit en se levant pour que je me mette sur mes pieds. Elle prend la direction de l'escalier, lorsqu'elle se retourne pour m'annoncer.

"-Ah au fait, y'a les garçons en bas qui attendent leur cours de danse."

Puis de descendre.

"-Merde !"

Je me lève en vitesse, enfile rapidement un legging et un t-shirt de sport. Je ne prends pas la peine de me coiffer et m'empare d'un élastique afin de faire ma queue de cheval sur le trajet. Une fois dans la cuisine, je vois les trois compères d'esclaffer en voyant ma tête. Je serre les poings en grognant.

"-Quoi ?!"

Enzo s'approche et me prend par les épaules.

"-Ooooh regardez-la, elle est de mauvais poil !"

Je le fusille du regard avant de jeter un coup d'oeil à l'horloge murale de la cuisine. 7h30. Excédée, je m'écris.

"-C'est une blague ! Il est même pas 8h !"

Ce qui me vaut un nouvel éclat de rire de la part de mes "amis". Je croise sur ma poitrine et gonfle mes joues.

"-Awww, le petit ours est grognon ce matin ! renchérit Dylan."

Je meurs d'envie de lui offrir un magnifique doigt d'honneur, cependant je préfère garder le peu de dignité qu'il me reste pour passer outre puis de prendre un bol dans le placard et me servir des céréales. Ils continuent de pouffer, affalés sur le canapé. Je soupire intérieurement. Jamais une minute au calme dans cette baraque ! Toujours quelqu'un pour vous perturber. Mon téléphone émet un "Ding". Je m'en empare pour lire le message.

Samounet - Hey Babe ! Que dirais-tu d'une petite virée shopping tous les deux ? J'ai trop besoin de refaire ma garde-robe.

Je souris en lisant le texto. Je nous vois parfaitement ensemble dans une galerie commerciale, dandinant du popotin, se tenant par les coudes, puis dans les cabines d'essayages, sortant ensemble en jugeant nos tenues mutuellement. "Ah non ma chérie, ça c'est trop moche, on dirait un saucisson prêt à découper !" Je pose ma cuillère pour répondre à son SMS.

Moi - Yassss ! Quand tu veux !

Samounet - Demain 9h devant chez toi ?

Moi - Ca marche ! Trop hâte !

Samounet - Moi aussi mon bébé, bisoooooouuuus !

"-A qui tu parles ?"

La voix sèche d'Enzo me tire de ma discussion virtuelle. Mon rictus s'efface en voyant son air irrité. Si ses yeux pouvaient tuer rien qu'en fusillant du regard, j'aurais déjà le Paradis depuis l'an 1.

"-De quoi je me mêle ? répondis-je."

Mon ton distant le fait contracter sa mâchoire. Les souvenirs d'hier, sa peau contre la mienne, son souffle se mélangeant au mien, la douceur de ses paroles et de ses gestes. . . Si je n'avais pas si mal au pied d'avoir tant dansé, j'aurais pu croire que tout cela avait été un rêve. J'ai remis les pieds dans la réalité, où les contes de fées n'existent pas, où les problèmes existent et sont quotidiens. Evy en rajoute une couche en tapant dans ses mains.

"-C'est un message de Noah ?! OH MY GOD ! Pourquoi tu ne lui as pas dit de venir à la fête hier ?"

Mais qui est Noah ? Oh mais oui ! J'avais totalement oublié ! Mais quelle gourde je fais. J'invente un personnage et l'oublie quelques heures après. Heureusement que je ne suis pas scénariste, sinon quel bazar se serait dans les séries. Je décide de continuer sur la lignée du mensonge.

"-Il n'avait pas envie de venir. Il était très fatigué, il n'avait pas dormi la nuit précédente.

-Cela a-t-il un rapport avec toi ?"

Elle m'adresse un clin d'oeil entendu. Le visage d'Enzo prend une couleur cramoisie. Nullement de honte, mais sûrement de colère. Serait-il jaloux ? Si tel était le cas, pourquoi ne se met-il pas avec moi plutôt que de me repousser sans cesse.

Je suis dangereux.

Et bien figure-toi que moi aussi je peux le devenir lorsque je n'ai pas ce que je veux. Pourquoi ne peut-il pas m'aimer, tout simplement ?

Le plus dur, c'est que l'on ne peut forcer quelqu'un à aimer. Il n'y a plus d'alchimie, plus de fusion.

Pourquoi ne me laisse-t-il pas tranquille ? Que mes sentiments puissent s'émousser. Que le temps panse mes plaies. Que j'aime enfin quelqu'un qui me rendra mes sentiments.

Je jette le reste de Corn Flakes. Il m'a coupé l'appétit. Je me coiffe finalement à la va-vite.

"-Allons danser. Il est tôt, mais au moins nous serons plus efficace. Ah, au fait, demain je ne serai pas là. Il n'y aura pas répétition."

Evy s'en réjouit.

"-Tu vas voir Noah ?"

Je lève les yeux au ciel en remplissant ma bouteille d'eau pour la mettre dans mon sac de sport avec ma serviette en microfibres. Nous allions sortir, lorsque je remarque qu'Enzo est resté là où il était sur la canapé.

"-Bah, tu viens pas ?"

Il se tourne vers moi, m'offrant un regard noir.

"-C'est plutôt à toi que je devrais dire ça. Tu nous abandonnes pour rejoindre ton connard de petit ami ! Il te saute et ça lui donne le droit de te voler pendant les répétitions ?! Je vais aller lui casser la figure, et la tienne aussi. Qu'est ce qu'il te prend de tout laisser tomber maintenant ? Je croyais que tu étais prête à tout pour gagner, mais tu ne te donnes pas les moyens d'y arriver ! Je pensais que tu m'aimais, je me suis fait avoir comme un con !"

Tandis qu'il crie, la veine de son cou devient de plus en plus saillante. Sa voix monte crescendo, si bien que je suis sûre que tout le camping l'a entendu. Il continue de plus belle.

"-Tu me déçois. Tu es naïve de croire que votre histoire va durer. Tu es tellement chiante que personne ne peut rester ne serait ce qu'une minute avec toi. Tu te demandes pourquoi tu es toujours seule, mais demande-toi plutôt ce qui ne va pas chez toi, et non chez les autres. Alors vas-y, mais sache que, si tu t'y rends, tu me perdras à jamais."

Mon coeur saigne. J'ai mal. Je trouve néanmoins la force de ricaner jaune. Mon rire me fait peur moi-même.

"-Te perdre ? Mais je ne suis rien pour toi et tu n'as jamais voulu que je sois quoique ce soit. Oui, je suis chiante. Ce qui me vaut sûrement d'être seule. Mais ce n'est pas normal qu'hier j'ai voulu me foutre en l'air. Et tu m'en as empêché en me retenant par le bras. Oui, je suis naïve. Stupide de croire que je peux compter pour toi. Ce n'est même pas Noah que j'allais voir mais Samuel. Il voulait qu'on fasse les magasins ensemble. Oui, je suis toujours vierge. Mais qu'est ce que cela peut te faire si je t'ai perdu ? Qu'est ce que cela peut te faire si je ne compte pas pour toi. Tu es dangereux. Laisse-moi rire. Tu te prends peut être pour le dragon dans La Belle Aux Bois Dormants, seulement un jour mon prince viendra m'arracher de tes griffes. Dès lors, je serais libre. Libre. Adieu."

Tout ça pour lui (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant