Les étoiles ne brillent plus

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L'après-midi est passée lentement. Très lentement, comme si le temps semblait tourner au ralenti. Lukas a décidé de ne pas aller en cours tout comme moi. De toute manière il était hors de question que je mette les pieds hors de cette chambre. Je n'ai même pas eu à convaincre Lukas de sécher, il l'a fait de lui-même, ne voulant probablement pas me laisser seul.

Il s'est occupé de moi tout l'après-midi, il avait des bandages et du désinfectant et il s'est occupé de mes plaies ainsi que de mon poignet et de mon ventre tuméfiés.

A l'heure actuelle je suis dans les bras de Lukas, mon dos appuyé contre son torse, nous regardons un film. Pour dire vrai, ça n'est pas le premier, on en est à la fin de notre deuxième. Je me sens bien, à l'aise. Durant ces longues heures j'ai pu ne plus penser à rien. Le rythme du torse de Lukas qui se soulève de manière régulière contre mon dos me berce. J'ai fini par caler ma respiration sur la sienne, je me sens en parfaite symbiose avec lui. Ses mains sont posées sur mon ventre, les miennes sont sur les siennes, nous nous caressons les doigts, la paume de nos mains. Tout ce qu'il se passe est pur et emplit d'un sentiment bienveillant. Je regarde brièvement l'heure et remarque qu'il est 17h19.

- Tu te rends compte que tu rates anglais ? Toi le parfait premier de la classe ?
- Tu crois que je vais avoir le droit à un coup de règle sur les doigts ?
- A voir, mais tu le mériterais peut-être monsieur le ''dé-lé-gué''.
- Tu dis ça mais tu es plus que ravi d'être là, contre moi.
- Je suis retenu en otage.
Mentais-je.

Bien sûr que non. Il a parfaitement raison, je suis comblé ce qui parait totalement ridicule et impossible au vu de ce qu'il s'est passé en début d'après-midi. Comment en si peu de temps je peux déjà avoir l'impression d'avoir oublié ? Je sais que je n'oublierai jamais, c'est sûr, ça restera toujours gravé en moi, ça me hantera mais je sais également que ça finira par être de moins en moins douloureux. Comme lorsqu'on perd quelqu'un. Les traumatismes restent profondément enraciner le temps qu'on ne les traite pas comme il faut sauf que j'ai l'impression que Lukas est le remède qu'il me faut.

- Alors je fixe la caution à 1 million.
- Je pouffe faiblement: tu as de hautes attentes, ma famille est carrément pas capable de débourser autant pour me récupérer.
- C'est bête ça, tu vas devoir rester avec moi et te faire torturer oouuh.

Comment je peux sourire ? Un sourire pointe le bout de son nez sur mon visage je n'arrive même pas à y croire, comment je peux me comporter comme si tout allait bien ? Comment mon cerveau peut-il passer sous silence ce qui le faisait souffrir il y a encore quelques heures ?

- Tu me touches et j'appelle la police.
- Vu comment on est agrippé l'un à l'autre je doute que tu puisses te lever pour aller chercher ton portable.
- Ne me tente pas, je suis capable de te briser les phalanges pour que tu me lâches.

Mon portable est posé sur mon bureau, à l'extrémité de la pièce. Lukas l'a éteint tout à l'heure, je lui suis reconnaissant d'avoir fait ça. Je sais parfaitement qu'il ne veut pas que je vois tout ce qui se dit sur moi. Je me blottis un peu plus contre lui, repensant à cette vidéo qui circule...

- Et puis je suis maitre dans le domaine de la torture.

Je tourne la tête vers lui, fronçant les sourcils l'air grave.

- T'es super creepy ! Ça veut dire quoi ça ?
- Il arque les sourcils : T'inquiète.
- T'inquiète ? Ça c'est le genre de phrase qui fait toujours s'inquiéter justement.

Un doux sourire perle aux coins de ses lèvres.

- Tu as l'air d'un dangereux psychopathe là, tu es au courant ?

Let's be different [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant