Chapitre 40

882 58 2
                                    

Je pousse la porte de la maison de mon père, l'intérieur n'a pas changé depuis la dernière fois que j'y ai mis les pieds. Mon coeur bat la chamade, dans quinze minutes, les renforts arriveront. D'ici-là, il faut que notre père se trouve dans la clairière et que nous soyons toujours vivant.

Je me dirige droit dans la salle à manger, mes pas résonnent sur le parquet fraîchement ciré. Notre père y est attablé, en compagnie de Samaël. Un cri de stupeur se meurt dans ma gorge : il n'était pas censé être là. J'étais tellement obnubilée par sa destruction que je n'avais pas senti la présence du démon séducteur.

Ils se tournent tous deux vers nous. Lorsqu'il aperçoit ses fils notre père sourit avec un air de fierté. Une fierté paternelle dont il devrait bien profiter car je vais la lui enlever d'une minute à l'autre. Mais un autre problème me tracasse. Il a des cheveux rouges et une beauté ravageuse.

On suit le plan, je m'occupe de Samaël. Ordonné-je à mes frères, sans quitter du regard notre nouvel adversaire.

Il se mord la lèvre, me dévorant du regard. Je ne peux m'empêcher de penser au plaisir de lui casser la gueule.

- Mes chers enfants, commence Manuel, que me vaut la réjouissance de votre présence ?

Son ton est arrogant.

- You're a dead man, déclare calmement Aurèle.

- I don't think so, ricane Samaël.

Ce dernier passe un main dans ses cheveux rouges, écartant une mèche qui était tombée sur son visage pâle.

- Je ne pensais pas qu'un de mes enfants serait aussi puissant, répond simplement mon père.

- Surtout en voyant le rang qu'avait votre mère, se moque le fils de Lucifer.- 

- Shut the fuck up ! M'écrié-je en me jetant sur lui.

Mais il est plus rapide que moi et se décale d'un mètre, mais forçant à atterrir souplement sur le sol. Du coin de l'oeil, je vois que mes frères ont déjà réussi à entraîner Manuel hors de la maison. Rassérénée par cette idée, je me plante face à Samaël. Ce connard a insulté ma mère et je compte bien le lui faire regretter.

Mes ailes explosent littéralement la fine peau qui couvre mes cicatrices dorsales. Un sentiment de puissance se répand dans tout mon corps alors que des gouttes de sang éclaboussent la baie vitrée à côté de moi. Le visage de Samaël se tord en un rictus douloureux et ses ailes sortent à leur tour. Elles sont beaucoup plus longues que les miennes et leur poussée doit être beaucoup plus douloureuse.

Nous nous dévisageons. Pendant quelques secondes personne ne bouge et le seul son qu'on entend est le sang qui goutte de nos vêtements déchirés. Je n'ai aucune idée de la manière dont je vais m'y prendre pour terrasser un monstre comme lui. Ses yeux argentés me scrutent, s'attendant à une seconde attaque que ne vient pas. Pourquoi son regard doit-il autant ressembler à celui d'Amory ?

- Tu ne sais pas comment t'y prendre pour me combattre, pas vrai ? Devine-t-il, un sourire arrogant aux lèvres.

- Non, mens-je, je réfléchis à comment annoncer ta mort à Estevan et Céleste.

Il pousse un cri de rage qui fait trembler la maison toute entière avant de s'élever à quelques centimètres du sol. Sa beauté n'enlève rien au fait qu'il est absolument terrifiant. Je m'envole à sa hauteur et, suivant mon instinct, me dirige droit sur lui. La meilleure défense est l'attaque. Je prends un maximum de vitesse sur les trois mètres qui nous séparent et le heurte violemment en pleine poitrine. Il pousse un petit cri de surprise tandis que nous heurtons le sol.

Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, je me mets à califourchon au dessus de lui et martèle son visage avec mes poings. J'essaye de frapper le plus fort possible, mon salut est qu'il perde connaissance après ce semblant de combat. Mais il s'échappe de ma prise précaire sans aucun effort et attrape mes poings dans ses grandes mains.

Incapable de faire le moindre mouvement, je pousse un grognement de douleur. Il se lève et met tellement de pression sur mes bras que j'ai l'impression qu'ils vont exploser. Je me retrouve donc à genoux devant lui. Des larmes de rage dévalent le long de mes joues.

- Summer Edwards, pensais-tu vraiment avoir une chance contre moi ? Se moque-t-il.

- Même un humain réussirait à te battre, rétorqué-je. Ta seule force est ta beauté et je doute qu'elle te soit utile lors d'un combat.

- Voyez-vous ça...

Son sourire s'est agrandi et son visage se rapproche beaucoup trop vite du mien, son souffle heurte mes lèvres à chacune de ses expirations. Je suis parcourue par un frisson de dégoût tandis que son haleine fraîche vient chatouiller mes narines.

-Tu crois vraiment que ma beauté ne m'est pas utile lors des combats ? Souffle-t-il.

- J'en suis sûre, ma voix acide ne laisse transparaître aucun de mes doutes.

Il me regarde, surpris que même dans une telle position de faiblesse j'arrive encore à lui tenir tête. Je lève le bassin, de manière à ce que mes jambes puissent passer sous mon corps, et balance mes deux pieds dans sa direction espérant heurter ses bijoux de famille.

Tentative réussie car il me lâche en poussant un juron. Je profite de ce moment d'inattention pour m'envoler vers la baie vitré, les pieds devant, brisant la vitre, je m'enfuis dans la nuit.

A peine ai-je survolé le jardin que Samaël m'attrape le pied. J'essaye de me dégager, mais ses ongles s'enfoncent dans ma chair, un liquide chaud coule dans ma chaussure et la panique m'envahit. Je vais mourir ce soir, Samaël est beaucoup trop puissant.

Dans un battement d'ailes désespéré, j'essaye de me détacher, mais de son autre main, il attrape mes ailes. Je suis donc suspendue dans le vide, tenue par un démon supérieur. Une pensée me traverse alors l'esprit : je ne peux pas mourir, pas tant que Wayne est toujours vivant.

Dans un ultime effort, je plonge mes mains dans les cheveux rouges de mon ennemi et tire de toutes mes forces en arrachant une poignée. Il pousse un cri de douleur et desserre sa prise sur mes ailes. Je me dégage donc et file le plus loin possible de lui.

J'aperçois alors cinq silhouettes inconnues qui volent jusqu'à nous. Tellement d'espoir se dégage d'elles tandis qu'elles passent à côté de moi. Un garçon blond me fait un clin d'oeil. Des anges déchus... Les renforts sont arrivés !

***

Voilà pour ce chapitre ! 

J'espère qu'il vous a plu : ) 

La suite demain ; ) 

I WAS NOBODYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant