L'homme à tout faire

Un an plus tard

Rémy accourut aussi vite qu'elle pût, en entendant Debby crier depuis son bureau.

- Non! répéta Debby. Ce n'est pas ce que je vous ai demandé! J'ai dit de fins morceaux de chocolat! Pas des grossiers copeaux! Ça ne va pas, ça ne va pas du tout!

Pour la troisième fois, elle faisait refaire son gâteau de mariage. La première fois c'était parce qu'il n'y avait pas assez de niveaux, la deuxième fois le glaçage n'étais pas assez soigné, et maintenant ça! Rémy sentait bien que Debby était sur les nerfs. Le mariage était dans deux jours, et en plus elle avait découvert le matin même qu'elle étais enceinte. C'était peut-être dû aux hormones, ces trucs de femmes enceintes?

Rémy lui prit le téléphone des mains pour parler au pâtissier. Il fallait vraiment qu'elle se calme. Elle s'excusa pour le comportement de Debby puis demanda doucement au pâtissier d'en faire un autre, et lui assura que c'était la dernière fois qu'il le reprenait. Lorsqu'elle eut raccroché, elle se retourna vers sa meilleure amie qui s'était transformée en boule de nerf.

- Assieds-toi, Debby, s'il te plait. Il faut te calmer!

- Comment veux-tu que je me calme!? Rien ne va! Le gâteau est raté! Je viens de découvrir que je suis enceinte, ce qui veut dire que je dois avoir grossi,  ce qui veut dire que ma robe ne m'ira pas, et il est trop tard pour la faire refaire, et en plus Bruno est en retard! On devrait déjà être partis...

Elle éclata aussitôt en sanglots. Génial, manquait plus que ça! Rémy prit une grande inspiration, et la prit dans ses bras pour la calmer.

- Mais non, ne t'en fais pas. Ils vont refaire le gâteau, et cette fois il sera parfait. Et tu ne peux pas avoir grossi en seulement deux jours au point de ne pas entrer dans ta robe! Et puis Bruno n'a que deux minutes de retard! Il est peut-être bloqué dans les embouteillages!

- Non, ce n'est pas seulement deux jours! se lamenta Debby en reniflant très fort dans le dos de son amie. Il reste deux jours avant le mariage, ce qui veut dire que ça en fait quatre! Et il n'y a pas d'embouteillages à cette heure sur la route qu'il doit emprunter!

La porte du bureau s'ouvrit aussitôt sur un Bruno essoufflé. Debby ne lui laissa même pas le temps de reprendre son souffle avant de se jeter dans ses bras.

- Oh tu es enfin là! sanglota Debby. Je croyais que tu m'avais abandonnée!

- Mais enfin! fit Bruno. Comment pourrais-je t'abandonner!?

- Tu es en retard! lui fit-elle remarquer.

- Je suis désolé, les ascenseurs étaient pleins, j'ai dû prendre les escaliers jusqu'à un niveau où l'affluence était moins importante, c'est pour ça! Ne pleure plus, je suis là, et je ne vais pas t'abandonner!

- C'est vrai? demanda-t-elle en séchant ses larmes.

- Je te promets! répondit-il en posant un baiser sur son front. Allons-y maintenant!

Bruno jeta un coup d'œil amusé à Rémy avant de suivre sa fiancée dans le couloir. En fait, Rémy se rendit compte qu'elle n'aurait pas pu la calmer, et que seul Bruno pouvait le faire. Elle avait été comme ça toute la semaine, et il l'avait supportée. Chapeau!

Le jour du mariage arriva enfin. Le petit comité des invités était réuni dans le jardin de la maison de vacances des McNamara, en train d'applaudir les jeunes mariés. Tout s'était bien passé finalement. La décoration était parfaite, le notaire n'avait pas été en retard, le gâteau était réussi cette fois, et Déborah était entrée sans peine dans sa robe de mariée. Le seul incident notoire de la journée était que Debby avait vomi le matin en sortant du lit. Mais bon, c'était normal, non?

Rémy observa son amie danser avec son mari, le visage rayonnant de bonheur. Il y a quelque temps, elle n'aurait jamais imaginé que ce jour arriverait, qu'un homme parviendrait à lui passer la bague au doigt. Et pourtant, Bruno avait réussi. Et ils étaient partis pour une belle vie remplie de bonheur, et d'enfants, pour le plus grand plaisir de James McNamara...

Fin