Chapitre XII (partie 1) : Quelque chose de nouveau

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Matthieu

Mon très cher Matthieu,

À l'heure où je t'écris, je viens d'arriver chez moi, dans la petite maison que mes grands parents ont battis. C'était la deuxième fois de ma vie que je prenais le train. Je pensais te revoir avant de partir, mais ce ne fut pas le cas. Je suppose que c'est parce que nous serons, peut être, un jour amenés à nous revoir. Je l'espère du plus profond de mon cœur.

Hier, Ambre est venue me rendre visite dans ma chambre. Nous sommes amies désormais, et elle m'aime, et je l'aime. C'est ainsi, je ne sais pas si je comprend tes mots désormais, mais peu importe.

Ce matin, quand je suis sortie, le soleil de plomb était déjà haut dans le ciel, l'été sera chaud. Mes parents sont heureux que je sois rentrée, mais je vois bien que ma mère s'inquiète. Ici, je ne suis qu'une bouche de plus à nourrir, qu'un salaire de moins pour la famille. J'espère retrouver rapidement du travail.

Au moins, je serais au frais pour l'été.

C'est drôle tout de même ici j'ai le mal de la campagne, alors qu'il y a quelques jours à peine j'avais le mal de la ville. J'aimerais trouver du travail près de vous, d'ici là je me contenterais du travail des champs. Ici, ma famille a toujours besoin de main d'œuvre.

Transmet mes amitiés à notre protégée de ma part, et prend grand soin d'elle,

C'est ton amie qui te le demandes.

À très vite,

Adelheid.

Depuis le départ d'Adelheid, les relations entre Mademoiselle Ambre et sa famille sont bien loin de s'être améliorés. Sans personne à ses côtés, elle est vulnérable. C'est une jeune fille courageuse, bien sur. Mais même le plus téméraire des guerriers aurait du mal affronter tant de haine et de violence. En apparence, elle y parvenait sans peine, mais la réalité était bien là ; son corps s'affaiblissait de jours en jours comme il ne s'était jamais affaibli.

- C'est embêtant... chuchotais Madame Leward à son mari.

- Pensez vous qu'il faudrait hâter les noces ? Renchéris ce dernier, après tout j'en ai le droit en temps que tuteur...

- Je n'y verrez pas d'inconvénient... Mais sans héritier... Un bon médecin...

- Peut être...

J'avais du mal à percevoir claire ce que disaient les deux mégères, et je ne pouvais me permettre de me rapprocher. J'avais tellement l'habitude de les entendre comploter en douce, à l'abris des oreilles indiscrètes. Mais les majordomes savent absolument tout de ce qu'il se passe dans une maison telle que celle-ci. Les majordomes sont un peu comme les oreilles d'une demeure, comme les coffre fort des secrets familiaux. C'est pour cela que bourgeois et nobles nous vouent, le plus souvent une confiance aveugle.

Durant l'été, Mademoiselle Ambre avait continué de recevoir régulièrement des lettres de son ami Henry, le plus étonnant restait cependant que ce contact était entretenu des deux côtés. Même si je me permettais encore de lire, esses égoïstement, son courrier, avec pour excuse les instructions de son oncle, il m'était impossible de savoir le contenu de ce qu'elle envoyait, ce qui avait le don de titiller ma curiosité.

- Eh bah, m'envoya Marie, c'est qu't'es tout pâlot depuis l'départ de la ptiote, ou bin c'est l'soleil qui t'rend marteau ?

Adelheid avait toujours été bien plus interessante que les autres membre du personnel, plus vrai, plus instruite moins grotesque. On dit souvent que l'on se rend compte à quel point l'on tient à une personne une fois qu'elle est partie, c'est vrai.

- T'es avec moi mon vieux ? Brailla-t-elle, me sortant une seconde fois de me songes.

- Ah, oui, pardon, m'exclamais-je, tu disais ?

- Eh bah, foie de morue, c'est bin la première fois qu'on le vois comme ça le bougre, dis moi, t'en mordrait pas un peu pour la gamine toi ?

Le visage dans la main, je tentais temps bien que mal de cacher mon visage rougissant du bout des doigts.

- Dis moi Marie, tu crois que la peine peut rendre malade ? Enfin je veux dire que les émotions aient une quelconque influence sur la santé ?

La vieille cuisinière me regarda l'air ahurie, posant sa louche à coté du feu afin de venir me parler de plus près.

- T'es vraiment pas banal toi, t'es vraiment malheureux à c'point ?

- Mais non enfin ! Je ne parlais pas pour moi ! Rétorquais-je, je parlais de Mademoiselle Ambre...

Après tout, certaines personnes se laissaient bien mourir par amour, alors, tomber malade par chagrin ne me semblait pas inimaginable.

- Crois moi mon vieux, depuis peu tu t'intéresse trop aux gens d'là haut, mais si tu veux mon avis, avec des ptits plats comme les miens, aucune chance qu'elle tombe malade la gamine !

Elle avait peut être raison, finalement, je ne devais pas m'inquiéter ainsi. Mais ces chuchotements ne voulaient pas sortir de ma tête, quand est ce que les gens de cette famille cesseraient enfin de comploter ?

L'absenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant