Les lumières sont allumées à l'intérieur de la maison, éclairant le jardin d'une faible lueur. Je retiens mon souffle, à la seconde où nous passerons le portail, notre père sera en mesure de nous sentir et de nous entendre. Notre but n'est pas d'entrer dans la maison, juste qu'il sache que nous sommes là et qu'il nous suive jusque dans la forêt où tout se terminera.
Des exclamations nous parviennent, c'est une voix féminine vaguement familière. Je me tourner vers Aurèle, espérant que ses sens soient plus aiguisés que les miens et qu'il pourrait m'aider à comprendre ce qu'il se passe à l'intérieur. Mais son regard est obnubilé par une ombre tapie dans l'ombre, à quelques mètres de nous. Je manque de sursauter : quelqu'un est en train de nous observer et nous ne l'avions même pas remarqué.
Je réagis au quart de tour et me jette sur lui, oubliant que notre unique atout était l'effet de surprise. Mes doigts rencontrent une matière douce qui ressemble à de la fourrure animale. Je sens que mes ailes sortent dans mon dos tandis que j'envoie mon poings dans notre adversaire que je tiens fermement par les poils. L'animal, qui a vaguement une forme chacal, pousse un petit changement tandis que je frappe son museau.
La bête ne se défend pas alors que je n'arrête pas de frapper. Étonnée par son attitude presque respectueuse, mon poing reste en suspens à quelques centimètres d'une de ses oreilles. Une odeur de sang imprègne l'atmosphère, un mélange du sien, coulant par quelques petites coupures superficielles, et du mien, provenant des plaies de mon dos.
- Doucement, Summer, on pourrait nous entendre, la voix d'Aurèle est un murmure presque imperceptible.
Je ne lâche pas le chacal et le traîne à ma suite à travers la forêt. Il ne se débat pas et un semblant de sourire s'est formé sur ses lèvres. Sous le claire de lune, j'arrive à discerner son pelage sable et son regard est sombre, presque noir. Je reconnais alors l'odeur de bouse vache qui flotte autour de lui, pour l'avoir sentie il y a bien longtemps, avant même que je ne sortes avec Amory.
Le craquement des feuilles mortes derrière moi m'indique qu'au moins une des mes frères me suit. J'arrive dans la clairière et pose le chacal dans les hautes herbes. Il s'assied tranquillement sur son arrière train et me regarde avec de grands yeux malicieux.
Je m'accroupie face à lui et laisse mes ailes disparaître en serrant les dents en sentant chaque plume se frotter contre ma chair meurtrie.
T'étais la copine d'Amariel, pas vrai ?
La voix masculine résonne dans ma tête, l'animal est en train de me parler avec cette voix que j'ai l'impression d'avoir déjà entendue quelque part. Je lève les sourcils, surprise par sa question. De plus, personne ne m'avait appelé de cette manière depuis bien longtemps.
Oui, comment le sais-tu ?
Ma voix est aussi assurée que possible. Le sujet Amory est toujours douloureux et ne cessera jamais de l'être. Je songe alors que nous sommes en train de perdre un temps précieux et qu'il est possible que les jumeaux et les chasseurs de démons aient déjà attaqué le château.
Vous étiez ensemble, la dernière fois.
Une image apparaît alors dans mon esprit. C'est Amory, ses cheveux tombent sur son front et il est toujours aussi beau. Il se dirige droit sur moi, accompagnée par une version plus jeune de moi qui a l'air totalement affolée. Le regard acier de mon défunt amoureux est glacial et son visage est fermé.
Ils s'arrêtent devant moi et je ne peux m'empêcher de dévisager l'ancienne version de moi. J'étais belle, mes cheveux n'était pas aussi ternes et dans mes yeux brillait l'innocence. La main de Amory passe alors devant mes yeux, me forçant à la regarder, lui.
- Est-ce que tu as vu un garçon de dix-sept ans avec des cheveux noirs, des yeux verts et une veste de motard ? Demande-t-il.
Je réalise alors que c'était le jours où j'avais appris que Wayne était mon attache et qu'il avait disparu. Amory et moi l'avions retrouvé grâce à l'aide de...
- P't'être bien, grogné-je, d'une voix qui ne m'appartient pas.
Je suis de retour dans la prairie où le chacal ne m'a pas lâché du regard. J'essuie du revers de la main une larme sanglante qui avait coulée sur mes joues à la vue de Amory.
Tu te souviens de moi ?
La voix de l'homme est presque suppliante et je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire.
Tu nous avais aidé à retrouvé Wayne.
Je me souviens clairement de ce moment, Amory m'avait dit que cet homme était un métamorphe et je trouvais qu'il ne sentait pas bon. Le chacal pousse un semblant de soupire de soulagement avant de se rapprocher un peu de moi.
Une question me brûle alors les lèvres, et ma curiosité prend le dessus.
Qu'est-ce que Amory t'avait dit pour que tu changes d'avis ?
C'est un des mystère non-résolu de Amory qui tourne dans ma tête depuis sa mort. J'aimerais apprendre à le connaître, pour que, lorsqu'on se retrouvera, je puisse le reconnaître.
Que si je répondais à sa question, le fils préféré de Lilith lui devrait une faveur.
J'esquisse un sourire, c'est bien le genre de Amory de promettre des choses qu'il ne sera peut être jamais en mesure de réaliser. Il lui a ouvertement dévoilé son identité démoniaque que j'ai mis si longtemps à découvrir. Une pointe de jalousie m'envahit. C'est ridicule, mais je suis jalouse d'un homme de quarante balais.
Plus tard, nous nous sommes revus ici, et on est devenus amis. J'étais son espion parmis les métamorphes. Je devais le tenir au courant sur les avancés du projet de Lucifer. De son côté, il devait rallier le plus d'anges déchus possibles à notre cause. Un jour, il m'a dit que tu arrivais et qu'on ne pourrait plus se voir avant la dernière bataille. Depuis, sa mort, je continue le travail seul, attendant de te trouver pour qu'on en finisse.
Touchée par se révélations, je me laisse tomber sur le sol et serre le chacal contre moi. Nous avons une armée derrière nous, cette seule pensée me rassure. De plus, Amory avait tout prévu, il nous laisse son héritage.
Plus déterminée que jamais, je lâche la bête et me relève. Désormais, j'ai la certitude que nous gagnerons, grâce à Amory.
- Rassemble tous ceux qui sont ralliés à notre cause et divise le groupe en deux. Tu en enverra une moitié ici, dans cette clairière, et l'autre au château de Lucifer où se trouvent les jumeaux De Montorgueil avec quelques chasseurs de démons. Ordonné-je. Coordonne les attaques, de manière à ce que vous nous rejoigniez dans une demi-heure."
Mon propre ton m'étonne. Ce n'est plus celui d'une fille de seize ans, il appartient à une femme. Le chacal hoche la tête avant de disparaître dans la forêt, dans un bruissement de feuilles mortes.
Je me tourne vers Aurèle, qui n'a pas pu suivre notre échange mental, mais qui vient d'entendre tout ce que je viens de dire. Un sourire flotte sur ses lèvres et toute inquiétude a disparu de ses yeux bleus.
- Que le combat commence, déclaré-je.
***
Voilà pour ce chapitre !
J'espère qu'il vous a plu : )
Vous vous rappeliez du métamorphes ? Et vous pensiez que c'était lui ?
A plus tard !
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I WAS NOBODY
FantasySummer pensait être humaine. Et lui rêvait de la rencontrer. Une fille. Un démon. Une histoire. "Tout amour fait toujours une mauvaise fin. D'autant plus mauvaise qu'il était plus divin." Charles Baudelaire. #1 dans fantastique le 3/11/2019 #1...