Chapitre 7

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Bruno salua Lewis, le barman, et Julio, ses amis de longue date.

- Alors Bruno, on dit quoi? demanda Julio.

- Tu connais bien ce cher Bruno! répliqua Lewis. Il est bien trop sage pour qu'il y ait quoi que ce soit à dire!

- Eh! N'exagère pas! se plaignit Bruno. Moi aussi j'ai été turbulent!

- Ah oui! Je m'en souviens! reprit Julio. Quand tu disais à ta mère que tu étais chez moi alors que tu allais retrouver tes copines! Et le plus marrant c'est que ma mère te couvrait en disant que nous étions en train de méditer la parole de Dieu!

Ils éclatèrent tous les trois de rire. C'était lors de ce genre de retouvailles qu'il s'amusait vraiment le plus.

Bruno entendit un raclement de gorge derrière lui, et se rappela qu'il était accompagné. Il se retourna et décala légèrement sur le côté pour qu'elle soit visible pour ses deux amis.

- Les gars, je vous présente la fille de mon patron, mademoiselle Déborah McNamara. Mademoiselle, je vous présente mes amis, Julio, et Lewis, qui est accessoirement le propriétaire des lieux.

- Enchantée, fit-elle. Vous pouvez m'appeler Debby.

- Debby! salua Julio. Soyez la bienvenue parmi nous!

- Pst, dit, je croyais que tu venais pour l'éviter? murmura Lewis à Bruno.

- J'ai entendu! fit Debby.

- Oui, bah... Ça a pas marché, répondit Bruno.

Cette réplique lui valut un regard noir de la part de Debby, auquel il répondit par un haussement d'épaules.

- Je vous sert quoi, Debby? demanda Lewis

- Vous avez du bourbon?

- Euh... Ouais, bon bah, sert lui la même chose qu'à moi, Lewis, exigea Bruno.

- Quoi donc? demanda Debby.

Pour toute réponse, Lewis posa une grande chope de bière blonde en face d'elle en souriant.

- Cadeau de la maison! déclara-t-il.

- Pour moi aussi? demandèrent en chœur Julio et Bruno.

- Non. Vous, vous payez!

- Quoi!? Mais pourquoi? demanda Bruno.

- C'est injuste! se plaignit Julio.

- Et où as-tu vu que la vie était juste? demanda Lewis.

- Je peux en avoir une autre? demanda Debby.

Ils se tournèrent tous vers elle en un mouvement et la dévisagèrent avec surprise. Elle avait déjà vidé son verre!

- Quoi? fit-elle en haussant les épaules.

- Vous trouvez ça normal de vider une chope de bière en si peu de temps? lui demanda Bruno.

-Et alors? répondit-elle comme si de rien n'était.

Bruno se tapa le front en secouant la tête, les deux autres éclatèrent de rire. Lewis lui servit une deuxième chope qu'elle entama aussitôt comme s'il s'agissait d'un verre d'eau. Mais Bruno l'arrêta dans son élan.

- Doucement, mademoiselle! exigea-t-il. Je ne voudrais pas avoir à vous porter au retour!

- Elle me plait bien, celle-là! déclara Lewis.

Le reste de la soirée se passa dans la même ambiance. Les gars semblaient avoir adopté Debby. Il avait été surpris de la voir s'intégrer aussi facilement. C'était comme si elle avait toujours fait parti de ce groupe. Elle leur avait même dit qu'ils étaient les bienvenus dans la maison quand ils le souhaitaient en sa présence.

De temps en temps Bruno cessait de bavarder pour l'observer. Elle n'était vraiment pas comme il l'imaginait. Il était persuade qu'elle était le genre de femme très raffinée, qui ne buvait que des boissons du genre vin ou champagne. Il ne l'aurait jamais imaginé faire un concours de cul sec avec Julio - qui soi dit en passant était un grand buveur et un pro du cul sec quel que soit la boisson et la quantité - et le battre deux fois d'affilées!

A sa quatrième chope, Bruno demanda à Lewis de ne plus lui servir. Elle s'en plaignit, prétextant tenir l'alcool, mais il fit fi de ses protestations. Au bout d'un moment elle se mit a faire des aller-retours aux toilettes pour se vider la vessie. Pas étonnant, avec toute la bières qu'elle avait bue! Bruno guettait le moindre signe d'ivresse, mais il n'en fut rien.

Julio chemina un moment avec eux au retour, prétextant avoir quelque chose a faire vers là. Bruno savait pertinemment que c'était faux, et qu'il voulait juste trainer encore avec Debby. D'ailleurs, il ne serait pas surpris que Julio passe à la maison tout le temps, maintenant que Debby l'y autorisait. Et il n'était pas à l'aise avec cette idée.

- Alors c'est vrai cette histoire? fit Julio à un moment. Que tu lui as proposé d'être ton amant et qu'il a refusé?

- Il vous a vraiment raconté? demanda Debby en se tournant vers Bruno, un peu gênée.

- Julio, tais-toi! intima Bruno

- Quoi? Demanda Julio. Je suis juste étonné que tu aies refusé! Quand tu nous en a parlé, je m'attendais à ce que ce soit une grosse femme laide, ou un truc du genre, mais non! Tu es d'une beauté à tomber par terre, ma chère! ajouta-t-il en se penchant vers Debby.

- Ouh! Merci! fit Debby en affichant un sourire charmant.

Cette ambiance ne plaisait absolument pas à Bruno. Non seulement il se sentais un peu mis a l'écart, mais en plus, il n'aimait pas voir Julio flirter ainsi avec Déborah. Pourtant ça aurait du le soulager! Si Déborah finissait par s'intéresser à Julio, elle le laisserait tranquille. N'est-ce pas ce qu'il voulait? En plus, ces deux là étaient faits pour s'entendre. Ils aimaient l'alcool, et le sexe sans attache. Le duo parfait en somme.

Mais non, il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas la manière dont Julio lui touchait le bras toutes les deux secondes, ni comment il passait son bras autour de ses épaules, encore moins sa façon de lui murmurer des trucs à l'oreille. Mais ce qui l'énervait le plus, c'était elle: qu'elle se laisse ainsi faire, qu'elle rigole à toutes ses blagues pourries, et surtout ses petits gloussements lorsqu'il lui chuchotait des trucs à l'oreille.

Ça lui coûtait vraiment cher de l'admettre, mais il était jaloux. Il se rendit compte qu'il était à la traîne. Il pressa donc le pas et les dépassa sans leur prêter attention. Au bout d'un moment ils atteignirent le sentier caillouteux qui menait à la maison, et ce n'est qu'à ce moment que Julio se décida à s'en aller. Bruno répondit à peine à sa salutation, et il refusa de ralentir le pas quand Debby le lui demanda. Elle dût courir pour le rattraper.

- Mais bon sang, Bruno! Ralentis! se plaignit Debby. Pourquoi tu te presse tant?

- Je dois me lever tôt demain, mentit-il.

- Vraiment? Et pourquoi ça?

- Des courses à faire.

- Menteur! Tu mens très mal. Et un pro comme moi dans le mensonge ne se fait pas avoir si facilement. Tu es fâché. Tu es jaloux, c'est ça? demanda-t-elle avec joie.

- Bien sûr que non!

- Bien sûr que si!

L'homme à tout faireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant