Chapitre 14

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Debby était restée toute la soirée chez Bruno. Il avait enfin accepté de la tutoyer et l'appeler par son prénom, et elle en était heureuse. Ça avait été difficile pour elle de se résigner à ne pas avoir ce qu'elle voulait, mais il le fallait. Et maintenant ils s'entendaient très bien. Il avait même ri deux fois au cours de la soirée, et Dieu que ce rire était beau! Non seulement il avait cette faussette qui se creusait sur sa joue droite quand il souriait et qui le rendait si craquant, mais en plus le son qui sortait était comme une douce mélodie à ses oreilles.

Il avait cuisiné et ils avaient mangé ensemble chez lui. Elle devait avouer qu'il cuisinait divinement bien. Sa sauce crème était juste à tomber!

- Où as-tu appris à cuisiner? demanda Debby pendant qu'ils mangeaient. C'est vraiment bon!

- Avec ma mère, répondit il entre deux bouchées. Je n'ai pas de soeur, juste un petit frère, et par conséquent mon frère et moi avons appris a faire tout ce que les filles ont à faire en général: cuisine, vaisselle, ménage...

- Alors tu as un petit frère! nota-t-elle. Et où est le reste de ta famille?

- Mes parents sont toujours ici, mais mon frère travaille en ville.

- Et que fait-il?

- Il tient un garage.

- C'est cool! Et vous vous voyez souvent?

- Avec mon frère, tous les premiers dimanches du mois, à la maison. C'est une sorte de tradition que ma mère a instaurée pour qu'on ne se perde pas de vue. Mais je peux rendre visite à mes parents quand j'en ai envie, ici c'est une minuscule ville!

- Donc dans deux semaines vous vous retrouverez?

- Oui, c'est exact.

Elle l'observa un moment avant de reprendre son repas en silence. Elle avait beau se répéter que tout allait bien maintenant, quelque chose la chiffonait. Bruno était distant avec elle, il ne la regardait jamais quand elle lui parlait, et répondait sans intonations dans la voix, comme s'il se sentait obligé de le faire. C'était toujours à elle d'engager la discussion, et de l'alimenter. C'est vrai que ça ne changeait pas de son attitude habituelle, mais elle sentait que quelque chose avait changé. Et pas comme elle s'y attendait, au contraire. Elle pensait qu'en cessant de le déranger il serait plus ouvert avec elle, mais il était encore plus fermé qu'avant.

Après avoir fini de manger elle l'aida à ranger la cuisine, et prit congés de lui. Elle se rendit dans la cave, sortit une bouteille de vin, prit un verre et s'en alla dans sa chambre. Elle se servit un verre, posa la bouteille sur la table de chevet, attrapa son téléphone et appela Rémy, la seule personne qu'elle considèrait vraiment comme son amie, sa conseillère, sa confidente, et accessoirement son assistante.

- Bonsoir Déborah, salua Rémy en décrochant. Comment allez-vous? Votre journée a-t-elle été comme vous vouliez? J'ai contacté l'agence de sécurité comme vous l'aviez demandé et...

- Rémy je n'appelle pas pour travail! la couppa Debby.

- Ah! fit Rémy. Que puis-je faire pour toi alors?

Rémy la vouvoyait toujours quand c'était dans un cadre professionnel, bien qu'elle lui ait dit que ce n'étais pas nécessaire. Mais Rémy avait insisté en disant que ça ne ferait pas professionnel devant les gens si elle la tutoyait au travail alors qu'elle était sa supérieure.

- C'est cette histoire avec Bruno. Je ne sais plus trop sur quel pied danser maintenant! se plaignit Debby.

- Qu'est-ce que tu as fait cette fois à ce pauvre Bruno? demanda Rémy avec un ton de reproche.

L'homme à tout faireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant