Let's be different [BoyxBoy]

Mute

Le désespoir. Un sentiment de détresse intense. Une sensation de lâcher prise et de perdre tout contrôle. Cette impression d'abattement. Après s'être battu et avoir finalement cédé à cette affliction sévère qui te dévore. Une affliction si profonde qu'il n'est plus possible de percevoir la lumière de bonheur qui persistait autrefois. Une simple bribe de rêve qui devient désormais inatteignable. Et dont, finalement, la plus piètre réminiscence parait soudainement futile et misérable. Comme si une part de ton être s'éteignait à tout jamais.

Tandis que mon esprit divague je erre dans les couloirs. Je n'ai pas cours mais je ne sais pas où aller. Je ne veux pas aller dans la cours, en général tout le monde est là-bas sur ce créneau horaire et mon envie de me morfondre seul dans mon coin me ronge profondément. Peut-être que je ne devrais pas m'isoler mais je n'ai personne. J'ai toujours été froid et je ne me suis jamais fait aucun ami en dehors de Lukas. Étant donné que ce dernier et moi-même sommes dans un froid glacial je me retrouve seul, petit, perdu dans ce monde sombre et cruel.

J'essaie de garder la tête malgré tout. Bien que je traine seul dans les couloirs je tente de garder la face, de paraître fort et de ne pas montrer qu'être isolé me touche. Certains regards se portent sur moi quand je passe dans des endroits plus fréquentés. Je sens que des rumeurs circulent, certaines sont même parvenues jusqu'à mes oreilles. Bien que je sache que tout ce qui est raconté est faux et n'a aucun sens, cela me provoque une légère pointe de douleur dans le cœur par moment. Les regards dédaigneux se renforcent au fil des heures et ces derniers finissent par transpercer ma carapace. Ma confiance en moi s'envole et je me sens méprisable.

Mes pas se font lourds, je ne marche pas la tête baissée pour autant. J'ai beau me sentir mal dans ma peau et dans cet endroit empli de haine, je ne veux pas montrer que ça m'atteint. Si je leur ouvre cette porte, c'est la fin. Je serais pris pour cible et ça ne s'arrêtera que lorsque l'un des acteurs aura craquer. Et quand tu es seul face à tout un établissement, celui qui craquera en premier n'est clairement pas la masse de personnes. Je ne veux pas revivre à nouveau les blessures, les coups qu'ils soient physiques ou morales. Je ne suis pas assez fort et je sais que cette fois-ci je ne m'en remettrais pas.

- Salut. Entendais-je dans mes oreilles tandis que la seconde d'après, mes pieds se prirent dans quelques chose m'entrainant dans une violente dans les escaliers.

Je ne peux même pas geindre, mon souffle est coupé à la suite de cette chute brutale. Une violente douleur me traverse le bras tel un courant électrique. Je serre les dents et peine à retrouver mon souffle sous les rires visiblement amusés des personnes environnantes. De l'air peine à parvenir jusqu'à mes poumons mais au fil des secondes ma respiration se fait naturel à nouveau. Du moins si on exclu le fait que je respire excessivement fort. Je relève la tête pour voir qui est à l'origine de ma chute. Lorsque le visage de Max et de sa bande entre dans mon champ de vision, je ne suis même pas surpris. Je suis en bas des escaliers et m'assieds sur les fesses.

- Ça doit faire mal. Ricane Max. Un profond ressentiment ne cesse de croitre en moi.
- Hilarant. Répondais-je presque en grognant.

Je regarde brièvement autour de moi, le couloir est vide. Je tente de me relever mais une vive brûlure semble me traverse me poignet. Je retombe alors sur les fesses, m'empressant de saisir mon poignet avec mon autre main. Ceci semble faire encore plus rire Max. Ce dernier descend avec sa bande, ils se rapprochent de moi.

- Fragile, t'as même pas fait d'effort pour te retenir de tomber.
- Et toi t'as même pas fait d'effort pour te retenir d'être con, c'est dommage.

Cette réflexion ne passe pas inaperçue à ses yeux étant donné qu'elle me décroche un bref coup de pied dans le ventre. Je le regarde droit dans les yeux, tentant de déverser toute ma haine à travers ces derniers.