Chapitre 35

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 Astrid me sourit avant de lever les yeux au ciel, pour réfléchir visiblement, étant donné ses sourcils froncés. Elle finit par re-diriger son attention sur moi.

- Faut qu'on y aille, annonce-t-elle.

Je n'ai même pas le temps de lui répondre qu'elle part courant dans le couloir, ses pas résonnant sur le sol de pierres. Je la suis, me sentant molle après trois moi passés sans bouger et sans manger. Si je n'étais pas un ange déchu, je serais morte à l'heure qu'il est. Nous passons dans la salle à manger et Astrid me lance un régime de bananes qu'elle a attrapé en passant. Je l'attrape d'une mains et enfourne, un à un, les fruits dans ma bouche. Une énergie nouvelle prend place en moi et j'accélère jusqu'à rattraper ma meilleure amie.

Nous sortons du château et prenons un sentier qui descend sur le flanc de la montagne. J'aurais bien envie de voler jusqu'au lac des sirènes, qu'on remarque au loin car les derniers rayons du soleil se reflètent dessus; mais malheureusement, Astrid est une sirène et ne peut donc pas voler. Mais je pense être capable de la porter

Ni une, ni deux, je passe mon sac à dos contre mon ventre et repense à la mort de Amory. C'est mon souvenir qui fait le plus mal, celui qui fera désormais sortir mes ailes, pour toujours. Je ne sens même plus la douleur, seulement le contact familier des plumes contre les plaies. Sans qu'Astrid comprenne ce qui lui arrive, je la prends par les aisselles et m'envole avec elle. Elle commence à se débattre dans tous les sens, mais je ne la lâche pas.

- Mais t'es complètement malade ! S'exclame-t-elle. Le deuil te réussit pas, ma pauvre !

Sa voix ressemblant à celle d'une hystérique me fait étouffer un petit rire.

- C'est plus rapide, grogné-je.

- Mouais, mais moins confortable et plus humiliant.

Si nous étions encore au lycée, cette position de faiblesse ferait d'elle la risée des adolescents. Mais nous n'y sommes plus et je doute qu'on y retourne un jour.

- Tu devrais être honorée qu'une des attaches de Lucifer te porte.

- Tu sais que je suis aussi une des attache de Lucifer.

Je manque de la laisser tomber. Bien sûr, elle est l'attache de Céleste, qui est l'attache de Estevan, qui est l'attache de Lilith, qui est l'attache de Lucifer.

La sensation du vent sur mon visage m'avait manqué, je m'en rends compte désormais.

Le lac se rapproche, d'ici on dirait que sa surface est recouverte de milliards de diamants. P, J'ai même l'impression d'y voir des formes mouvantes. Des sirènes...

Je nous pose doucement sur la berge et regarde l'étendue d'eau, intriguée. Astrid, quand à elle, se dirige droit dans l'eau en prenant soin de laisser son sac à dos sur le sable. Je la regarde s'éloigner peu à peu, sans prendre la peine de la retenir : elle sait ce qu'elle fait, on est chez elle. Plusieurs formes humanoïdes émergent de l'eau.

Je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux devant leur beauté, de longs cheveux blonds, des yeux bleus et des nez fins. Physiquement, elles ne ressemblent pas du tout à Astrid. Je m'allonge sur le sable chaud et regarde le ciel qui a pris des teintes violettes. Cela faisait trop longtemps que je n'étais pas sortie...

Les sirènes entament alors une discussion que je ne peux m'empêcher d'écouter mais seulement des bribes me parviennent.

- S'il vient, nous ferons ce que nous avons envie de fair et tu ne nous feras pas changer d'avis Astridia, déclare une des sirènes.

- Vous le suivriez ? S'étonne mon amie.

- On fera ce qu'on veut et ça ne te concerne plus, répond sèchement une autre.

I WAS NOBODYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant