Chapitre 20

463 39 1
                                    


Bruno fut surpris de ne plus trouver Debby en sortant de la salle de bain. Ce qu'elle avait à lui demander n'était vraiment pas important, alors! Tout en s'habillant il repensa à la discussion de tout à l'heure. Il avait pris la décision de tout faire pour devenir digne d'elle et la conquérir. Actuellement il n'avait vraiment rien à lui offrir, et il était bien conscient que la situation risquait de ne jamais changer, et même si ça venait à changer, il serait peut-être trop tard. Mais elle lui avait fait prendre conscience que c'était inutile de rester les bras croisés à se plaindre.

Il prit son carnet à dessin et quelques autres classeurs pleins de dessins et s'assit devant son bureau. Il se mit à les feuilleter, et à sélectionner quelques dessins qu'il jugeait bons. Il avait pris la décision de s'améliorer. Alors il allait tenter sa chance avec ce métier de professeur. Il se doutait qu'il avait moins de dix pourcent de chance de l'obtenir, mais il n'avait rien à perdre à essayer. Et si ça ne marchait pas, il trouverait bien une autre alternative. Il prit son téléphone et lança un appel.

- Allô! fit la voix fine d'Anaïs.

- Allô, euh... C'est Bruno. J'espère que je ne dérange pas!

- Non, tu ne dérange pas, ne t'en fais pas. Comment vas-tu?

- Bien, et toi?

- Je vais bien aussi. Alors, que puis-je pour toi?

- C'est à propos du poste dont tu m'avais parlé.

- Ah! Tu as pu parler à ton ami? Il accepte de me rencontrer?

- Oui, euh... Quand pense-tu pouvoir le rencontrer?

- Ce matin même, si possible! On pourrait prendre le petit déjeuner au café du lac? Disons... Dans une heure?

- Oui. C'est parfait, merci! A dans une heure alors!

Il raccrocha et rangea ses dessins puis mit ceux qu'il voulait montrer dans un porte-folio qu'il rangea dans son sac à dos. Il sortit de sa chambre, et se rendit dans la grande maison. Il alla cogner à la porte de Debby, mais n'eut aucune réponse. Elle dormait peut-être! Tant pis, il la verrait a son retour, pourvu qu'elle ne s'inquiète pas.

Plus tard, Anaïs le rejoignait à une table du café du lac, le sourire aux lèvres.

- Bruno! salua-t-elle. Comment vas-tu? Ton ami n'est pas encore là?

- Ah... Euh... En fait cet ami, c'est moi même, fit Bruno un peu gêné.

- C'est toi!? s'étonna Anaïs. Tu dessine et tu n'as rien dit avant!? Mais pourquoi!?

- En fait je... Je ne montre pas mes dessins d'habitude. Et je n'avais jamais vraiment songé à vivre de mes dessins. Mais certaines choses ont fait que j'ai envie d'évoluer dans la vie. Alors je me suis dit que j'allais tenter ma chance avec ce boulot de prof!

- Et ces choses ne se nommeraient pas McNamara par hasard? demanda-t-elle d'un air malicieux.

- Je... Mais pourquoi dis-tu ça? demanda Bruno en baissant la tête sur sa tasse de café.

- Mmm... OK! rigola Anaïs. Tu me montre ton travail? demanda-t-elle avec sérieux.

- Oui, bien sûr!

Il fouilla son sac et en sortit le porte-folio qu'il tendit à Anaïs. Cette dernière prit son temps, pour parcourir tous ses dessins un à un tout en sirotant son café, sans faire aucun commentaire ni laisser paraitre ce qu'elle en pensait. Près d'une vingtaine de minutes plus tard, le stress de Bruno était à son comble. Il avait reprit une tasse de café, et guettait le moindre signe d'appréciation de la part de son amie. Finalement elle referma le document et joignit les mais devant sa bouche. Elle lui sourit avant de dire

- Franchement, je trouve tes dessins... Fabuleux! J'aime vraiment!

Bruno se rendit compte qu'il avait retenu son souffle. Il souplira profondément d'aise et sourit à son tour.

- Merci!

- Je serais bien tentée de te donner le poste, mais je ne décide pas seule, surtout que tu n'as aucune expérience dans l'enseignement, et que tu ne respecte pas la plupart des critères. J'aimerais si possible, prendre quelques uns de tes dessins avec moi, histoire de les montrer au CA. En fin de compte la décision finale leur revient.

- Oui, bien sûr! Je peux te laisser le classeur, ça suffirait, tu crois?

- Oh! Bien sûr! C'est largement suffisant! Et je te promets, j'en prendrai soin, tu ne seras pas plagié.

- Ah euh... Je te fais confiance! Mais dis-moi, quand est-ce que je pourrai être fixé?

- Je vais essayer de parler au CA aujourd'hui ou demain, et je te reviendrai avec leur décision juste après

- Donc d'ici demain... Très bien! Je te remercie pour tout!

- Oh mais pas de quoi! Je suis là pour encourager les talents comme les tiens! Bien, maintenant que c'est fait, je vais devoir y aller, parce-que j'ai des courses à faire ce matin.

- Oui, bien sur! On garde le contact!

Elle posa un billet largement suffisant pour payer leurs deux consommations et plus encore, et s'en alla près qu'au pas de course. Il se sentit un peu gêné qu'elle paie sa part, mais ne pouvait plus refuser désormais. Il se promit de lui rendre la monnaie à leur prochaine rencontre.

Il quitta le café, mais ne voulait pas rentrer de sitôt. Étrangement, il appréhendait sa prochaine rencontre avec Debby. Que lui dirait-il pour ne pas paraitre complètement stupide devant elle? Il flâna un moment au bord du lac, avant de se décider à rendre visite à Julio.

Il l'appela d'abord pour voir sa position, puis le rejoignit dans son appartement. Julio avait passé la matinée à flemmarder, alors la venue de Bruno lui donna l'énergie et surtout les bras supplémentaires qu'il lui manquait pour faire le ménage. Et tout en faisant le ménage, Bruno lui raconta son quasi entretient d'embauche et sa soirée.

- Alors comme ça vous avez fini par coucher ensemble! nota Julio en jetant un emballage de chips.

- C'est tout ce que tu as retenu de ce que je viens de te raconter?! nota Bruno.

- Bah! C'est l'essentiel à mes yeux! Sinon bonne chance pour ce poste, même si l'obtenir signifierait que tu doive t'en aller.

- Mais ce serait un nouveau départ pour moi, la chance de devenir une meilleure version de moi même!

- Une version un peu plus friquée, tu veux dire? C'est à cause de Debby tout ça?

- Est-ce mal de vouloir avoir un peu plus d'argent? s'exaspéra Bruno.

- Debby n'est pas matérialiste, je te rappelle. Elle s'en fout que tu ne puisse pas l'emmener dans des restaurants chics!

- Certes, mais je suis sûre que gagner un peu plus ne peut être que bénéfique! Et... Supposons que je décide de me lancer. Comment je procède avec une femme qui ne s'intéresse pas aux sentiments?

- Eh bien... Pour entrer dans le lit de certaines femmes, il faut d'abord conquérir leur coeur. Disons que Debby c'est le contraire: Pour conquérir son coeur il faut d'abord entrer dans son lit!

- Alors tu me suggère de devenir son sextoy, affin d'espérer devenir son sextoy préféré?

- Et peut-être même son sextoy exclusif! ajouta-t-il avec malice.

- Peut-être mais...

- Et avec tes autres petites attentions, elle finira par fondre, j'en suis sûr!

- Je ne sais pas... Je doute.

- Mon pote, tu me désespère vraiment, là!

Après quelques heures supplémentaires à faire le ménage et ranger l'appartement, ils se commandèrent des pizzas qu'ils dégustèrent avec de la bière devant un match de foot. Étrangenent, Bruno retardait au maximum son retour à la maison.

Finalement, a vingt heures passées il se décida à rentrer. Il traina sur le chemin, si bien qu'il était presque vingt-et-une-une quand il arriva à la maison. Et quelle ne fut sa surprise quand il trouva Debby toute apprêtée devant sa porte. C'est vrai qu'elle voulait lui parler. C'était sans doute cette discussion qu'il redoutait autant.

L'homme à tout faireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant