La cérémonie venait de se terminer. La réception aurait lieu dans une autre salle, mais avant, les jeunes mariés ainsi que les invités devaient se rendre dans une cour intérieur pour le lancer du bouquet. Debby refusa catégoriquement de se mettre avec les autres femmes célibataires pour attraper le bouquet.- Ce sont des foutaises, murmura-t-elle à Bruno pendant qu'ils rejoignaient la salle de réception. Je me souviens qu'au mariage de la soeur de Rose il y a deux ans, Émilie avait attrapé le bouquet. Et pourtant regarde là, aujourd'hui encore avec un nouveau bouquet, et toujours aucun prétendant.
- Tu sais que tu peux être méchante aussi quand tu t'y mets? demanda Bruno en pouffant de rire.
Les garçons et demoiselles d'honneur firent leur entrée en dansant, puis s'alignèrent de part et d'autre de l'allée jusqu'à la table des mariés, qui firent leur entrée quelques instants après, sous les applaudissements de l'assistance. S'en suivirent discours, petites anecdotes drôles, toasts, la découpe du gâteau, puis la première danse, initiée par les jeunes mariés.
La danse des mariés sonna le début des festivités. Les gens se dirigeaient peu à peu vers la piste de danse. Des rires éclataient de temps en temps, les gens discutaient paisiblement, commentant par moment des scènes de leur entourage, tout se passait bien! Seul inconvénient: ils étaient sur la même table que la tante Bertille. C'était une table de dix, et il y avait avec Bruno et elle le frère et la soeur de son père, ainsi que leurs familles.
Jusque là elle s'était contentée de faire de brèves présentations, et tatie Bertille s'était limitée à des échanges platoniques, mais elle savait que ce calme ne durerait pas. Déjà qu'Émilie cherchait par tous les moyens à attirer l'attention de Bruno! Par chance, elles étaient à l'autre bout de la table.
- Cher Bruno! commença Bertille, lançant ainsi les hostilités. Vu que ma très chère nièce adorée a essayé tant bien que mal de faire les présentations, pourquoi ne pas nous parler un peu de vous? Nous nous connaissons tous à cette table, mais vous êtes un nouveau visage, voyez-vous!?
Franck et Samson lancèrent un regard désolé à Bruno avec qui ils avaient sympathisé. Les regards étaient tous tournés vers lui. Il me regarda, un peu perdu, mais se reprit et lui répondit.
- Comme il vous plaira, madame!
- Parfait. Alors que faites vous dans la vie?
- Actuellement je suis employé par monsieur James McNamara pour prendre soin de sa maison de vacances.
- Vous... Employé? s'étonna-t-elle.
- C'est cela, madame!
- Et moi qui croyais qu'il était mannequin! se lamenta Émilie.
- N'avez-vous pas autre source de revenu? s'enquit Bertille.
- Non, pas en ce moment, répondit calmement Bruno.
Debby sentait le drame pointer. Elle avait envie d'intervenir, mais ne voulais pas mettre Bruno plus mal à l'aise.
- Et quel est votre lien avec mon frère? Comment se fait-il que vous soyez assis là par mis nous vu votre... votre...
- Tatie... voulut intervenir Debby.
- Mon statut? S'enquit Bruno en souriant, sans se départir de son calme. Je n'ai autre lien avec votre frère en dehors de celui qui lie employeur et employé. Si je suis ici, c'est parce-que Déborah m'a gentiment demander de l'accompagner vu que son père serait absent.
- Je vois! fit-elle avec un regard hautain. Et je suppose que c'est un de tes innombrables amants, Déborah! Je ne vois pas pourquoi tu te ferais accompagner de... Lui, sinon!
- Lui, au moins, a un travail, et gagne décemment sa vie. Pas comme certaines personnes qui vivent au crochet des autres, précise-t-elle en regardant à tour de rôle mère et enfants.
- Si nettoyer la maison des autres c'est gagner décemment sa vie!
- Fais attention, chère tante! Les qualités de Bruno ne se limitent pas à l'entretien de la maison, tu sais!
- Oui, je suppose qu'il doit pouvoir te combler au lit, vu que tu ne l'as pas jeté dès la première fois!
- Vu a quel point ma vie sexuelle semble te passionner, j'en déduis que la ménopause fais des ravages dans la tienne! Et laisse moi te dire que, si jamais ton époux employait Bruno chez vous, il te trouverait vite inutile parce-que je suis prête à parier qu'il tient mieux une maison et cuisine mieux que toi.
Le visage de Bertille devint livide. Son mari ne savait quoi faire, sentant la crise de colère pointer. Émilie ne lâchait pas Bruno des yeux, et quant à son jumeau... Il devait avoir fumé quelque chose, parce qu'il semblait dans un autre monde. Benjamin et sa femme gardaient un air impassible, bien qu'on devinait un léger sourire en coin qui illuminait leurs visages. Frank et Samson, eux pouffèrent avant de se ressaisir et d'arborer sans succès une mine sérieuse.
- Debby tu y vas un peu fort là! murmura Bruno en posant la main sur sa cuisse sous la table.
- Sale petite garce! pesta Bertille en haussant la voix. Comment oses-tu? Une dévergondée tel que toi ne peut pas savoir ce qu'est une vie au foyer. Alors ne viens pas me comparer à ton gigolo de domestique qui à mon avis n'en a qu'après ton argent. Sans ça je ne vois pas quel homme pourrait t'aimer assez pour vouloir t'épouser. Et s'il est assez idiot pour être tombé amoureux, ramène le sur terre, dis lui bien que Déborah McNamara n'aime personne. Mon cher Bruno, si elle s'intéresse à vous c'est parce-que vous avez un beau visage et quelque chose entre les jambes. Un minable domestique n'es pas...
- Assez! tonna Benjamin. Cesse de te donner ainsi en spectacle, Bertille!
Bertille avait touché un point sensible. Elle avait appuyé là où ça fait mal. Qui pourrait aimer une femme comme elle? Pourquoi Bruno s'intéresserait-il à elle? Non pas qu'elle le pense capable d'en vouloir à son argent, mais... Pourquoi un homme aussi génial voudrait d'une femme comme elle? Une dévergondée, comme disait si bien sa tante. Une femme que même sa propre famille méprisait. Elle sourit à Bertille.
- Tu te décide enfin à être honnête? demanda Debby. Je suppose que c'est parce-que mon père n'est pas là aujourd'hui que tu ose enfin me dire ce que tu pense vraiment de moi! Je commençais à désespérer de voir ce jour arriver! Sinon, tu as tout à fait raison, je ne peux pas te comparer à Bruno. On ne compare pas le charbon à l'or. Maintenant que tout est dit, nous allons prendre congés, avant que ma chère tante ne pique une crise...
- Attends! coupa Bruno en la retenant sur sa chaise. Je ne vous connais pas, commença Bruno à l'attention de Bertille. Je ne sais rien de votre vie, alors je ne peux me permettre de vous juger. Mais je ne suis pas d'accord avec vous. Il y a plein de personnes bien qui aiment Déborah. Et pas à cause de son argent. Et si vous vous ne l'aimez pas, alors dites vous que quelque chose est erroné dans votre jugement. Si pour vous être aimé c'est avoir un époux et des enfants qui ne daignent même pas lever le petit doigt pour vous défendre quand on s'en prend à vous, alors vous avez raison de penser que personne ne puisse aimer Déborah. Parce-que ce n'est pas de l'amour, ça, c'est juste une relation apparente. Déborah est exceptionnelle, et il faut être exceptionnel pour s'en rendre compte. Et je sais qu'elle est capable de donner plus d'amour que vous ne l'imaginez.
Personne ne pipa mot. Tante Bertille regardait Bruno et Debby avec rage. Mais elle ravala sa réplique devant le regard noir que lui avait lancé Benjamin. Debby se sentait mal. Pour la première fois ce qu'on disait d'elle l'avait atteinte. Pas qu'elle ait eu honte, mais elle avait peur. Que sa tante ait raison. Que personne ne l'aime jamais... Ou plutôt que Bruno ne l'aime jamais.
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L'homme à tout faire
RomanceDebby décide de partir s'installer pendant l'été dans la maison de vacances de sa famille pour éviter de croiser celui que son père aimerait la voir épouser. Elle y fait la connaissance de Bruno, ''l'homme à tout faire'' de la maison, et décide de l...