L'homme à tout faire

Chapitre 13

Julio venait de rejoindre Bruno dans sa chambre. Ce dernier était en train de dessiner, assis à sa table, des écouteurs dans les oreilles, dos à la porte, si bien qu'il n'aperçut Julio que quand il eut parlé.

- Joli! commenta Julio.

En l'entendant, Bruno s'empressa de refermer le carnet dans lequel il était en train de dessiner Debby, alongée sur un transat, endormie.

- Quand est-ce que tu es arrivé? Questionna Bruno.

- A l'instant, répondit-il en se jettant sur le lit. T'inquiète, je ne dirai à personne que tu dessines Debby a longueur de journées, ajouta-t-il en lui faisant un clin d'oeil.

- Que... Mais non! se défendit Bruno. Je ne la dessine pas à longueur de journées!

- Désolé mon pote, renchérit Julio en s'appuyant sur un coude, mais j'ai fouillé un peu ton cher carnet quand je suis venu me changer. Et il y a près d'une dizaine de dessins d'elle alors qu'elle est là y'a même pas une semaine!

- Ce sont juste des croquis, précisa Bruno. Et tu n'avais pas le droit de fouiller dans mes affaires sans ma permission!

- Des croquis diablement bien détaillés! se moqua Julio en ignorant volontairement la dernière phrase. C'est vrai que je ne suis pas calé en dessin, mais je ne pense pas que sur un croquis tu aies besoin de représenter les motifs de ses vêtements ou encore ce charmant grain de beauté si bien caché. Eh ouais, moi aussi je l'ai remarqué!

- Euh... Et bien de toutes façon j'ai rien de mieux à faire, trancha Bruno en se levant pour se placer à la fenêtre, les mains dans les poches.

- Elle est pas là bas! informa Julio en commençant à se changer.

- Eh mais qui dit que je la cherche? demanda Bruno en se retournant.

- Elle est à l'intérieur, répondit Julio sans prêter attention à la remarque de son ami.

Bruno fronca les sourcils. Ils étaient à l'intérieur? Il eut un pincement au coeur en s'imaginant ce qu'ils aient pu faire. Ils serra les poings au fond de ses poches, pour freiner son envie d'attraper son ami par les cols et de le secouer comme un prunier. Il se répéta plusieurs fois dans sa tête que ce n'étais pas son affaire, qu'il n'avait pas à demander des comptes à Julio, mais il avait vraiment du mal à se retenir.

Julio finit d'attacher les lacets de ses baskets et se redressa. En croisant le regard sombre de Bruno, il sourit avant de se laisser tomber sur le lit.

- On n'a rien fait, t'inquiète! le rassura Julio. J'aurais bien voulu, mais elle a refusé, expliqua-t-il en haussant les épaules.

Bruno fut surpris de l'apprendre. Il était persuadé qu'elle accepterait les avances de Julio, vu que lui refusait. Pourquoi l'avait-elle repoussé? Se pourrait-il qu'il se soit trompé sur les motivations de Déborah? Serait-ce possible qu'il lui plaise vraiment? Comme s'il lisait dans ses pensées, Julio répondit à ses interrogations silencieuses.

- Eh ouais, mon pote! C'est toi qu'elle veut et personne d'autre. Mais pas exactement comme tu l'espère.

- Comment ça?

- Bah... Elle a admit que tu lui plaisait vraiment, mais vas pas lui demander de sortir avec toi, elle te rembarrerait sans hésiter parce qu'elle n'a pas envie de se poser, elle n'est pas le genre a avoir des relations sérieuses.

- Vous... Vous en avez parlé et elle t'a dit ça? s'étonna Bruno.

- Ouais. Alors si tu ne veux pas suivre mon conseil, que je vais répéter au cas où tu aurais oublié et qui est ''saisis l'occasion'', alors fais simplement une croix sur cette femme, sinon tu vas te prendre un grand mur.