Chapitre XIII (partie 2): Pas le temps pour les regrets

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Matthieu

AMBRE MALADE -STOP- REVIENS VITE -STOP- LA VOIR -STOP- JE REMBOURSE VOYAGE -STOP-

Je venais d'envoyer un télégramme au village d'Adelheid en espérant qu'on le lui apporte au plus vite. Ici, le soleil déclinait de jours en jour, et l'ai se rafraîchissait. Bientôt les feuilles tomberaient des arbres, chez elle ce devait être la moisson, et espérait qu'elle pourrait venir, malgré tout.

- C'est rare que vous nous fassiez l'honneur de vous tenir à table avec nous, Ambre, lança Madame Leward, je n'en suis pas moins ravie, cela va de soi.

Ambre regarde à peine sa tante, lui accordant toujours le moins d'attention possible.

- Retournerez-vous en classe à la rentrée ? Enchaîna Monsieur Leward.

- Non, j'ai bien trop à régler, dit-elle gravement. L'école pour moi, c'est finit.

L'homme hocha la tête suivi du sourire complice de sa femme et de son fils.

- Je me disais, continua la maîtresse de maison, nous devrions nous hâter les noces ?

Elle demanda cela à son assemblée avec un sourire angélique des plus naturels qu'il soit.

- Croyez vous qu'une jeune fille respectable devrait hâter ses noces sans raison apparente ? Répondis habilement sa nièce, pensez à notre réputation, ma tante.

Je du me retenir de rire tant le situation était grotesque, tentant de rester droit malgré les visages outré de mes maîtres.

- Puisque vous m'avez demandé tout ce que vus vouliez me demander, je me permet de m'éclipser.

Elle s'inclina légèrement avant de reprendre :

- Francis, mon oncle, ma tante, veuillez m'excuser.

Elle avait l'art et la manière d'utiliser les mœurs d'une société qu'elle haïssait habilement, pour toujours se sortir des situations qui lui déplaisaient. Madame Sophie claqua nerveusement son poing sur la table, tandis que son mari repris un morceau de viande.

- Cette enfant ! Cette enfant ! Grognait-elle.

Personne ne disait rien. La colère seule était maîtresse. En fait, c'est à peu près tout ce qui avait toujours régné dans cette maison ; la colère, la rage. Il n'y avait ni amour, ni compassion en ces lieux. Tout ici régnait sur un équilibre complexe de haine profonde de l'autre et de tout ce qu'il pouvait représenter. On ne pouvais absolument rien pour ces gens. On ne pouvais que les regarder jeter leur venin sur leur proies. Pourquoi fallait il que la proie d'avère être une perle si précieuse ?

Lorsqu'ils se levèrent de table, la mère Leward demanda à son fils de rester un instant avec elle. Elle le frappa, je n'en croyais pas mes yeux. Son propre fils. Elle lui dit derrière les dents :

- Il suffisait d'une chose pour que tout fonctionne Francis, une seule chose. Je ne te demandais qu'un héritier, rien qu'un héritier. Maintenant il est trop, tard, et tu le sais.

Le jeune homme regarda sa mère, la mort dans l'âme.

- Peut êtres que... Renchéris le garçon.

- Non. N'y pensez même pas c'est impossible. Elle nous déteste profondément, n'attendez aucune reconnaissance de sa part.

Je fis tomber mon plateau, pour attirer l'attention sans doute, mais surtout pour mettre fin à cette discution honteuse. Leurs yeux étaient rivés vers moi et je me raclais la gorge :

- Sauf votre respect, n'est-ce pas pêcher que de parier sur la mort de quelqu'un ? Dis-je avec les yeux les plus compatissants du monde.

Elle me fusilla du regard. En temps normal, elle aurait menacé de me renvoyer, mais la situation ne pouvait pas l'excéder d'avantage et ils ne pouvaient pas se permettre de se séparer de chaque membres de leur personnel ainsi. Sans en dire d'avantage, elle sorti de la pièce, fidèle à elle-même, suivie de son fils. Oui, j'avais faillis à ma neutralité de majordome, mais j'avais fait impasse à mon métier dès lors que mes convictions avaient pris le dessus et que mon être avait entièrement décidé de se dévouer à la noblesse même ; Mademoiselle Ambre.



Jamais je ne pourrais oublier ses traits, jamais je ne pourrais oublier sa passion. Dans mon esprit régnerait toujours son regard perçant. Ses silences valaient milles mots, et j'étais loin d'être le seul à penser ainsi. Il y avait quelque chose en elle d'inoubliable. Quelque chose -et je ne saurais pas dire de quoi il s'agit- qui s'accroche aux entrailles des êtres. Quelque chose qui reste gravé dans n'importe quel cœur, qu'on l'aime ou qu'on la haïsse, rien ne change.

Ambre Leward était, à elle seule, le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Elle était un tout. Un fantôme ternis dans l'ombre. Une fleure parmi les étoiles.

Ambre Leward était une chanson que l'on chantera toujours. Un tableau à peindre. Un livre à lire.

Ambre Leward était un esprit, plus libre que tout autre, planant au dessus du monde, au dessus de l'univers, au dessus de nos vies.

L'absenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant