En media, "Loose Yourself", Eminem
Malgré tout le stress, la nuit a été reposante, je suis tellement épuisée que le corps a pris le pas sur mon esprit, et j'ai dormi presque sept heures d'affilées.
Enzo est déjà debout quand je me lève, et vu sa tête, il n'a pas dû dormir aussi bien que moi. Il a préparé du café, et me sert une tasse quand je le rejoins. Les volets sont fermés en bas, pour ne pas dévoiler sa présence ici. Pas question de sortir aujourd'hui,mon visage a encore gonflé, je ne suis pas présentable, et je ne veux ni ne peux attirer l'attention sur moi.
— Louise, me dit-il quand nous attaquons la deuxième tasse, j'ai bien réfléchi cette nuit, et...
— Ne recommence pas, soupiré-je.
— Attends, écoute-moi. Finalement, c'est une bonne chose que Montolo ne soit pas venu hier. Déjà, je pense qu'ils n'imaginent pas que tu as un complice, sinon ils auraient fouillé la maison, et le fait que tu n'aies pas craqué malgré les coups va endormir leur méfiance. Mais il y a deux soucis. Déjà, le fait qu'ils soient « chez eux » ne nous permet pas de nous préparer en amont. Je ne pourrais pas me cacher comme je l'ai fait ici, et l'intervention sera forcément retardée. J'ai pensé à deux solutions pour pallier ce problème : soit tu portes un micro...
— C'est non. Ils vont me fouiller. Avec le coup de Tom et Charlie, ils n'ont plus confiance en moi. Il ne parlera pas sans vérifier.
— Je n'en suis pas si sûr. Je pense qu'ils te croient vraiment inoffensive, mais c'est vrai que c'est un pari incertain. L'autre solution, c'est que je prévienne un de mes collègues à la brigade, qui sera là en renfort. Il apportera des jumelles infrarouge, je serai caché en face, il y a un appartement au même niveau, et lui en bas, dans la rue, prêt à intervenir.
Je fais la moue. Ça ne me plaît pas d'introduire quelqu'un d'autre dans cette histoire, mais je comprends que je n'ai pas vraiment le choix.
— Louise, c'est l'un ou l'autre, me confirme Enzo.
J'opte alors pour la seconde proposition en maugréant.
— Il y a autre chose, ajoute-t-il doucement. Je ne peux pas te garantir quelles seront les dispositions de Montolo quand il viendra. Je ne le connais pas assez bien, et c'est la première fois que je gère des histoires de famille intra-mafia. Il pourrait venir pour discuter comme tu le demandes, mais aussi simplement ne pas se déplacer et te faire exécuter. Tu comprends cela ?
Je hoche la tête lentement.
— Ce que je veux te dire, c'est que si l'un d'entre eux te poignarde ou te tire dessus sans sommation, je ne... je ne pourrai rien faire. Tu dois être au clair avec ça. C'est quitte ou double, Louise.
— S'il me tue, tu l'arrêteras pour meurtre et il ira en tôle, n'est-ce pas ?
— Oui... si c'est lui. S'il ne vient pas, s'il envoie ses sbires faire le sale boulot, je n'aurai rien contre lui.
— On aura fait tout ça pour rien, murmuré-je, dépitée.
— Non parce qu'on a ses comptes, le cryptage était sommaire, j'ai pu déchiffrer assez facilement. Je les ai un peu épluchés, je peux te dire que c'est très intéressant. Et Louise, je suis sûr qu'il sera là. Tu es sa fille quand même, et il le sait. Je ne peux pas concevoir qu'il te fasse supprimer comme ça. Vraiment. Sans compter que tu es sa seule chance de récupérer son livre.
— Hum. J'espère que tu as raison. C'est tellement plus rassurant.
Le reste de la journée se passe tristement. Je prépare mes valises, range et nettoie la maison, parce que, que je perde ou que je gagne, c'est la fin de mon séjour ici. Je meurs, ou je vais rejoindre Tom à Salerno.

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Casalnuovo RC
RomanceAprès des années d'errance, Louise est enfin heureuse. Elle a retrouvé son Thomas, et ils ont ouvert il y a un an la librairie dont elle rêvait. Mais le passé revient la hanter et commence alors une longue quête d'identité, qui la mènera jusqu'en Ca...