Sortir la tête hors de l'eau

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Maintenant il est trop tard. Impossible de faire machine arrière. J'ai pris cette décision et désormais je vais devoir m'y tenir. Cela va soit me mener à ma perte soit être la chose qui va pouvoir me sauver. Peut-être que l'utilisation du verbe sauver est un peu forte mais je sens qu'elle me convient bien. Je sens que mes émotions me dévorent et ces dernières ne sont aucunement d'une grande aide. J'ai besoin de pouvoir sortir la tête hors de l'eau, de pouvoir respirer à nouveau sans sentir cette douleur qui se glisse le long de mes poumons en permanence.

Je suis dans le couloir, attendant pour le premier cours de la journée aux côtés de Lukas. J'ai décidé de ne plus me laisser marcher dessus et d'accepter l'aide des personnes voulant mon bien et honnêtement, je pense qu'ici, la seule personne qui veut mon bien est Lukas. De ce fait, je veux pouvoir croire en lui, croire au fait qu'il pourra me permettre d'aller mieux et de faire fuir toutes ces mauvaises pensées.

- T'as l'air dans la lune. Me dit Lukas. Je reste muet, j'ai juste envie de lui répondre : ''A ton avis pourquoi ?!'' Je sens qu'Emy me fixe et me fait des signes déplacés, notamment un où elle passe son pouce sur sa gorge. Pas du tout radicale voyons. Je veux bien croire qu'elle me veut du mal mais elle n'irait pas jusqu'à me tuer, elle veut juste m'effrayer. Si je reste aux côtés de Lukas il ne pourra rien m'arriver, jamais elle n'osera faire quelque chose devant qui pourrait lui déplaire. La preuve : elle ne m'a fait aucune attaque frontale. Peut-être que Lu n'avait pas tort, rester avec lui pourrait être la chose qui va me faire m'en sortir.

- Disons que j'ai l'impression qu'à tout moment je vais me prendre une balle de sniper entre les deux yeux.

Son regard est si perçant qu'il me provoque des frissons. Je n'ai pas peur d'elle mais plutôt de ses potes et de ce que eux pourraient faire. Elle, elle n'est semblable qu'à un chihuahua, elle passe son temps à aboyer et à grogner mais ca s'arrête là, par contre les molosses qui l'accompagnent, ils ne font pas dans la dentelle. Lukas rit doucement suite à ce que j'ai dit.

- Elle fera rien, t'inquiète.
- Je sais bien mais je me sens épié.
Ça, c'est le cas de le dire. Entre Emy qui nous toise l'air mauvais et les deux extrémistes de ma classe qui adorent les ''gays'' et qui nous regardent avec des cœurs dans les yeux, c'est pénible. Je me demande ce qui est le pire. Quel type de regard me dérange le plus ? Celui remplit de haine ou d'admiration, voire de fanatisme totalement infondé ? Seul Lu m'observe avec un regard emplit d'une chose que je n'arrive pas à nommer. Ses yeux si intenses me perdent et j'aime ça. Je me sens flotter dans une bulle d'extase et c'est loin de me déplaire. Ce regard là, je l'aime.

- Là c'est moi qui me sent épié. Je me ressaisis tandis qu'il prononce ces mots. Il sourit et vient glisser son pouce au coin de mes lèvres. Je me fige, ne sachant pas comment réagir. Fais gaffe tu vas finir par baver à force de me reluquer comme ça.
- T'en as d'autres des conneries comme ça ?

Nous nous regardons en silence, un bref sourire qui commence à naitre sur mes croissants de chair. Je sais que mes orbes étaient comme enchantée par ses beaux yeux mais je ne veux pas l'avouer. C'est pourtant totalement idiot étant donné qu'il l'a remarqué.

- Manquerait plus que tu viennes mettre ton doigt à ta bouche et tu ferais faire un AVC à la moitié de notre classe. Soit de dégout, soit de fanatisme extrême. Son regard plissé me titille et son sourire qui' s'agrandit me perturbe d'autant plus. Il semble me détailler l'air de dire : tu me défies ? Puis il amène son pouce à ses lèvres, je lui agrippe le poignet avant qu'il puisse le faire, ne pouvant retenir un profond sourire qui s'ancre sur mon faciès.

- Ne fais pas ça. Dis-je brusquement.
- Pourquoi pas ?

Je ne sais pas quoi lui répondre. Je reste muet, à le fixer longuement. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté et que nous sommes que tous les deux. Plus les secondes passent plus je sens que mes orbes dévient des siennes à ses lippes pulpeuses. Il s'humecte les lèvres et se rapproche tout doucement de moi, une de ses mains attrape mon haut. Le bref contact de sa main qui frôle ma hanche à travers ce bout de tissus suffit à me faire flancher. Malgré tout j'essaie de garder la tête froide et tente de ne rien laisser paraitre. J'ai envie de l'embrasser, cette sensation est à la fois excitante et à la fois horriblement déconcertante. 

Let's be different [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant