Chapitre 75

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Sa langue se fraie un passage jusqu'à la mienne pour la caresser. Seulement, la tendresse n'y est plus. Il devient plus brusque, plus. . . passionné ? Sa main glisse derrière mon crâne pour agripper mes cheveux et pencher ma tête en arrière. Il gémit, insistant et approfondissant encore notre étreinte. Soudain, je panique. Je le repousse franchement avant de m'essuyer les lèvres et de me cacher derrière les manches de mon sweat-shirt. Il émet un râle en passant une main sur son visage.

"-Bordel ! Qu'est ce qui se passe ? J'ai attendu ce moment depuis le début des vacances, que t'arrive-t-il ?"

Devant la violence de son ton, mes yeux s'embuent et ma voix devient rauque.

"-Je suis désolée. . . je ne sais pas ce qui m'a pris. Pardon. . ."

Je tremble légèrement. Ma position doit lui faire pitié, car il soupire avant d'enlacer mes épaules. J'ai tellement changé en trois jours. Avant, j'étais prête à tout pour ne pas me laisser marcher sur les pieds. Si j'avais été l'ancienne Elé, je l'aurais insulté. A quoi bon à présent ? Je suis seule, sans défense. Je suis brisée, alors un peu plus ou un peu moins où est la différence ?

"-Je comprends, c'est moi qui suis désolé, rétorque-t-il d'une voix étonnement douce. Je suis vraiment qu'un con de précipiter les choses comme ça et de tout gâcher. Mais j'attends depuis si longtemps. . ."

Je lui assure que ce n'est rien. Même si je ne suis pas idiote et que je sais pertinemment qu'il joue la victime pour me faire culpabiliser, je suis bien dans ses bras donc je le laisse me prendre pour une imbécile. J'ai l'impression d'être dans ceux d'Enzo.
Encore lui. . .

"-Je suis un peu maladroit, je n'ai jamais eu de copines avant. Je m'emporte pour rien, laisse moi du temps, s'explique-t-il.

-Laisses-en moi également, demandé-je. Je n'ai toujours pas oublié Enzo.

-Bien entendu. Bon, je pense que je vais aller me coucher. Bonne nuit !"

Je lui réponds, tandis qu'il embrasse ma tempe avant de s'éloigner. Je reste hagarde quelques minutes, le temps de réaliser et de digérer ce qu'il vient de se passer. Je l'ai vraiment embrassé ? Je me cache en songeant qu'on s'est sautés dessus comme des sauvages. Mon Dieu ! Que m'est-il passé par l'esprit ? Comment suis-je censée réagir en sa présence ? Ai-je réellement envie d'être en couple avec lui ? Pour l'instant, non. J'ai encore espoir de me remettre avec Enzo. Ou peut être devrais-je abandonner ?
Je soupire en levant la tête vers le ciel étoilé. La dernière fois qu'il m'est arrivé de le contempler, j'étais aux côtés d'Enzo, après l'amour, lorsque ni lui ni moi n'étions capable de dormir. Nous nous émerveillons devant la quantité d'étoiles au dessus de nous. Il m'inventait toutes sortes de constellations. Constellation de la pizza, de la banane, de moi-même. Bien que la planète du bonheur n'existe pas, nous avions l'impression de nous y trouver ensemble depuis toujours.

"-T'es vraiment une belle salope !"

Je sursaute. Cette voix. . . Dylan se place face à moi. Je me sens soudain petite en étant assise. Je me lève donc pour arriver à sa taille. Je rassemble mes dernières forces pour répliquer.

"-Je te demande pardon ?"

Je devine un visage rubicond sous la lumière de la lune. Ses sourcils se froncent.

"-J'ai peut être largué Evy comme une merde, mais je ne l'ai pas remplacée la seconde d'après. T'as quitté Enzo pour te mettre avec ce connard ?!

-Pas du tout !

-Ah ouais ? Bordel t'as vu dans quel état il est ?! Viens et vois par toi-même !"

Il me tire par la manche violemment pour me guider vers leur bungalow. Plus nous nous rapprochons, plus ma respiration se fait saccadée. Les souvenirs m'assaillent. Je ne peux pas. Je tente de me dégager, seulement sa poigne est trop forte. Il ouvre la porte en la claquant. Je n'y ai pas même placé un pied que je regrette déjà d'y être allée. L'air ne passe plus du tout dans mes poumons. Je cache ma bouche de ma main pour masquer mon désarroi. Les larmes coulent sans que je ne puisse plus rien faire. Enzo est affalé sur le sol, portant encore les vêtements de la fameuse soirée. Des bouteilles d'alcool fort traînent autour de lui. Il baigne dans son vomi. Horrifiée, je m'énerve contre son meilleur ami.

Tout ça pour lui (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant