Chapitre IV (partie 2): Le prix de l'héritage

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Henry

Toujours les mêmes Lundis. C'est ce que je me suis dit en arrivant dans cet immense bâtiment austère. J'aurais préféré qualifier cet endroit de prison, mais c'était bien « collège d'enseignement secondaire » qui était inscrit sur l'arcade à l'entrée... Étrange. Sûrement existe-t-il un théorème expliquant pourquoi le premier jour de la semaine est teinté de cette combinaison d'évènements malchanceux.

Ce n'était en aucun cas le genre de choses que l'on apprenait à st-Joseph.

Jamais je ne me serais douté qu'en arrivant -et pour la première fois depuis des années- à l'heure à cette énième rentrée, je découvrirais une distraction aussi étonnante.

Comme chaque années, c'était les mêmes prénoms inscrits sur les mêmes listes. Mention honorable tout de même aux quelques nouvelles têtes qui s'immisçaient au milieu de la monotonie habituelle, preuve de leur réussite à cet horrible, terrible, insupportable examen d'entrée auquel ceux dont les parents n'avaient corrompu l'établissement devaient impérativement se frotter.

Dans cette école réservé à l'élite – comprenez, aux bourgeois, aux aristocrates, aux nobles etc.- on nous  inculquais à nous, égoïstes pompeux enfermés dans nos tours d'ivoires, à de venir des égoïstes pompeux enfermés dans leurs tours d'ivoires.

Ce le vieux chauve décrépis qui nous servait de professeur eut finit l'appel, il sorti un instant de la salle et en y rentrant, mes yeux se posèrent sur elle.

- Bonjour à tous chères élèves, vous pouvez maintenant vous assoir ; cette année, nous avons l'inestimable honneur d'accueil, au sein de notre établissement de renom, une élève, s'étant d'ores et déjà fait remarqué, non pas par son impertinence – et il marque un temps pour me jeter un regard désobligeant- mais bien par sa vivacité d'esprit ! Je vous présente Mademoiselle Ambre Leward, lauréate à notre concours d'entrée avec un score total de 100/100 !

Les élèves chuchotent, s'agitent. Qu'est ce que c'est que cette fille sortie de nulle part ? À vrai dire, cela n'aurait pas plus que ça attiré mon attention si elle n'en pas été si différente de nous autres. Oui, elle semblait détenir un héritage différent. Et, puis son visage, caché de moitié par un bandeau, et pourtant si lumineux, atypique.

- SI-LEN-CE !! S'exclame ce bon vieux Delgrange, puis il reprend ; accueillez la chaleureusement !

Il fait signe à la nouvelle élève d'aller s'assoir, ce qu'elle fait, dans une démarche d'un silence ahurissant, comme si elle lévitais juste au dessus du sol. Absolument tout le monde la regardais. Et à coté de moi, Victoire, le regard rageur, ne la quittait pas des yeux.

Ambre s'assit juste devant moi. La posture droite, les cheveux à peine relevés, la nuque apparente. Cette beauté d'un genre nouveau ne m'était pas familière. Je m'avançais, peut à peu, en parfait gentleman vers son cou pour en sentir l'odeur. Incroyablement douce, légèrement fruité.

Soudainement, elle se raidit, puis se retourna lentement vers moi ; assez pour que j'eu le temps de me redresser et d'afficher mon plus beau sourire sur le coin de mes lèvres. Ses traits se crispèrent légèrement, ravi de voir qu'elle était jolie même énervée.

- Henry Spencer, chuchotais-je, enchanté.

J'aurais aimé prendre ma voix de séducteur, mais elle me fixait, sans expression apparente.

Je mentirais si je disais que je ne frémis pas. Parce qu'une chose était certaine, elle avait un regard oppressant, presque sinistre. Bien heureusement pour moi, mon sourire charmeur n'en pâtis pas – voilà bien l'avantage d'avoir grandis dans le beau monde-.

Elle finit par se retourner sans ne m'avoir adressé la parole. Ma première approche était pour le moins un échec. Note à moi-même : ne pas respirer la nuque d'une fille -ou d'une dame- que l'on ne connais pas.

A la pause, une fois que Granny comme j'aimais l'appeler fut sorti, le brouhaha habituel se fit. D'autant plus qu'Ambre représentais une fascinante attraction à en juger par la horde de jeunes filles rassemblés autour de la malheureuse.

Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis, juste en face de l'intéressée, ma très chère sœur ; Victoire.

- Ambre Leward n'est ce pas ?

La jeune fille hocha la tête le regard ailleurs, totalement désintéressé par l'animation ambiante.

- Mes amis voici la fille la plus riche de cette classe ! S'exclama soudain Victoire.

Tout le monde se tut. Tous étaient désormais tournés vers la nouvelle élève, interloqués.

- Vous ne le saviez pas ? Voici pourtant l'héritière de la très prospère entreprise textile Leward n'est ce pas ?

Comment ma sœur était-elle au courant ? Excellente question, enfin j'aurais du me poser cette question si je n'en avait pas su la réponse.

- A mon humble avis, si vous avez une seule amie à vous faire ici, c'est bien elle. Et puis après tout.. Jolie, riche, intelligente... Quelle peut bien être sa faille ? Aurais tu un fâcheux passé à nous avouer Ambre ? Tu sais mieux vaut-il en parler dès maintenant, après tout ce n'est pas si commun d'avoir grandis dans une ferme, ne trouves tu pas ? Je suis sure que tout le monde ici serait absolument ravi de t'entendre parler de la bonne façon de nourrir une truie ou du travail des champs, ne crois tu pas ?

Elle en avait trop dit, et les messes basses en disaient long.

- En tout cas, je serais ravie de pouvoir être ton amie ! Oh mais je ne me suis pas présenté ; Victoire Spencer, enchantée !

Elle lui tandis la main. Comme Ambre la regardait droit dans les yeux, j'ai d'abord cru qu'elle lui rendrait le geste. Après tout je savait ce qu'elle pensait, même famille, même manières.  Mais il n'en fut rien, elle resta impassible à la présentation de son interlocutrice. Victoire était folle de rage, ses sourcils se froncèrent, et sa main fit un geste vers l'avant.

Oh, bien sur, elle l'aurait frappée.

Si un fou rire ne m'avait pas pris à cet instant même. Mes mains se heurtèrent l'une contre l'autre et je m'exclamait, hilare :

- Excellent ! Oui je dis bravo !

Je m'avançais dans la foule, poussant tout ces pauvres montons du bras pour atteindre le bureau d'Ambre. Je lui saisis la main et y déposa un baisé. Elle se redressa subitement. Je voyais bien les regards horrifiés, craintifs de mais camarades, mais je continuais en regardant ma jumelle droit dans les yeux :

- Ma chère, c'est ce que l'on appelle se prendre un vent considérable, ahaha, c'est trop bon !

Voyant que j'étais devenu le sujet de l'attention, je fis la révérence.

- Voyons, enlevez moi de vos visages de jeune bourgeois coincés cet air crispé, cela vous va très mal ! On pourrait presque croire que vous êtes devenus singes ! Quand à vous Ambre, je serais honoré de vous revoir. Enfin, vous comprendrez bien assez tôt que ma présence en ces murs est assez rare, mais sait on jamais... A une prochaine fois !

À ces mots, je fis un clin d'œil à la magnifique jeune fille qui se tenait en face de moi avant de sortir de la salle.

Au loin j'entend encore ma sœur dire, la voix pleine gêne « Ne fait pas attention à mon frère... C'est un rustre  »

C'était parfois à se demander si nous étions de la même famille.

L'absenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant