Chapitre 6

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Bruno lui tint compagnie pendant qu'elle mangeait, et elle en profita pour en apprendre plus sur lui. Elle avait mal pris le fait qu'il repousse ainsi ses avances, et s'était même surprise à être un peu jalouse de Léna, mais ça lui était passé. Il lui avait donné ses raisons. Elle respectait son choix de vie, mais elle n'était pas prête à abandonner. C'était bien la première fois qu'un homme lui résistait. D'habitude ce sont les hommes qui lui couraient après.

- Quel âge as-tu? demanda-t-elle.

- Bientôt trente ans.

- Et comment t'es-tu retrouvé a être ''l'homme a tout faire'' de mon papa?

- Celui qui était là avant moi est un ami à mon père. Il m'a recommandé à votre père, et me voilà.

- Et tu as fait quoi comme études?

- Il n'y a pas beaucoup d'opportunités ici. Et lorsqu'on est d'origines modestes, si on n'est pas assez chanceux pour avoir une bourse, on s'arrête au bac, comme moi. J'ai effectué divers métiers depuis: jardinier, maitre nageur, ouvrier, plombier...

- Je vois. Et tu as une passion?

- Une passion... Pas vraiment, répondit-il évasivement.

- Comment ça, pas vraiment?

- Je n'en ai pas.

- Mmm... Je sais pas pourquoi, mais je ne te crois pas. Mais si tu ne veux pas me le dire, pas grave. Tu fais quoi ce soir?

- Je sors avec des amis, répondit-il en détournant le regard.

- Je peux venir? demanda-t-elle avec une moue suppliante.

- Je ne pense pas que... que vous apprécieriez la soirée. Vous avez sûrement l'habitude d'endroits chics et de personnes raffinées, et...

-Qui sait? Je pourrais m'amuser! déclara-t-elle tout excitée. Ça me ferait une expérience nouvelle. Et puis, je n'ai rien de mieux à faire! Si tu me laisse seule ici je m'ennuierais à mourir! Et si un cambrioleur venait et me kidnappait?

- Vous exagérez, là!

Elle lui fit son regard de chien battu, et il finit par céder.

- Bon très bien, vous pouvez venir. Soyez prête dans trente minutes.

Plus tard, il l'attendit dans le salon, et quand il la vit, elle crut qu'il allait s'évanouir, tellement il était pâle.

- Quoi? s'enquit-elle.

- Euh... Vous êtes bien trop apprêtée, mademoiselle! Nous allons juste boire une bière avec des amis dans un petit bar!

Elle avait porté une superbe robe de marque rouge, qui lui arrivait à mi-cuisses. Elle avait ajouté un assortiment de perles et des escarpins à talons aiguille noirs. Elle avait mit du fard à paupières, du rouge à lèvre sang, et du mascara.

Alors oui, elle se rendit compte qu'elle en avait trop fait. Lui même avait simplement enfilé un pantalon noir, une chemise turquoise dont il avait replié les manches sur ses avant-bras. Il avait mis des sandales en cuir noires. Bref, il était très simple.

Elle remonta rapidement se changer. Elle enfila un jean slim, un petit haut blanc qui laissait voir une bande de peau et des sandales à talons compensés. Elle nettoya rapidement son maquillage et passa du gloss. Elle troqua ses perles contre des créoles en or et un fin colier de la même matière. Enfin, elle défit son chignon et attrapa ses cheveux en une queue de cheval , laissant ainsi  trainer ses boucles.

- Comment je suis? demanda-t-elle en le rejoignant au salon.

- Belle, comme toujours, mademoiselle!

- Mais pas assez pour te faire changer d'avis, c'est ça? demanda-t-elle en souriant.

- C'est ça. On y va?

Il la laissa marcher devant lui jusqu'à sortir du bâtiment, puis ferma à clef après avoir activé l'alarme. Il se dirigea ensuite vers le portail, mais elle l'arrêta.

- On prends ma voiture! lui dit-elle.

- La Ferrari rouge flambant neuve?

- Elle est pas neuve, juste bien entretenue, mais celle là, oui.

- Je pense que c'est une mauvaise idée, fit-il en s'arrêtant et en enfonçant les mains dans ses poches.

- Et pourquoi ça? s'enquit-elle.

- Ça attirerait les regards sur nous inutilement, et tout le monde n'est pas bien intentionné.

- Alors quoi? On va marcher? s'horrifia-t-elle.

- Pourquoi? Mademoiselle a-t-elle  peur de se faire mal? se moqua-t-il.

- Mais... Ce n'est pas loin?

- Quelques kilomêtres, pas la mer à boire!

Elle était quand même sceptique. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de marcher...

- Une trentaine de minutes de marche environ, c'est pas grand chose! lui dit-il pour l'encourager.

- Mon Dieu! Tant que ça! s'écria-t-elle en écarquillant les yeux. On peut prendre l'autre voiture si la mienne est trop voyante!

- Allez! Faites pas la gamine! Ou peut-être préférez-vous rester? Dans ce cas...

Il reprit son chemin, faisant mine de l'abandonner là, et elle le rejoignit en courant, lui criant de l'attendre. Ils marchèrent en silence pendant cinq minutes, avant d'atteindre une voie principale.

- C'est encore loin? se plaignit-elle.

- Quoi? Vous êtes déjà fatiquée?! s'étonna-t-il.

- Oui! J'ai pas l'habitude de marcher, moi! J'ai deux voitures, et une moto, alors...

- Vous voulez que je vous porte, peut-être?

- Tu ferait ça? s'enquit-elle.

- Bien sûr! Et tant qu'on y est, je vais aussi mettre la clim en marche et vous faire cuire un oeuf! ironisa-t-il.

- Tu fais de l'ironie, c'est ça? comprit-elle.

- Oh! Mais c'est que vous êtes un génie en plus!... Aïe!

Elle venait de lui donner un coup de poing dans le bras. Il la regarda, surpris, et ils éclatèrent de rire. Le reste du trajet se fit avec de petits débats pendant lesquels elle le frappait dès qu'elle refusait d'admettre qu'il avait raison. Elle s'amusa tant qu'elle ne vit pas le temps passer.

- Aïe! Mais Arrêtez de me frapper! se plaingit-il alors qu'elle le frappait une énième fois. Je ne sens même plus mon bras!

- Bien fait pour toi, Na! répliqua-t-elle d'un ton enfantin.

- Nous sommes arrivés, annonça-t-il en s'arrêtant devant un petit bar assez calme.

- Déjà... Je veux dire: c'est pas trop tôt! se plaignit-elle.

Une faible musique et une lumière tamisée en sortait. Ils entrèrent dans l'établissement et Bruno se dirigea vers le comptoir où il salua le barman et un autre homme avec un grand sourire. Il semblait vraiment dans son élément, parce qu'il souriait sans cesse... Il venait même de rire. Et elle trouva ce rire magnifique...

L'homme à tout faireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant