Chapitre V (partie 2): Les lois de la physique

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Adelheid

Quand elle remonta dans sa chambre, la soirée battait encore son plein. Et, alors qu'elle voulait ouvrir sa porte, elle est tombée, raide, sur le sol. Au bout du couloir, je me précipitais vers son corps immobile.

Elle respirait difficilement ; par moment, son souffle se coupait, et elle poussait un léger gémissement. Je posais ma pile de linge sur le sol pour m'accroupir face à elle, passant ma main sur son visage immaculé. Elle était bouillante de fièvre.

J'étais paniquée, ne savais que faire. Je m'empressais de me relever, courant à toutes jambes au travers des couloirs de la maison. Mes pieds dévalaient les longs escaliers de marbre, les gens tournoyaient, les pas bien au rythme. Les battements frénétiques de mon cœur résonnaient dans mon corps tout entier. J'agitais la tête dans tous les sens, je voulais saisir le regard d'un membre de la famille Leward. Au bout de quelques longues minutes à me faire bousculer, à trébucher, avalée par la foule, je finis par apercevoir monsieur Francis.

- Monsieur Francis ! Hurlais-je alors qu'il se tenait à quelques mètres de moi.

Il se crispa en me voyant. Puis vint vers moi, interloqué.

- Adelheid, chuchota-il sans même me regarder, surveillant les alentours pour vérifier que personne ne faisait attention à nous, je peux savoir ce que vous faites ici ?

- C'est Mademoiselle Ambre, elle a fait un malaise, elle est remontée plus tôt ce soir, je n'étais pas avec elle, j'aurais dû être là, mais il faut aller l'aider ! Dis-je au bord des larmes.

- Et tu n'aurais pas pu demander à un valet de pieds de venir m'en avertir ? Aboya-t-il, Petite sotte, quelle impression vont avoir les gens.

Son regard était empli de haine. Il m'aurait bien frappé s'il n'y avait pas eu du monde autour.

- Excusez-moi, mais le temps presse, Mademoiselle est toute seule là-haut, et elle a de la fièvre.

Alors que j'étais à deux doigts de fondre en larmes, il fit un geste froid de la tête m'indiquant d'avancer.

Une fois arrivé, il posa un genou à terre, et regarda, sourcils froncés la jeune fille étendue. Il caressa son visage délicatement, un sourire étrange au bout des lèvres. J'étais terrorisée.

Il tourna la tête et beugla :

- Adelheid ! Qu'est-ce que tu fais plantée là ? Va donc chercher de l'aide en cuisine !

C'était un homme autoritaire et violant, surtout quand il était ivre. Il détestait les domestiques, ne nous considérait à peine. Nous étions pour lui de la vermine. J'avais horreur de la manière dont il regardait sa cousine. Méprisant et désireux à la fois. Il cherchait la moindre occasion de parsemer son chemin d'embûches. Heureusement, Mademoiselle Ambre était forte, elle esquivait parfaitement. Mais toute la famille était un peu comme ça à sa manière. Je ne devrais pas critiquer ceux qui me permettent de vivre mais il suffit de voir Monsieur Leward, toujours dans l'apparat. Son fils appliquait les mêmes règles, plus soucieux du regard des autres que de la santé de sa cousine.

L'absenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant