Une douleur dévastatrice

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Je suis debout, la douche dans mon dos, Lukas, lui est face à moi. Son regard à la fois conciliant et triste à mon égard ne me plait pas réellement. Je ne me sens pas à l'aise et le fait qu'on me regarde avec pitié ne m'aide aucunement. Je suis quelqu'un qui aime maitriser les choses et sentir que tout m'échappe est dur à vivre.

- Ne me regarde pas comme ça...
- De quoi ? Ce regard emplit d'un amour fougueux ? Blague-t-il gentiment comme pour détourner l'attention.
- Ouais ça doit être ça. On a jamais réellement mentionné le fait qu'on s'aimait. On s'est toujours dit qu'on pensait être attiré, qu'on avait l'impression d'avoir des sentiments particuliers l'un pour l'autre mais nous n'avons jamais utilisé le terme ''amour''. Pourtant c'est clair que ça en est. Je suis dingue de lui. J'ai beaucoup de mal à me l'avouer mais c'est réel. J'aimerais que ce ne soit pas le cas comme ça tout serait plus simple, malheureusement je ne contrôle pas mon cœur et ses choix irréfléchis. Si je n'étais pas amoureux de Lukas je pourrais m'éloigner de lui, arrêter de lui parler et ne plus être menacé mais j'ai le sentiment que dès que j'essaie de prendre mes histoires je suis irrémédiablement attiré par lui.

- Je vais t'aider à te déshabiller.

Il pose ses mains sur le bas de mon haut, ce simple geste me stresse et je recule alors d'un pas. Je me sens effrayé. Je déteste l'image que je renvoie, celle d'une personne faible.

- Je ferme les yeux si tu veux. Je ne veux pas te rendre malade, je veux juste m'assurer que tu ailles bien et te soigner également. J'aimerais voir si tu es blessé et voir si tu as besoin de soins.
- Je vais bien.
- Tu te tords de douleur depuis tout à l'heure, je doute sincèrement que ce soit le cas.

Il dit vrai. Mon ventre est toujours sensible. Mon poignet et ma tête je n'ai même pas envie de les mentionner. Ces derniers m'offrent une torture permanente qui me dévastent. Mon crane est comme frappé perpétuellement par un marteau-piqueur tandis que mon poignet, lui, me brûle.  Il me brûle presque autant que mon cœur meurtrit qui hurle sa peine. Je ne pensais pas que je pourrais à nouveau souffrir comme avant. J'avais l'impression que cette épreuve était terminée et que j'aurais enfin le droit d'être heureux et de connaître le bonheur. Pourquoi moi je dois souffrir ? Pourquoi je n'ai pas le droit d'avoir une vie banale ? Je me résigne finalement à le laisser faire, je fixe le sol et soupire :

- Ferme les yeux alors s'il te plait. Il acquiesce et s'affaire immédiatement à ferme ses paupières. Je lui suis reconnaissant de respecter mes désirs et volonté comme il le fait. Il sait quand insister et quand il ne faut pas.

Il me fait retirer mon haut puis m'aide à abaisser mon pantalon, mon caleçon glisse également sur mes jambes qui peinent à me tenir parfaitement debout. Je tremble de peur, de froid... Mon corps tout entier est semblable à une vulgaire feuille face à une tempête dévastatrice. Alors que je regarde mon ventre, la vision de mes cicatrices fait remonter d'innombrables images douloureuses. 

- Tu t'es fait frapper ?
- Je veux pas y repenser... essayer de me remémorer ou autre.
- Je sais Ad. Sa main se pose délicatement sur ma joue abîmée. Mais c'est pour que je vérifie que tu ailles bien physiquement. Ce bref contact me fait étrange. Je décide l'ignorer et me glisse dans la douche que j'allume rapidement. Comme la veille, je me laisse tomber le long du mur pour être assis dans le bac de douche.

- Je saigne beaucoup...
- C'est une question ?
- Je crois...

Je n'arrive pas à savoir si je saigne énormément mais je sais que j'ai une plaie au niveau du crane et du front. Le moment où je me suis pris le lavabo est marqué sur mon corps.

Let's be different [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant