Blue Rose University ~ Le Langage Des Fleurs Chapitre 1er

Partie 83

-"Fait chier." murmura Selena entre deux sanglots avant de se laisser glisser sur le sol blanc. Elle voulut essuyer du revers de sa main ses larmes mais fut vite rappelée à l'ordre par une sensation de brûlure et le contact fort désagréable d'un bandage.

Une fois au sol elle se recroquevilla sur elle-même et entendit des pas entrer dans la pièce. Elle reconnut facilement l'identité de la personne à son petit boitillement causé par une attelle. Finalement, il fallut peu de temps au visage de sa copine pour entrer dans son champ de vision. Elle l'accueillit d'un sourire forcé mais ne dit pas un mot, elle avait bien trop peur de laisser sortir le liquide qui lui brûlait la gorge. Elle soupira avant de détailler du regard la beauté face à elle ce qui la calma tout de même un peu. Malgré le pansement blanc qui lacérait son visage, de sa pommette à son menton, la plus jeune restait la plus belle femme que Selena connaisse.

Helia ne dit pas un mot et se contenta de s'accroupir à côté de Selena en pleurant silencieusement. Elle ne devrait pas être dans cette position, elle devrait soulager sa cheville du poids de son corps mais Selena savait très bien que la plus jeune n'allait certainement pas s'asseoir sur le sol, pourtant immaculé, de la chambre d'hôpital. Quoi qu'il en soit, malgré la souffrance qui devait irradier sa cheville, la petite handballeuse n'en fit rien, même pas une grimace de douleur. Elle pleurait simplement, le visage livide, les yeux hagards.

-"Quelle semaine de merde, hein?" finit par murmurer la plus âgée, ramenant sur terre sa copine qui lui répondit avec un simple sourire triste.

En effet, quelle semaine ce fut.

~Une semaine plus tôt: avril, spring break~

Les vacances tant attendues d'avril venaient enfin d'arriver. Les étudiantes de la BRU avaient passé le weekend à dormir et se détendre sauf Esteban qui avait décidé de rentrer pour l'anniversaire de son meilleur ami d'enfance. Les filles quant à elles n'avaient rien prévu de particulier comme elles n'avaient que 10 jours de coupure si ce n'est de se reposer. Malheureusement pour elles le téléphone de Selena sonna aux alentours de 5 a.m pour contrecarrer tous leurs plans ou plutôt leur absence de plan.

Tomas était à l'hôpital dans un état plus que critique. Il était sorti la veille avec ses amis avant d'être transporté en urgence à l'hôpital dans des circonstances assez floues. Les parents ne voulaient pas inquiéter leur aînée mais l'état de l'adolescent s'était mis à empirer dans la nuit jusqu'à atteindre un point critique vers 4:30 a.m ne laissant pas le choix aux Cabrera.

C'est ainsi que tous les espoirs d'Helia mais surtout de Selena furent anéantis par un coup de téléphone. Tomas semblait aller mieux. Son état s'était amélioré presque d'un coup mais depuis la fin de l'année il connut une période stable avant de commencer à régresser. Oui, naïvement le couple de Cubaines s'était mis à espérer un miracle. Elles s'imaginaient, après l'université, se marier avec Tomas comme témoin. Elles espéraient une greffe de poumons miracle. Elles s'attendaient qu'à du bon mais tous leurs espoirs venaient d'être anéantis. La voie brisée et remplie de larmes de Gabriela et les sanglots lointains d'Ernesto ne laissaient aucun doute: le voyage de Tom allait s'arrêter, le train commençait, lentement mais sûrement, à ralentir pour un dernier arrêt et le laisser partir à jamais.

Shanley et Taïna furent réveillées par la détresse de Selena et les sanglots d'Helia. Elles n'avaient pas pris la peine d'aller dans la chambre où se trouvaient leurs meilleures amies, leur laissant du temps. A la place elles s'étaient directement levées et en se croisant dans le couloir elles se mirent d'accord sans un mot, avec un seul échange de regards. Taïna alla réveiller l'appartement numéro 1 et Shanley s'occupa de prévenir le manoir.

En un rien de temps tout le groupe se retrouva à l'aéroport, bagages et billets en main, pour prendre le premier avion direction Miami. Les adultes ne pouvaient pas venir directement pour des raisons évidentes mais allaient prendre un vol dans l'après-midi. Sur le premier vol il ne restait que trois places alors d'un commun accord le couple de Cubaines embarqua et les autres attendirent toutes ensemble le prochain vol. Evidemment elles auraient toutes aimé prendre la dernière place disponible mais c'était préférable de laisser le couple seul. Elles n'avaient pas décroché un mot, forçant Victoria à téléphoner à Esteban pour avoir des informations et les partager avec tout le monde.