Chapitre I : infiniment belle

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« Ses parents étaient des excentriques, il menaient une vie d'excès, ce n'est pas étonnant qu'il leur soit arrivé tel malheur, c'est le bon dieu qui les as punis. »

*

Nathanaël

Elle se mit a dévaler la pente à toutes jambes, ses longs cheveux auburns volant à travers les vents, nous étions en retard et bien que sachant qu'elle n'en avait que faire, elle faisait semblant de s'en préoccuper pour pouvoir, un instant, se permettre une telle fantaisie, courir, plus vite encore qu'un loup, ou plutôt -s'il s'agit d'elle- qu'un renard. J'étais là, encore si haut, si loin derrière elle, toujours tellement éloigné, en retrait, je la regarde mais elle ne me vois pas. C'est toujours ainsi. Elle s'arrêta soudainement, se retourna, me souris, ce sourire étrange qui ne signifie rien, qui ne veux même rien dire, qui n'est là que pour décorer, et elle me fit un signe de sa main si fine, si pâles. Peut être, si j'osais, je pourrais me dire qu'elle était infiniment belle et encore plus qu'elle ne me remarquait pas, mais je suppose que c'est mal de penser ce genre de chose.

Je vous déteste Ambre Leward, si seulement j'avais pu me dire que vous étiez ma sœur.

*

- Monsieur Hamilton, mademoiselle Leward, comment se fait-il que tout les jours vous ayez au minimum trente minutes de retard alors que vous habitez à deux pas d'ici ?

Ambre ne disait rien, elle se contentait de le fusiller du regard, évidemment pour cette fille là, une simple fusillade ne suffisait pas, son regard, ce regard que je connaissais bien, c'était un regard glacial, un regard qui effraie et même notre très cher professeur monsieur Keegan ne pouvait s'empêcher d'être mal à l'aise face à cela.

- Mais enfin voyons mes enfants ! s'exclama l'enseignant à la fois gêné et fou de rage, dites quelque chose !

Je baissais les yeux, devais être rouge pivoine, je me souviens cette sensation, mes joues bouillantes, mes mains moites, j'ai toujours eu horreur des démonstrations publiques et puis horreur de tout ces regards, de tout ces chuchotement, « Et tu as vu comme Nathanaël est rouge ! Encore un peu et son crâne explose », horreur tout ces rires, de ces petits rires étouffés, de ces petit rires moqueur, j'avais envie de m'enfoncer, j'avais envie de disparaître.

- Très bien, j'ai compris, puisque c'est la retenue que vous voulez, vous l'aurez ! Vous viendrez me voir à la fin du cour Repris Keegan d'un ton agacé, Croyez moi je suis triste d'en arriver là... Allez à vos places maintenant.

Nous partîmes nous assoir sans un mot, bien que j'eu cru entendre un petit rire sortir de la bouche d'Ambre, quelque chose de léger, quelque chose de presque inaudible, ou peut être était-ce simplement mon esprit. Et le silence se fit, ils m'avaient sûrement tous déjà oublié et j'en étais bien content.

Ambre, assise, sagement à sa place, le visage tourné vers l'extérieur, des éclats de soleil dispersé sur le visage, la tête dans la main, déjà loin de nous. Le cadre en bois salis de la fenêtre ne laissait que peux d'échappatoires tant il était étroit, mais elle avait trouvé la faille et le monde semblait en suspend autour de ses prunelles. Tout s'arrêtait, tout se taisait quand je la regardais. Même les rangés de bureaux parfaitement alignés qui m'oppressaient, même le bruit de la craie sur l'imposant tableau noir -ou plutôt vert foncé pour être précis bien que personne ne le mentionne jamais- semblait lointain. Faisant abstraction des messes basses, j'était fasciné, elle n'était pas humaine, elle était bien au dessus de moi, et sûrement bien au dessus de toute âme présente dans cette classe. Parfois, elle paraissait sortir de ses songes, et comme si elle avait pu au même moment écouter le cour, elle levait la main et donnait la réponse exacte. Souvent, je doutais qu'elle fut normale. J'avais pourtant déjà essayé à de nombreuses reprises de trouver sa faille, mais je ne la voyais pas.

L'absenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant