Chapitre 5

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Le soleil avait entamé sa descente dans le ciel quand Bruno sortit de la dépendance. Il voulait éviter de croiser encore cette femme, ou plutôt ce virus qui le narguait. Elle l'avait embrassé! Il n'en revenait toujours pas qu'elle ait fait semblant de se noyer pour pouvoir l'embrasser!

Cette femme mettait vraiment ses nerfs à vif. Parce qu'elle lui plaisait. Vraiment beaucoup. Mais il n'était pas du genre a avoir de simples partenaires de sexe. Or il était évident qu'il ne pouvait pas y avoir de relation sérieuse avec cette femme. Elle était riche et belle, lui...

Il la retrouva endormie sur un transat, comme la veille. Il prit le temps de la contempler. Elle semblait si paisible. Pour une fois il n'y avait aucune expression sur son visage. Il n'avait jamais vu un visage aussi expressif. Il s'attarda sur ses lèvres. Des lèvres tellement douces! Il se remémora leur baiser, et eut envie de l'embrasser à nouveau. Mais il se retint.

Il admira le reste de son corps, ses seins, pas très gros, mais très beaux, son ventre plat, ses hanches rondes, ses longues jambes éfilées... Il remarqua un grain de beauté sur le dessus de sa cuisse droite, près du maillot de bain...

- La vue te plait-elle? demanda-t-elle, le surprenant ainsi.

Il se sentit mal à l'aise, elle venait de le surprendre en train de la reluquer. Il la vit sourire, un sourire satisfait, le même qu'elle avait quand elle a remarqué la veille qu'il bandait.

- Euh... Excusez-moi de vous avoir dérangée.

Il se retourna et s'en alla, mais elle le suivit.

- Attends, Bruno! Pourquoi tu t'excuse? Arrête de m'ignorer! cria-t-elle en voyant qu'il ne lui répondait pas. Bruno, attends! Je ne vais pas te manger!

Ils se retrouvèrent à la cuisine. Il se retourna enfin et lui fit face.

- C'est à cause de ce qui s'est passé cet après midi? demanda-t-elle. Je suis désolée, je n'aurais pas dû. Tu as dû vraiment t'inquièter pour moi. Je promets de ne plus refaire ça.

Il enfonça les mains dans ses poches et l'interrogea du regard. Il n'osait pas lui demander pour le baiser. Mais c'est comme si elle avait lu dans ses pensées.

- Mais je ne regrette absolument pas le baiser, par contre, précis a-t-elle en souriant. Tes lèvres sont d'une douceur!

- Arrêtez, s'il vous plait. Je vous ai déjà dit que je n'étais pas intéressé.

- Je ne te crois pas. Je sais que je te plais, c'est évident! La preuve, tu ne m'as pas tout de suite repoussée quand je t'ai embrassé. Tu m'as même embrassée en retour à un moment! Et hier j'ai bien vu que tu bandais, sauf si tu vas prétendre que tu cachais une banane dans ta culotte?

- Là n'est pas la question, mademoiselle. Je n'ai pas envie de vous servir de passe-temps, vous comprenez?

- Mais je... Tu ne serais pas un passe-temps!

- Ah non? Vous me demandez de coucher avec vous le temps que vous séjourniez ici, et quand vous repartirez chez vous vous oublierez jusqu'à mon existence. Comment qualifierirez-vous ça si ce n'est un passe temps?

- Mais... Nous sommes tous les deux gagnants dans cette histoire! Je ne vois pas où est le mal!

- Et qu'est-ce que je gagne, exactement? Si c'est juste le sexe, des femmes il y en a ici aussi!

- Oui, comme Léna, n'est-ce pas? s'emporta-t-elle.

- Comment vous...

- Tu sais quoi? le coup a-t-elle, laisse tomber.

Elle s'en alla aussitôt. Elle semblait vraiment fâchée. Mais n'avait-il pas dit vrai? Il devait paraitre un peu vieux-jeu, mais c'est ainsi qu'il voyait les choses. Sexe pour lui avait toujours rimé avec relation sérieuse. Et il ne pouvait pas s'attendre à une relation sérieuse avec Déborah.

A huit heures du soir, Bruno était en train de dîner, se demandant si elle avait décidé de ne plus sortir de sa chambre. Quand elle l'avait quitté, il l'avait entendue claquer la porte. S'il avait des doutes quant au fait qu'elle était fâchée, eh bien ils s'étaient envolés. Il se demanda si elle comptait partir. Il commença alors à s'inquiéter: et si elle allait demander a son père de le renvoyer? Comment se débrouillerait-il? Où irait-il?

Tout le reste de la soirée il n'avait pas arrêté d'y penser. Il devait s'excuser. Mais de quoi? Il ne voyait pas ce qu'il avait pu faire de mal! Et il n'était pas prêt à lui céder.

Il était à ça de ses réflexions quand elle le rejoignit à la cuisine. Il chercha une quelconque expression sur son visage, mais rien. Elle était parfaitement inexpressive. Elle avait enfilé un pantalon jean et un habit à bretelles blanc. Il hésita un instant avant de se lancer.

- Bonsoir, mademoiselle. Euh... Je vais réchauffer votre dîner.

- Merci, se content a-t-elle de dire.

Pendant que le micro-ondes tournait, il réfléchissait a ce qu'il allait pouvoir dire pour s'excuser.

- Écoutez, mademoiselle, je m'excuse si au cours de notre discussion précédente j'ai pu dire ou faire quoi que ce soit qui vous ait mise en colère. Ce n'était pas mon intention.

Elle ne dit rien, elle ne le regardait même pas. Elle jouait avec le fin bracelet en argent sur son poignet. Il se demanda alors s'il devait commencer à chercher un autre boulot et un appartement lorsqu'elle parla enfin.

- Tu m'as comparé à Léna, ma femme de ménage! fit-elle avec un ton de reproche.

- Mais... Non! Je n'ai jamais fait cela! se défendit-il.

- Si! Tu as dit que ce n'était pas les femmes qui manquaient, et je sais que tu couchais avec Léna. Peut-être même est-ce toujours le cas? C'est pour ça que tu me dis non, n'est-ce pas? Tu la trouve plus belle? Peut-être parce qu'elle a une plus grosse poitrine? demanda-t-elle.

A ce moment il eut l'impression de se trouver devant une enfant capricieuse, peut-être que c'est ce qu'elle était, une enfant capricieuse? Et à ce moment quelque chose lui dit qu'il n'avait pas à s'en faire pour son emploi.

- Mais comment vous... Bref, peu importe. Mais je ne suis plus avec Léna depuis un bon moment maintenant. Et ce n'est pas à cause d'elle que je vous ai dit non, tenta-t-il de la rassurer. Vous êtes de loin la plus belle, mademoiselle, et vous avez une poitrine parfaite, ajouta-t-il avec une voix douce.

- Tu le pense vraiment? demanda-t-elle. Ou tu dis ça juste pour me flatter?

- Je le pense vraiment. Et le fait que je vous ait dit non ne signifie pas que vous ne me plaisiez pas. Seulement accepter irait à l'encontre de mes principes!

- Ah! Tu es du genre romantique, c'est ça? demanda-t-elle d'un air amusé.

Il en était sûr, elle n'était plus fâchée, et ça lui fit plaisir.

- Si on veut, répondit-il en souriant.

- Tu sais sourire, alors? s'emerveilla-t-elle. Je commençais à perdre la foi! Et tu as des faussettes en plus!

- Je sais sourire, comme tout le monde, mademoiselle.! répondit Bruno.

- Sourit encore, s'il te plait! Tu es tellement mignon quand tu sourit! Et arrête avec ce ''mademoiselle''!

- Non, fit-il simplement, au grand désarroi de Debby.

L'homme à tout faireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant