Après des années d'errance, Louise est enfin heureuse. Elle a retrouvé son Thomas, et ils ont ouvert il y a un an la librairie dont elle rêvait. Mais le passé revient la hanter et commence alors une longue quête d'identité, qui la mènera jusqu'en Ca...
Je suis réveillée tôt, par des voix en italien qui résonnent dans les cours pavées des alentours. Il n'est que sept heures quinze et les mammas profitent de la fraîcheur matinale pour faire le ménage. J'entends les aspirateurs vrombir, la RAI* brailler, les chiens hurler et les femmes s'apostropher pour échanger les dernières nouvelles. Un réveil parfait pour débuter ma première journée ici.
J'ai dormi d'une traite, mais d'un sommeil lourd, épais, sans rêve, comme un trou sans fond, et je me sens aussi épuisée que la veille. Je sais que mes parents devraient recevoir ma lettre aujourd'hui et j'appréhende leur appel. La colère de mon père, les larmes de ma mère. Chez eux, le facteur passe vers onze heures trente, mon père va toujours chercher le courrier avant de passer à table. J'ai encore quelques heures de répit avant de devoir les affronter.
J'ouvre les fenêtres pour profiter de l'air doux et descends prendre mon petit déjeuner. Enzo m'a expliqué hier comment utiliser la petite cafetière italienne, je la remplis d'eau, tasse le café dans le filtre et la ferme avant de la poser sur le gaz. Je m'assois à table en attendant que ma boisson soit prête, et regarde autour de moi, morose. Au-dessus de l'évier, il y a un égouttoir à vaisselle, masqué par des portes de placard. J'adorerais avoir ça chez moi, pour éviter la vaisselle qui traîne, mais c'est bien la seule chose que j'emporterais d'ici. Je déniche du sucre dans un placard, et quand l'odeur de café embaume la pièce, je m'en sers une tasse. Imbuvable. Il faudra que je demande à Enzo comment doser le café moulu dans cette machine. J'ajoute un peu d'eau froide, mais le résultat n'est pas concluant, je finis par vider le breuvage dans l'évier et monte me doucher avant d'aller chercher un bar où boire un cappuccino digne de ce nom.
Il n'est pas encore huit heures mais il fait déjà chaud. Vêtue d'un short et de sandales, je suis les indications d'Enzo et descends la rue avant de prendre la parallèle, où je trouve le bar qu'il m'a recommandé. La cloche tinte quand j'entre et je m'avance vers la vitrine pleine de pasti fresci et secci, ces pâtisseries à base de crème ou d'amandes. Il y a aussi un petit présentoir à cornetti, et des bacs à glaces, vides. Ni tables, ni chaises, ici le café se boit visiblement debout au bar. Derrière moi, une armoire congélateur propose des gâteaux glacés et des entremets. Il y a aussi des paquets de chips, des bières, des machines de jeux, et des dizaines de bouteilles alignées derrière le bar. Je crois que ce genre d'endroit hétéroclite n'existe pas en France.
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Un type d'une trentaine d'années arrive de l'arrière-boutique. Il me sourit mais je suis hypnotisée par les énormes bras tatoués qui dépassent de son tee-shirt.
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