Chapitre XII (partie 2) : Quelque chose de nouveau

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Henry

Si l'on m'avait dit un jour, qu'Ambre Leward se tiendrait sous ma fenêtre, seule, dans la rue, en pleine nuit, je n'y aurait pas cru.

Mais, alors que la nuit était encore douce après une grosse journée de chaleur, une pierre tombée du ciel vint me sortir du sommeil. Ma fenêtre était ouverte et je cru d'abord à un oiseau égaré, en regardant vers le sol, c'est elle que je vis. Me faisant un signe de la main, le sourire aux lèvres. Elle me demandais de descendre, et j'avais envie de hurler « Ambre Leward est venue me voir sous ma fenêtre, en pleine nuit ! », mais rapidement je me rappelais que la bienséance m'empêcher de crier en pleine nuit, et que si quelqu'un l'apprenais elle aurait des soucis.

Alors, comme elle l'avais fait quelques mois plus tôt, je me décidais à la rejoindre en bas. Une fois à ses côtés je m'écriais, fou de joie :

- Ambre Leward, vous êtes complètement folle, songez à ce qui aurait pu vous arriver. Je m'en serais vraiment voulu s'il vous était arrivé malheur, les nuits sont dangereuses à des heures si tardives, mais ne vous méprenez pas surtout, j'adore cet aspect de votre personnalité.

Elle me pris la main, sans même faire attention à ce que je venais de dire, me guidant à travers cette ville que je connaissais si bien. La brise de cette nuit d'été ondulait au sein du silence, on aurait dit une mélodie.

Nous étions devant ce parc ou nous avions pique niqué quelques semaines auparavant.

- Il faut escalader me lança-t-elle, tu t'en sens capable ?

Ses mots provoquèrent en moi un fou rire incontrôlables, jamais je n'aurais cru qu'un jour une jeune fille me propose, en toute décence d'esprit, de grimper clandestinement par-dessus la clôture d'un parc.

- Mais pour qui me prenez vous ? Dis-je en incurvant les lèvres, le ton moqueur.

Elle monta la première, en toute splendeur, en toute finesse, en toute délicatesse. J'enviais presque sa souplesse. Elle ressemblait à un petit animal sauvage, noble, unique et fougueux. C'était là un ravissant spectacle qui s'offrait à mes yeux. Mes gestes à moi étaient bien plus lourds, rigides, inflexibles. Quelle chance elle avait eu de grandir à la campagne. En haut du muret qui nous séparais de l'espace vert, elle me tandis la main pour m'aider à monter. Depuis le début, je m'étais trompé, de nous deux, le gentleman c'était bien elle. En haut de notre perchoir, je levai les yeux au ciel, dévoilant à mon iris cet éblouissant spectacles aux milles couleurs.

- C'est beau, n'est ce pas ? Chuchota-t-elle, c'est rare de voir la voie lactée ainsi.

- On dit que les étoiles sont les défunts qui veillent sur nous, je suis sûr qu'ils sont là, quelque part, à vous protéger, vos parents.

Ses yeux vérons étaient rués vers le firmament. Cette vison me brula le cœur, comme si un instant, un très court instant j'avais ressentis un échantillon de sa mélancolie.

- Ce que c'est agréable, ajoutais-je finalement, de se sentir IM-MOR-TEL ...

Son regard se détourna des cieux pour se plonger dans le mien, et elle sauta dans l'herbe, sans un bruit, plus discrète qu'une dame blanche. Ainsi, nous traversâmes, main dans la main, le gazon bien tondu, les sol pleureurs nous cédaient le passage, nous étions tout puissants au sein de la clarté de cette nuit d'été. Au loin, dans le flou, se dessinait un ruisseau entouré de fleures sauvages. Elle se mit à courir vers le point d'eau, s'éloignant de moi en un soupir. Le sol ne tremblait pas, le monde n'avait pas revêtis son voile cinétique. Tout était parfaitement normal, et je me sustentais beaucoup trop de cette sensation.

Quand je l'eu rattrapé, elle me regarda encore une fois, mais sans sourire cette fois. Elle dit :

- Henry, vous me faites confiance, n'est ce pas ?

- Plus qu'a quiconque, vous le savez. Répondis-je tendrement.

Elle fit un pas être retrouva de l'autre coté du ruisseau.

- Restez où vous êtes. Si vous êtes effrayé, ou que ce que je dis ne vous plait pas, vous pouvez partie à tout instants.

Je hochais la tête, intrigué. Mais je n'avais pas peur, jamais je n'aurais peur à ses côtés. L'eau filait à nos pieds, partait vers des lieux meilleurs. Elle sortit de sa poche un ruban puis pris mes mains dans les siennes en prenant soin d'enrouler délicatement le tissus autour.

- Vous savez ce que je suis en train de faire ? Me demande-t-elle à demi mots.

- Je sais et je consent, Ambre.

- Alors, maintenant, regardez moi dans les yeux et répétez après moi.

Mon cœur battait comme il n'avait jamais battu auparavant. Mes sens ne semblaient pas me mentir. Sa simple présence avait le don de me calme, de me rendre moi-même quand mes songes prenaient le dessus.




- Is tu fuil'o mo chuislean, is tu cnaimh de mo chnaimh. (Tu es le sang de mon sang, la chair de ma chair.)

- Is tu fuil'o mo chuislean,  is tu cnaimh de mo chnaimh.

Je répétais, religieusement ses paroles, du mieux que je pouvais, essayant de prendre mon meilleur accent. Ce moment me paraissait hors du temps, perdu dans l'infinie de ce serment solennel, de cette cérémonie presque spirituelle.

- Is leatsa mo bhodhaig, chum gum bi sinn "n ar-n-aon. (Je te donne mon corps pour que nous ne fassions qu'un)

- Is leatsa mo bhodhaig, chum gum bi sinn "n ar-n-aon.

- Is leatsa m'anam gus an, criochmaich ar saoghal. (Je te donnes mon âme jusqu'à la fin des jours)

- Is leatsa m'anam gus an, criochmaich ar saoghal.

- Is tu fuil'o mo chuislean, is tu cnaimh de mo chnaimh. (Tu es le sang de mon sang, la chair de ma chair.)

- Is tu fuil'o mo chuislean,  is tu cnaimh de mo chnaimh.

Les hommes ne pleurent pas, mais peut être bien que j'ai pleuré. Pas de tristesse, bien sur, mais d'avoir enfin cette chose, cette possession immatérielle, accomplissements de tout être. Je ne lui ai jamais demandé ce qui l'avait poussé à faire ça cette nuit là. Peut être que je préférais simplement conserver le mystère autour de sa personne.

- Je ne savais pas que vous parliez galéique, dis-je finalement en rompant le silence qui s'était installé depuis nos derniers mots.

- Même les orphelins ont une nation...

L'absenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant