Chapitre IV (partie 1): le prix de l'héritage

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Adelheid

Une place à table lui était réservée. Elle semblait mal alaise dans se robe du soir à laquelle elle n'était pas habituée. Pourtant, elle a esquissé un sourire quand elle l'a vue; elle en avait choisis une verte qui faisait ressortir ses yeux et son teint pâle. J'avais lié ses cheveux avec des rubans en velours assortis à la couleur de la robe, et cela lui donnait une allure majestueuse.

Madame Leward, qui était assise en face était somme toutes magnifique, mais elle semblait bien terne à côté de Mademoiselle Ambre. Et la maîtresse de maison le sentis dès son entrée dans le salon ; elle eut d'ailleurs un instant les yeux emplis de jalousie, avant de repeindre son visage d'un sourire chatoyant.

- Alors ma chère , bien installée ? Commença Monsieur, Oh je suppose que vous n'avez pas encore eu le temps de découvrir toute la maison mais je suppose que Francis accepterais volontiers de vous faire le tour du propriétaire demain, hm ? Nous avons ici bon nombre d'œuvres que vos yeux prendront plaisir à toucher, et une architecture des plus nobles !

Entre deux aller-retours en cuisine, je ne saisissais pas toute l'ampleur de leurs discussions. Cependant, une impression ressortais pour sur ; la demoiselle était noyée dans le discours pompeux que tenait son oncle. Madame Leward et Monsieur Francis quand à eux sont bien plus calmes, l'œil aiguisé, prêts à dévorer la jeune fille.

Mademoiselle Ambre ne disait rien, c'était assez perturbant cette façon qu'elle avait de ne rien dire, d'observer les gens dans ce silence cinglant. Les yeux peuvent tout dire, certes, mais ce silence était d'une opacité, pire que des murs infranchissables.

- Il y a bien une chose que je regrette vous savez ma chère, continuât-il, c'est que vous n'ayez pas pu recevoir la bonne éducation d'une jeune fille du monde. Enfin je ne critique pas ces braves Hamilton bien sur, mais tout de même une personne de votre rang élevé par la femme d'un fermier... Enfin, vous vous ferez vites à nos coutumes n'est ce pas ?

- Papa ! S'exclama son fils, ne voyez vous-donc pas que cela la gêne ? Ne vous en faites pas Ambre, nos amis apprécieront votre éducation rustique ; les gens d'ici adorent l'exotisme !

La jeune fille fit un bon, puis fusilla son cousin du regard. De quel droit se permettait-il de l'insulter ainsi ?

Voyant le trouble de sa nièce, Madame Leward repris, avec un air étrangement rassurant ;

- Ne vous inquiétez donc pas, nous serons là pour vous guider dans cette vie nouvelle, je suis sure que malgré votre passé fâcheux vous vous en sortirez très bien !

Une fois la fin du repas venue, nous montâmes dans les appartements de mademoiselle. Elle semblait totalement abattue, bien qu'elle gardât la tête haute alors que je l'aidais à se déshabiller. C'est elle qui engageât la conversation, et je fus encore une fois flattée de voir que depuis son arrivée ici, j'étais bien la seule à qui elle avait adressé la parole.

- Dis-moi Adelheid, quels sont les mœurs d'une telle famille ?

- Et bien... Je ne sais pas vraiment si c'est à moi de vous répondre mademoiselle...

Elle ne répondit pas. C'est vrai que l'on aurait pu penser qu'elle fut timide, mais il n'en était rien. Je pense simplement qu'elle n'aimait pas parler pour ne rien dire.

- Je vais y réfléchir, promis.

En me regardant, elle hocha la tête de satisfaction.

Puis, alors que je me dirigeais pour fermer la fenêtre de sa chambre, elle s'exclama ;

- Non ! Surtout pas ! Comment rêver sans voir les étoiles ? Sans sentir le vent frais sur son visage ?

Brusquement, elle mis sa main devant sa bouche, comme si ces mots lui en avait échappé ; elle rougissait légèrement. J'écarquillai les yeux, je n'étais pas sure d'avoir bien entendu, c'était si incontrôlé, tellement spontané.

- Bien mademoiselle, bonne nuit.

Et, alors que je la croyais simplement froide et distante, je compris finalement, qu'elle refoulait sa véritable nature, mais dans quel but ?

                                                                        *

Tandis, que je sortais de la chambre de mademoiselle Ambre, j'entendis dans le hall, juste en dessous, chuchoter Madame et son fils.

- Ne la trouvez vous pas...moins docile que ce que l'on espérait ?

- Mère, elle me donne froid dans le dos, je vous avoue que je ne supporte pas ses grands qu'elle prend... Heureusement qu'elle est jolie... Au moins ce plaisir là...

Plus la conversation avançait, plus je devais tendre l'oreille pour comprendre ne serait-ce que quelques mots. Mon cœur battait la chamade, mes mains étaient moites et mes joues bouillonnantes. De quoi pouvait-ils bien parler ?

- Faites attention... Sa fortune ... Patience..

- J'ai ma petite  idée... Plus rapide...

- Vous ferez... Vos enfants...

- Redevable...

Un petit cri sorti de mes lèvres alors que je pouvais entre raisonner les battement obstiné dans ma poitrine.

- Qui va la ?! Hurla monsieur Francis.

Je m'accroupis hâtivement de peur qu'ils ne me voient. Cette famille dégageait quelque chose d'étrange, et je ne saisissait pas encore tout à fait de quoi il s'agissait...

Lorsque que je descendis en cuisines, le repas était servi. Assise à l'extrémité de la table, Marie, l'épaisse cuisinière un peu rustre s'exclama :

- Eh bah ! La pauv' ptite j'donne pas cher de sa peau ! Tu l'as vue dit ? Tu l'as vue ? Toute fine comme elle est avec ces brutes !

- Ce ne sont pas nos affaires, renchéris le Majordome avec un ton sérieux.

- Bah avoue Matthieu, que s'ils étaient pas si riches, ça f'rait bien longtemps qu'on aurait foutu l'camp !

Je me tenais droite face à eux, décomposée.

- Ben tiens ! Voilà qu'on effraie la gamine r'garde ! T'en fais pas va ! Tsai les bourges c'est tous les mêmes, tu dois être habitué depuis l'temps, hein ?

- N'empêche ! Vous avez vu comme elle est jolie, repris un valet de pied sans tenir compte de ce que venait de dire Marie.

- Ah ça pour être jolie ! Continua Marie, mais pour sur pas bien épaisse ! Elle a l'air tout' malade dit ! Bah j'supose que c'est mon rôle de l'engraisser !!

Elle se mit à glousser et puis tout les autres avec. Comment pouvaient-ils êtres aussi détachés des maux de quelqu'un ? Les gens d'en bas n'étaient pas bien méchants, bien sur. Pour dire vrai, ils me donnaient même sans le vouloir de précieuses informations, leçons de vie et conseils. Mais ils ne servaient en réalité que leur propres intérêts.

- Aller Adelheid, graille et pis après tu m'fera bien la vaisselle ! Tu nous dois bien ça !

- Bien Madame Marie !

- Mais r'gardez là c'est ti pas mignon, arrête avec tes grandes manières, crois pas que tu vaut mieux qu'nous parce que cette lady est plus riche qu'les autres !

Je baissais les yeux. Un peu triste

Ils continuaient tous à rire tandis que je mangeais la soupe froide posée à ma place.

Mon cœur se gelait, je pensais à mademoiselle Ambre et cette famille dans laquelle elle s'était retrouvée. J'avais envie de la connaître, même si je dois rester à ma place. C'était dur quand on y pense la vie d'en haut.

L'absenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant