Chapitre 33

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- C'est moi! annonça Debby en entrant dans l'appartement de Bruno.

Elle fut accueillie par une bonne odeur de riz cantonnais. Elle balança ses chaussures dans un coin et laissa son sac dans un fauteuil avant de rejoindre Bruno à la cuisine. Elle l'enlaça par derrière avant de piquer un bout de saucisse.

Ça faisait six mois que Bruno s'était installé en ville et avait commencé son nouveau travail, et ça se passait plutôt bien! Un ancien professeur de dessin de l'école, membre du CA, avait décidé de reprendre du service affin d'accompagner Bruno, parce qu'il lui avait fait penser à lui-même, plus jeune.

Bruno avait refusé la demande des McNamara de venir vivre avec eux, et s'était obstiné à prendre un appartement pas trop loin de l'école. Debby faisait donc la navette entre la maison et son appartement. C'était comme si elle avait deux maisons, et les placards de Bruno contenaient aux deux-tiers ses affaires, bien que la plupart du temps elle portait ses habits à lui.

Bruno referma la casserole après y avoir rajouté les éléments restants, et se tourna pour lui faire face. Il la prit par la taille et l'embrassa.

- Tes chaussures sont encore dans le couloir? demanda Bruno, un air faussement sévère sur le visage.

- Mmm... Peut-être bien!? répondit-elle avec une petite voix.

Il roula des yeux et lui tira les joues.

- Combien de fois t'ais-je dit de les ranger?

- C'est que j'étais pressée de te prendre dans mes bras! Et faire le détour jusqu'à la chambre ce n'est pas du tout pratique!

- Mmm... Tu cherches à m'amadouer, là?

- Et ça marche?

- Je le crains, malheureusement!

- Génial!

Il l'embrassa rapidement avant de se retourner pour s'occuper du riz, et éteignit le feu. Il servit, et ils s'assirent pour manger.

- Il y a un client assez important qui est passé me voir dans mon bureau aujourd'hui, commença Debby. Et quand il a vu ton dessin sur le mur, il a demandé qui était l'artiste qui l'avait fait, et si je pouvais lui vendre.

- Et tu lui as répondu quoi?

- Je lui ai dit que je ne pouvais pas lui vendre celui-là, mais que je pouvais demander à l'artiste s'il pouvait lui en faire un autre.

- Intéressant!

- Alors, tu acceptes? s'enquit Debby. Il est prêt à payer pour tes dessins!

- C'est vrai que ça me plairait bien de gagner de l'argent en plus! Alors je pense que c'est faisable.

- Génial! s'écria Debby en tapant des mains. Tu verras, bientôt tu auras tellement de commandes que tu ne sauras plus où donner de la tête. Tu deviendras un...

- Hé! Calme toi, d'accord! Finis de manger avant de renverser ton plat, avec tous les gestes que tu fais!

- Désolée, c'est que je suis tout excitée... C'est fou!

- Il le veut pour quand, ce dessin?

- Il est en ville pour encore une semaine. L'idéal serait qu'il l'ait avant de partir.

- Très bien, alors! Tu t'occuperas de la transaction pour moi, d'accord?

- Comptes sur moi! Je lui vendrait très cher ton dessin.

- Haha pour ça...!

Plus tard, ils étaient allongés dans l'obscurité sur le canapé, en train de suivre un film tout en mangeant des chips. Bruno jouait avec les mèches de Debby. Et puis le téléphone de cette dernière sonna. Elle décrocha avec nonchalance

- Allô!

- Allô, Debby! fit la voix d'une de ses amies. Comment vas-tu?

- Je vais bien, et toi?

- je vais bien aussi. Demain on organise une soirée chez moi, ça te dirait de venir?

- Non, désolée, demain soir je suis déjà occupée.

- Ah, je vois! Bon, pas grave, une prochaine fois, alors!

- Peut-être.

- À plus!

Elle raccrocha et balança son téléphone dans un fauteuil.

- Tu peux y aller, tu sais! lui dit Bruno.

- Tu m'accompagnes?

- Je ne pense pas, non!

- Alors je n'irai pas.

- Tu ne dois pas abandonner tes loisirs à cause de moi hein! On a rien prévu pour demain soir, alors tu devrais y aller.

- Je prèfère être avec toi à ne rien faire qu'être toute seule à boire et me trémousser toute la nuit.

- Bon, très bien, alors!

Il la serra plus fort contre lui et posa un baiser sur sa tempe.

- Je t'aime, lui murmura-t-il.

- Je t'aime aussi, répondit-elle sans réfléchir.

- Pardon!? fit bruno après quelques secondes de silence. Qu'est-ce que tu as dit?

- J'ai dit je...

Elle l'avait dit! Elle lui avait dit qu'elle l'aimait! Elle avait enfin réussi à lui dire! Et ça lui était venu si naturellement qu'elle ne s'en était même pas rendue compte! Alors qu'elle avait essayé plus d'une fois de lui dire, sans y parvenir! Enfin elle arrivait à le lui rendre!

- Je t'aime aussi, répéta-t-elle, comme un test, avant de sourire et se retourner pour lui faire entièrement face. J'ai dit je t'aime!

- Tu as dit tu m'aimes! répéta-t-il, ému.

- Oui, je l'ai dit, je t'aime!

- Je t'aime aussi!

Il l'embrassa avec passion, comme s'il avait peur qu'elle s'envole, comme pour encrer profondément ce moment dans sa tête. Et a ce moment il sut que c'était elle qu'il lui fallait. Parce qu'il n'avait jamais été aussi heureux qu'à ce moment là. Il l'aimait, et elle l'aimait aussi. Ils s'aimaient, et ensemble ils pourraient tout supporter. Désormais ce n'était plus ''toi et moi''. Désormais c'était ''nous''.

L'homme à tout faireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant